Filtrer
Flammarion
-
Armes de destruction massive, pollution, extinction démographique : tout ce qui menace l'homme en tant qu'espèce vivante ne fait plus de doute. Mais il existe des facteurs qui viennent de l'homme lui-même, visant à saper son humanité propre. Ces facteurs ont beau être plus difficiles à saisir, c'est eux que Rémi Brague tâche de repérer à travers une analyse fulgurante et radicale de l'idée d'humanisme.
Car il ne s'agit plus de savoir comment nous pouvons promouvoir la valeur homme et ce qui est humain, en luttant contre toutes les figures de l'inhumain. Il s'agit désormais de savoir s'il faut vraiment promouvoir un tel humanisme. C'est l'humanisme lui-même qui est mis à mal. Ce phénomène récent, Rémi Brague en aperçoit des signes avant-coureurs dans trois oeuvres majeures du XXe siècle, celle du poète russe Alexandre Blok, qui écrivait à l'ère de la révolution d'Octobre, et, plus près de nous, celles des philosophes Michel Foucault et Hans Blumenberg.
Nous ne pouvons plus nous bercer d'illusions. Il est facile de prêcher un humanisme réduit aux règles du vivre-ensemble, mais comment le fonder ? La pensée moderne est à court d'arguments pour justifier l'existence même des hommes. En cherchant à bâtir sur son propre sol, à l'exclusion de tout ce qui transcende l'humain, nature ou Dieu, elle se prive de son point d'Archimède. Est-ce une façon de dire que le projet athée des temps modernes a échoué ? C'est au lecteur d'en juger.
-
Après la tragédie, la farce ! ou comment l'Histoire se répète
Slavoj Zizek
- Flammarion
- Bibliotheque Des Savoirs
- 12 Janvier 2010
- 9782081232198
Des milliards de dollars ont été déversés au coeur du système bancaire mondial, mais pourquoi n'avoir pas employé ces mêmes forces pour éradiquer la misère du monde et conjurer la crise environnementale? " Nous faut-il une autre preuve, demande Zizek, que le Capital est devenu le Réel de nos vies, un Réel dont les impératifs l'emportent en despotisme sur les plus pressantes exigences de notre réalité? " Analysant l'implosion soudaine de la sphère financière, Zizek souligne, à la suite de Hegel, Marx et Marcuse, que la répétition de la tragédie sous forme de farce est parfois plus terrifiante que la tragédie initiale. " Le philosophe le plus dangereux d'Occident " passe au crible l'envahissante vision libérale du monde, cette idéologie qui nous fait croire en un lien naturel entre capitalisme et démocratie, se déguise sous les oripeaux libertaires du pseudo-esprit de 68 qu'elle a parfaitement intégré, et nous raconte des histoires semblables à la saga populiste, " humaine, trop humaine ", d'un Berlusconi. A ceux qui se résignent à l'alternative entre un capitalisme " socialiste " à l'occidentale et un capitalisme " autoritaire " à l'asiatique, Zizek rappelle qu'il existe une autre voie: il évoque la leçon de Lénine - " commencer à partir du commencement, encore et encore " -, questionne les thèses de Négri sur les multitudes agissantes au sein de la sphère sociale globalisée et considère la position de Badiou pour qui le communisme reste un ultime - et peut-être indépassable - horizon. Après la tragédie, la farce! est un appel tonique aux forces de gauche pour qu'elles se réinventent.
-
La subsistance de l'homme
Karl Polanyi
- Flammarion
- Bibliotheque Des Savoirs
- 25 Octobre 2011
- 9782081229105
Penseur majeur de l´économie de marché et historien du libéralisme, Karl Polanyi reste l´un des rares théoriciens capables de nous aider à comprendre la nature du libéralisme en économie et à reconnaître les limites actuelles de nos démocraties. La Subsistance de l´homme - ouvrage inachevé paru aux États-Unis en 1977, et enfin disponible en français - prolonge et complète son oeuvre magistrale, La Grande Transformation. Polanyi y formulait une critique de l´utopie libérale du XIXe siècle à l´origine du mouvement social d´autoprotection, de l´« État providence », aujourd´hui encore fortement menacé.
En prenant le parti d´analyser la subsistance de l´homme sur une très longue période historique, Polanyi offre ici une interprétation originale de la nature et des racines de l´économisme contemporain. L´économie des sociétés primitives, de la vieille Babylone, de l´Égypte ancienne et du royaume du Dahomey au XVIIIe siècle permet de repenser l´universalité et la spécificité des relations sociales et des modes d´« encastrement » de l´économie au sein de la société.
Dans la Grèce antique, le commerce extérieur, les usages de la monnaie et l´émergence de marchés à l´échelle locale ou méditerranéenne sont autant d´exemples où l´échange était subordonné à la réciprocité et à la redistribution et où l´économie était étroitement liée au politique.
Derrière ce travail de recherche, exigeant et exceptionnel, se déploie l´une des grandes pensées humanistes du XXe siècle, aujourd´hui indispensable pour desserrer l´emprise que la logique libérale exerce sur notre représentation de l´économie et du monde.
-
Philosophie des salles obscures
Stanley Cavell
- Flammarion
- Bibliotheque Des Savoirs
- 5 Mars 2011
- 9782081205222
Ce livre-somme, qui rassemble les cours de Cavell à ses étudiants de Harvard, convoque toute l'histoire de la philosophie, de Platon à Nietzsche. C'est de philosophie morale qu'il s'agit ici : qu'est-ce que la vie bonne, qu'est-ce que le bonheur ? qu'est-ce qui nous rend meilleurs ? Cette philosophie, que Cavell baptise « perfectionnisme » d'après le philosophe américain Emerson, trouve une brillante illustration dans les comédies de l'âge d'or américain, ces screwball comedies que Woody Allen appelle les « tuxedo movies » parce qu'ils élèvent le spectateur au plaisir de la conversation et subliment les tracas du quotidien en réflexions morales sur ce qu'il est juste de faire ou pas. A chaque chapitre de philosophie répond donc un chapitre cinématographique, dans lequel Cavell décrit et analyse avec brio la morale des grands classiques du cinéma américain.
-
Maintenant la finitude ; peut-on penser l'absolu?
Michel Bitbol
- Flammarion
- Bibliotheque Des Savoirs
- 13 Février 2019
- 9782081452091
Depuis plusieurs années, les «nouveaux réalismes» sont au coeur d'un vif débat philosophique. Ce livre y prend part en faisant la critique de l'une de leurs principales variétés, le «matérialisme spéculatif» de Quentin Meillassoux (auteur, en 2006, de Après la finitude). Il s'oppose à cette doctrine sur trois points.Loin d'être un «étrange savoir» de philosophes ignorant les sciences, l'idée que les connaissances sont relatives au langage, à l'action et à la situation - voire à ce que l'on vit à présent - est la clé pour comprendre les théories physiques.Loin de valoir «indépendamment des chercheurs», les faits «ancestraux» dont aucun être humain n'a pu être le témoin (comme le Big Bang) n'acquièrent leur sens que relativement à la recherche actuelle de leurs traces.Loin d'être pensable, l'absolu demeure dans l'angle mort du savoir rationnel. L'absolu n'a d'ailleurs pas besoin d'être pensé pour être envisagé ; il se manifeste comme un saisissement silencieux, comme le choc de percevoir à l'instant la souveraine contingence de ce qu'il y a. En voulant réfuter le constat kantien de la finitude humaine, le matérialisme spéculatif débouche ainsi, contre son gré, sur une finitude plus extrême encore : celle de l'expérience présente singulière.Par sa critique épistémologique, Michel Bitbol rétablit la réflexion philosophique contemporaine sur des bases sûres. Il montre que nulle spéculation, métaphysique ou post-métaphysique, ne peut prétendre à la connaissance. Et il confie l'absolu à l'ouverture contemplative.
-
La conscience a-t-elle une origine ? des neurosciences à la pleine conscience : une nouvelle approche de l'esprit
Michel Bitbol
- Flammarion
- Bibliotheque Des Savoirs
- 5 Février 2014
- 9782081330085
Propose une nouvelle approche de la relation entre l'esprit et le corps. L'auteur s'interroge sur le fait de réduire la conscience à un processus neuronal. Il en appelle au lecteur lui-même et l'invite à devenir le protagoniste de l'enquête en tant que sujet rationnel et acteur capable de s'apercevoir de son propre état de conscience à chaque étape de l'argumentation.
-
Metastases du jouir ; des femmes et de la causalité
Slavoj Zizek
- Flammarion
- Bibliotheque Des Savoirs
- 15 Janvier 2014
- 9782082105828
Quel est notre rapport au plaisir, à la jouissance, à l'addiction (l'excès de jouissance affiché)? Ce volume, qui reprend plusieurs textes de Slavoj Zizek consacrés à la psychanalyse, répond à ces questions en trois volets. La première partie, «L'objet sublime de l'idéologie», tient lieu de clarification conceptuelle introductive:elle commence par une lecture politique détaillée du «graphe du désir» de Lacan et débouche sur la description du surmoi obscène qui, sous-tendant la Loi symbolique, forme l'armature du lien social. La deuxième partie, «Des impasses féminines», analyse les paradoxes des rapports sexuels grâce au prisme de trois films exemplaires:The Crying Game de Neil Jordan, M. Butterfly de David Cronenberg et Blue Velvet de David Lynch. La troisième et dernière partie, «Du jouis-sens idéologique», s'attache aux modalités de la jouissance obscène en littérature, au cinéma et dans l'idéologie populaire, du Procès de Kafka à l'impact de la catastrophe de Tchernobyl.
-
Pharmacologie du Front National ; vocabulaire d'Ars Industrialis
Bernard Stiegler, Victor Petit
- Flammarion
- Bibliotheque Des Savoirs
- 22 Mars 2013
- 9782081284616
Lorsqu'une société souffre d'une façon qu'elle ne parvient ni à expliquer ni à soigner, elle se met à persécuter un bouc émissaire ? et c'est d'abord en ce sens que nous parlons d'une « pharmacologie du Front national ». Mais s'il est vrai que les 37 % de Français qui déclaraient partager les idées du Front national quatre jours avant l'élection de François Hollande souffrent d'une maladie qui frappe l'époque tout entière ? souffrance qui les pousse à chercher des exutoires à cette maladie qui n'est pas seulement la leur, exutoires qu'ils trouvent dans ceux qu'ils désignent comme boucs émissaires ? , la pharmacologie du Front national est aussi ce qui consiste à analyser les raisons pour lesquelles la plupart du temps, ceux qui prétendent combattre cette maladie et ses effets, et ses effets en particulier sur les électeurs ou les sympathisants du Front national, désignent ces derniers eux-mêmes comme des boucs émissaires, se dédouanant ainsi de lutter contre la bêtise, contre la leur en propre et contre ses causes, et désignant en général dans ces boucs émissaires-là à la fois les représentants typiques et les causes de la bêtise de l'époque. Faire en sorte que celui qui souffre et qui est malade soit accusé d'être la cause de sa maladie, et de contaminer les autres telle une brebis galeuse : tel est le mécanisme de désignation du bouc émissaire que les électeurs et sympathisants du Front national partagent avec ceux qui les traitent à leur tour comme des boucs émissaires. Et telle est leur commune bêtise.
Cet essai est suivi du Vocabulaire d'Ars Industrialis, écrit par Victor Petit.
Adaptation Studio Flammarion. Graphisme : Atelier Michel Bouvet
-
Un humanisme de la diversité ; essai sur la décolonisation des identités
Alain Renaut
- Flammarion
- Bibliotheque Des Savoirs
- 6 Novembre 2009
- 9782082104975
Élever la diversité au rang de concept philosophique pour échapper à ce qu'a trop souvent de confus et d'idéologique le débat en cours, aussi bien en France qu'en Amérique du Nord : tel est l'objectif de ce livre, dont l'enjeu est bien de savoir «comment vivre ensemble avec nos différences» culturelles, religieuses, ethniques ou sexuées. Alain Renaut montre de quelle manière la notion de diversité, jusqu'ici peu précise, s'est construite sur fond de repentance de la conscience moderne à l'égard de l'assimilationnisme colonial. Questionnant un idéal républicain trop souvent enclin à identifier comme «meurtrière» toute valorisation de la diversité humaine, il renouvelle la discussion politique et éthique sur l'universalisme. L'exploration de ces paramètres complexes de la diversité que sont la culture et la sexualité ouvre ici sur un «humanisme de la diversité» réconciliant la représentation de l'autre comme un semblable et la perception du divers comme une richesse. Ni retour à un humanisme abstrait, ni culte d'une diversité fermée à l'universel. Dialoguant avec Édouard Glissant sur la créolisation des cultures ; discutant, chez Judith Butler notamment, les éloges les plus extrêmes du divers comme tel, Alain Renaut mène ici une enquête intellectuelle aussi claire que vigoureuse : «Jusqu'où le discours identitaire et celui de l'appartenance à une culture ou à un groupe quelconque peut-il se déployer au sein des démocraties modernes sans assigner aux individus des identités semblables à celles qui caractérisaient les sociétés traditionnelles et sans le risque d'un ré-enracinement en des lieux et en des histoires dont ils voudraient, en tant qu'individus, s'arracher ?»
-
Théorie du film ; la rédemption de la réalité matérielle
Siegfried Kracauer
- Flammarion
- Bibliotheque Des Savoirs
- 24 Avril 2010
- 9782081211766
Siegfried Kracauer (1889-1966) apparaît aujourd'hui comme l'un des intellectuels les plus originaux issus de la République de Weimar.
À la fois philosophe, romancier, journaliste, sociologue et historien, il fut également un critique et théoricien reconnu du cinéma. Contraint à l'exil en 1933, il se réfugia en France puis aux États-Unis, où son grand ouvrage Théorie du film parut finalement en 1960. Kracauer y élabore une "esthétique matérielle" du cinéma en partant des propriétés intrinsèques du médium, de son affinité avec la vie quotidienne, mais aussi avec la réalité historique et ses images de violence et d'horreur.
Il met également en lumière les modes de narration spécifiques, tels l'histoire trouvée ou l'épisode, dont le film est porteur. Le livre, qui forme de fait un diptyque avec son travail suivant sur L'Histoire (1969), anticipe les interrogations actuelles sur les rapports entre le cinéma, l'histoire et la mémoire. Grand classique dans le monde anglo-saxon, cette somme érudite est aussi un diagnostic sur notre condition historique, une réflexion sur la barbarie du xxe siècle et constitue "une esthétique du film après Auschwitz".
-
De l'intérieur du monde ; pour une philosophie et une science des relations
Michel Bitbol
- Flammarion
- Bibliotheque Des Savoirs
- 12 Février 2010
- 9782082112406
Michel Bitbol repense dans ce livre la théorie de la connaissance pour l'adapter aux découvertes de la science du XXe siècle.
La physique contemporaine rend cette démarche nécessaire: elle porte de moins en moins sur des choses et de plus en plus sur des relations. Si bien que l'image baroque de relations flottant en l'air sans appui sur les choses, d'un "sourire de chat sans chat" pour paraphraser Lewis Carroll, se fait jour de manière insistante. Comment comprendre des relations qui préexistent aux objets ou aux propriétés qu'elles unissent? Une analogie est mobilisée pour élucider ce mystère: si la droite et la gauche se définissent par leur relation mutuelle, c'est que cette relation est orientée à son tour relativement à notre corps.
Ici, comme en physique quantique, seul un supplément de philosophie relationnelle permet de résoudre les énigmes des relations. Seule la reconnaissance de notre situation à l'intérieur du réseau interconnecté du monde lève les paradoxes nés du rêve de le voir comme de l'extérieur. Le problème est qu'une résistance culturelle, dont le fil est retracé de Platon jusqu'à Russell, fait obstacle à l'indispensable radicalité de la pensée des relations.
Une thérapie de cette résistance est cherchée dans la philosophie de Nâgârjuna, penseur indien du 11e siècle, auteur de référence de l'école bouddhique de la "voie moyenne". Car cette philosophie, loin de minimiser la corelativité des phénomènes et leur absence (ou vacuité) de nature propre, la prend pour prémisse de sa tension éthique vers une manière d'être ouverte et disponible. Une réflexion originale permettant de comprendre comment une épistémologie peut avoir partie liée avec la quête existentielle.
-
Gérer les indésirables ; des camps de réfugiés au gouvernement humanitaire
Michel Agier
- Flammarion
- Bibliotheque Des Savoirs
- 4 Novembre 2008
- 9782082105668
Selon les chiffres officiels, cinquante millions de personnes dans le monde sont «victimes de déplacements forcés». Réfugiés, demandeurs d'asile, sinistrés, tolérés, déplacés internes..., les catégories d'exclus se multiplient, mais combien sont ignorées : retenus, déboutés, clandestins, expulsés... Face à ce drame, l'action humanitaire s'impose toujours plus comme la seule réponse possible. Sur le terrain, pourtant, le «dispositif» mis en place rappelle la logique totalitaire : permanence de la catastrophe, urgence sans fin, mise à l'écart des «indésirables», dispense de soins conditionnée par le contrôle, le filtrage, le confinement ! Comment interpréter cette trouble intelligence entre la main qui soigne et la main qui frappe ? Après sept années d'enquête dans les camps, principalement africains, l'auteur révèle leur «inquiétante ambiguïté» et souligne qu'il est impératif de prendre en compte les formes de contestations et de détournements qui transforment les camps, les mettent en tension, en font parfois des villes et permettent l'émergence de sujets politiques. Une critique radicale des fondements, des contextes et des effets politiques de l'action humanitaire.