L'heure où l'Europe se voit proposer en guise d'unité une uniformisation technocratique reniant toute racine chrétienne, on aurait tort de passer sous silence l'influence de Luther dans les grands débats d'idées qui ont secoué notre continent depuis la fin du Moyen Age.
De grands désordres religieux, intellectuels, économiques et politiques s'ensuivirent dans le déchaînement des hégémonismes provoqués par la guerre de Cent Ans.
Cette impatience à se dégager de l'autorité, de la hiérarchie, de la tradition se manifesta particulièrement pendant la Renaissance et c'est dans ce contexte qu'apparut Luther, moine augustin de Wittenberg. La séparation de l'homme et de Dieu jusque dans le sein de la religion est assurément le grand "exploit" de Luther.
Nul encore n'avait osé émanciper à ce point la raison humaine. Les grandes questions soulevées par lui (la grâce, les oeuvres, la liturgie, la confession...) ne se comprennent que reliées à cette volonté de changer l'Eglise dans son essence.
Cette proclamation de la souveraineté de la raison individuelle eut évidemment des répercussions politiques. Jacques Maritain, qui n'était pas tendre avec Luther, a écrit que "Luther est à la source du volontarisme moderne.
Nombre de citoyens s'inquiètent de la progression au cours des dernières décennies de lois qui heurtent leur conscience. Une fois votées, est-on condamné à la résignation au nom de l'obéissance à la loi ? Plus grave, ces lois ne risquent-elles pas, un jour ou l'autre, de confronter tout un chacun à des décisions inacceptables ?
À quelles conditions l'objection de conscience est-elle la réponse appropriée.
Avec clarté, chacun des auteurs donne les repères essentiels pour comprendre et adopter l'attitude juste face à ces lois qui malmènent les consciences.
" La Chine s'est éveillée " écrivait en 1996 Alain Peyrefitte.
Le réveil date de décembre 1978, quand - Mao mort et les gauchistes liquidés - Deng Xiaoping fait faire à son pays un " tête à queue " idéologique. De la Chine des décennies qui suivent - objet de ce livre -, le premier ministre Wen Jiabao dit qu'" elle a trouvé la voie d'un développement compatible avec les caractéristiques de sa tradition ". " Les hommes se ressemblent en creux ", disait Marcel Mauss.
Ainsi, les traditions nées de besoins identiques ont fait de l'homo sapiens sapiens un Chinois, un Latin, un Indien, un Juif, répondant chacun aux exigences de la vie par des réflexes, des tactiques spécifiques. Xavier Walter voit la Chine se rappeler qu'elle est chinoise. Ce retour aux coutumes, phénomène chinois récurrent, est, pense-t-il, la grande chance qu'elle se donne de faire face à un avenir que sa masse rendra toujours incertain.
Cette Chine " de tradition " a son mentor, il suffit de lire le Quotidien du Peuple : " Si l'étude de Confucius cesse d'être confinée aux bibliothèques, elle offrira à la Chine un regain de force spirituelle. " Confucius prêche à chacun une quête responsable, altruiste du milieu juste cosmique et social, sans lui on ne peut ni comprendre la Chine ni mener les Chinois. Les révoltés du Quatre-Mai (1919) le récusèrent ; il aurait " figé la société " ; Mao l'accusa de " féodalisme "...
Et le XXe siècle chinois fut une horreur. Aujourd'hui, le Maître est de retour. Et, avec lui, l'Empire " rouge " de " la réussite " ?
« J'aime la Chine ... son évolution me passionne, mais ce m'est avant tout une joie de retrouver le peuple chinois, son dynamisme, son appétit de vivre qui semble si souvent amour authentique de la vie.
Je ne suis pas Chinois, les jugements que je porte sur ce monde renversé pour tout Européen non exercé sont le fruit d'un regard tiers, non d'un partisan. Je vois la Chine se rappeler qu'elle est chinoise, je ne soutiens en rien qu'elle est un modèle universel . je pense seulement que ce retour à elle-même est la grande chance qu'elle se donne de faire face à son avenir. Les Chinois, loyaux et équitable ? Oui si l'étranger est capable d'imposer le respect. Sagesse et bonté ? Selon la morale de l'interlocuteur. Et je partage du tout au tout cette appréciation d'un des Français de notre temps qui ont le mieux connu la Chine, Jacques Guillermaz : «Ce qui m'a si longtemps attaché à la Chine c'est la singularité de son histoire, l'humanisme fondamental de sa civilisation. Le passé de la Chine m'émerveille et m'enchante.
La vieille Chine inventive et stationnaire s'est mise en route, elle n'en est qu'à l'aube de son histoire.» » Après Chine rouge le grand tournant des années 80, voici le deuxième volet d'une chronique nous menant à l'aube du XXIe siècle chinois. Un « vagabondage » merveilleusement écrit dans l'âme, l'histoire et les arcanes de la Chine d'aujourd'hui.
L'itinéraire d'Eugénio Zolli, grand rabbin de Trieste, puis de Rome pendant la Seconde Guerre mondiale, érudit, exégète et professeur à l'université de Padoue, est exemplaire.
A Rome, l'occupation nazie l'oblige à se cacher et à solliciter l'aide du Vatican pour sa communauté. Mais en 1944, le Christ lui apparait pour lui demander de le suivre. Alors âgé de 65 ans, Zolli donne sa démission, demande le baptême et devient catholiqiue. Pie XII lui ouvrira les portes de l'université grégorienne.
Sujet de controverse depuis sa mort en 1956, Zolli reste un modèle d'oecuménisme vrai entre juifs et chrétiens par son honnêteté et sa recherche de la vérité tout entière, tournée vers l'avènement d'un monde nouveau.
Anita Davidenkoff, Française d'origine russe fut expulsée alors qu'elle travaillait à l'ambassade de France à Moscou dans les années quatre-vingt. Elle nous fait connaître la vie étudiante, les arcanes intellectuelle religieuse, et dissidente de l'URSS durant l'ère de la Pérestroika.
À travers des portraits hauts en couleurs ayant jalonné sa vie quotidienne à Moscou, elle nous offre une approche sensible et passionnante, émaillée d'anecdotes, d'une URSS sur le déclin dont le soi disant assouplissement salué par les occidentaux de l'époque apparaît aujourd'hui, avec le recul, plus que relatif.
Cet ouvrage est un recueil d 'articles rédigés pour différentes revues et divers sites internet spécialisés dans les relations internationales. Ces articles présentent une vue inédite et une description référencée des différents éléments qui conduisent progressivement à une refonte européenne, à un élargissement de l'UE et de l'Otan et à un renforcement du partenariat transatlantique. L 'auteur révèle les lev iers largement méconnus de cette politique :
Régionalisation, aménagement du territoire, promotion des revendica tions identitaires, alliance germano-américaine pour le X X e siècle . En réalité, cette révolution politique et géopolitique poursuit l'ambition d 'établir un bloc uni de Vancouver à Vladivostock. L 'auteur explique les différentes étapes de part et d 'autre de l'Atla ntique afin d 'y aboutir et les projets de leurs acteurs. Mais surtout, Pierre Hillard explique co mment et pourquoi les élites américaines et des différents pays de l'Union européenne, en priorité l'Allemagne, souhaitent rattacher les pays d 'Afrique du Nord , du Proche et Moyen-Orient, désignés sous le label du « grand Moyen-Orient », à un cadre euro-a tlantique resserré .
Si l'objectif de renforcer la solidarité entre les Occidentaux face à l'é mergence de la Chine peut paraître justifié , Pierre Hillard montre que le chemin engagé par les élites euro-atla ntistes ouvre plutôt la voie à une instabilité des nations européennes et du monde musulman.
Après le débat sur la grâce et le libre arbitre à l'origine des sanglantes guerres de religion du XVIe siècle, la querelle janséniste à la fin du XVIIe siècle remis en marche la querelle qui secoua, de manière plus "feutrée", sans violences apparentes, le monde des théologiens, entre jansénistes et jésuites notamment. Elle révéla des conflits de pouvoir religieux et politiques qui s'avérèrent, par la suite, décisifs pour l'avenir par beaucoup d'aspects. La crise révolutionnaire est en effet déjà en germe : certains jansénistes ne se révaient ils pas "républicains" sous Louis XIV ?
L'historien Aimé Richardt, salué par le cardinal Barbarin, n'est plus à présenter. Son dernier ouvrage sur Erasme a connu de nombreuses recensions, dans La Croix notamment. Il est en outre intervenu dans plusieurs émissions à la radio, dont France Inter. De sa plume simple et déliée, il décrit pas à pas la naissance, le développement, le paroxysme jusqu'au dénouement apparent de ce grand débat, en même temps qu'il met en situation de manière très vivante les principaux protagonistes.
État, Marché, Raison : les trois idoles de la modernité s'effondrent sous nos yeux. À leur place, paix d'humanité, Cité de la compassion, développement durable révèlent les exigences de la puissance d'humanité, qui continue son travail de transformation.
Cette métamorphose n'obéit pas à un déterminisme aveugle, elle sera l'oeuvre de la liberté humaine informée par le message des grandes spiritualités.
Yves Roucaute, qui n'est pas catholique, va à contre courant de l'opinion dominante.
Oui le catholicisme est une chance pour l'humanité, il est la puissance d'humanité qui nous travaille depuis deux milles ans, car tel est son génie : susciter une humanité nouvelle aspirant à voir naître une civilisation du respect et de l'amour. « . Qu'y puis-je si, à chaque découverte de l'intelligence, cette Église apparaît plus admirable encore ? Faudrait-il avoir honte d'une spiritualité qui célèbre sans laxisme depuis des siècles la puissance d'Aimer, au nom de la puissance d'humanité ? La mode n'est pas de mon côté, le politiquement correct moins encore, seulement la recherche de la vérité . » Ce livre raconte cette recherche. Du néolithique à nos jours, l'auteur zoome sur des épisodes noirs de l'Église (Inquisition, Galilée, la connaissance scientifique.), et s'efforce de rétablir des vérités mises à mal par nos mentalités moderne, jusqu'à s'interroger sur cette modernité même.
Un ouvrage qui vient déranger un bon nombre de préjugés, et nous invite à réfléchir sur notre destin individuel et collectif.
Charles de Gaulle, le soldat, le chef d'État, l'homme providentiel, l'homme de lettre garde une part d'énigme nimbée de grandeur dont les multiples facettes ne finissent pas de fasciner.
Ce livre, c'est d'abord un florilège des écrits du général : un choix de quinze textes (commentés par J.J. Brunet) parlant d'eux mêmes où transparait l'acteur et l'auteur de sa propre histoire que fut de Gaulle. À travers sa plume exigeante, la réalité transcendée devient mission sacrée ou se mêlent grandeur de l'État, grâce à l'intervention et l'engagement d'un héros rédempteur, affrontement d'un destin et pari sur des victoires, impossibles en apparence. On y croise les dirigeants qu'il côtoya, la trop grande vieillesse de Pétain, l'hostilité de Roosevelt, la stature hors du commun de Churchill, la volonté de puissance « surhumaine » de Staline, Hitler enfin. En guise d'épilogue, la force et la profondeur des tragédies de Racine et Corneille, que de Gaulle connaissait bien, et qu'il cite à maintes reprises dans ses écrits. Cette approche littéraire exprime avec d'autant plus de force la singularité (et l'exemplarité ?) du personnage historique qu'à été de Gaulle, voué tout entier au service de la France dont il souhaita partager le destin corps et âme. Ce qu'il fit en réalité.
Contre la vulgate, il démolit méthodiquement dans cet ouvrage l'idée que la Seconde Guerre mondiale ait représenté une parenthèse dans un affrontement entre «démocratie et totalitarisme». Pour lui, elle modèle au contraire le monde actuel plus que tout autre événement de son siècle. Cela tient aux choix d'un individu, Churchill, qui fut, à l'été 1940, le grain de sable dans la domination programmée de l'Europe par Hitler. Cela tient ensuite au déploiement de forces profondes, que Hitler avait pensé pouvoir contourner: la puissance économique américaine en particulier.
Selon Lukacs, dès novembre 1941, Hitler comprend qu'il a échoué et ne peut plus que limiter les dégâts par un éclatement de la coalition adverse vers lequel tendent désormais tous ses efforts. Mais la coalition des Occidentaux et des Soviétiques tint bon jusqu'à la chute du Reich, ce qui amène Lukacs à repenser la question des origines de la guerre froide. Celui qui fut l'ami de George Kennan nous livre une lecture originale de l'immédiat après-1945: il y avait les apparences (l'expansion territoriale soviétique) et la réalité modelée par la Seconde Guerre mondiale:
L'irrésistible affirmation de la puissance américaine et la crainte soviétique de ne pas pouvoir surmonter les blessures profondes infligées par la Wehrmacht et le nazisme.
Dans cette magistrale synthèse, Lukacs nous offre la quintessance d'une très grande oeuvre d'historien.
Cette nouvelle édition augmentée comble une lacune dans la connaissance des rapports entre Churchill et les dirigeants français en 1940.
On suit pas à pas les efforts du Vieux Lion pour faire prévaloir des deux côtés de la Manche (et, quand cela ne suffit plus, de l'Atlantique) une réplique à la hauteur du défi hitlérien. Les portraits de Daladier, Reynaud, Gamelin, Weygand et quelques autres en sortent largement renouvelés. François Delpla dévoile aussi ce qui a été longtemps caché : la persistance dans le ministère Churchill d'un puissant parti anglais de l'armistice.
Pour la première fois mis en valeur d'une manière particulièrement forte, ce fait incontestable éclaire, par contrecoup, puissamment la personnalité hors norme de Churchill, sa solitude et son rôle décisif dans ces jours dramatiques. Un ouvrage passionnant, haletant même, nous faisant revivre heure par heure le combat de Churchill y compris du côté anglais. Une saisissante galerie de portraits.
Gaston Palewski a mené une vie passionnée, le plus souvent consacrée au service de son pays.
Point n'a été besoin pour ce Français de l'être depuis des générations : celle de ses parents et la sienne ont suffi à faire de lui un homme de France par toutes ses fibres. Cette France, il saura l'aimer et la chérir car, au-delà d'une vie mondaine intense, il sera amené à jouer un rôle politique de premier plan : les circonstances ont fait de lui le collaborateur immédiat de trois grands hommes : le maréchal Lyautey, Paul Reynaud et, surtout, le général de Gaulle, qu'il suivra fidèlement de 1934 à sa mort, en 1970.
De Paris à Londres, de l'ambassade en Italie à la présidence du Conseil constitutionnel, en passant par le ministère de la Recherche, c'est toute l'histoire de la Ve République qui est ici revisitée à travers un destin exceptionnel. La lumière faite sur les archives personnelles et de nombreux témoignages dévoilent au lecteur la réalité attachante de l'homme, amoureux de la vie, de la France, qu'il défendit comme un chevalier, un patriote passionné...
Ce qui frappe en effet dans cette vie d'homme libre, c'est " l'impossibilité de ne pas agir selon ses idées.
"Connu pour avoir fermé les portes de l'ambassade des Etats-Unis à Phnom Penh et replié le drapeau étoilé cinq jours avant l'arrivée des Khmers rouges, l'ambassadeur John Dean incarne une forme de courage physique et intellectuel injustement négligé dans l'histoire des nations et des relations internationales.
De la guerre du Vietnam à celle d'Afghanistan, du Laos à l'Inde en passant par le Liban et la Thaïlande, John Dean s'est souvent exposé personnellement vis-à-vis des autorités qu'il représentait, sans hésiter à contester leur position ni à bousculer certains lobbies auxquels celles-ci pouvaient être liées... Franc-tireur mais rassembleur, dissident mais loyal, séduit par le message universaliste des Etats-Unis mais soucieux des particularismes nationaux, il ne pouvait qu'irriter les radicaux de tout bord.
Il relate, avec beaucoup d'honnêteté, une expérience dont la valeur ne réside pas seulement dans les compléments qu'elle est susceptible d'apporter aux historiens de métier et que ceux-ci peuvent croiser avec d'autres sources. De la confiance qu'il manifeste dans les vertus d'une diplomatie de combat, alimentée par des visites de terrain, des échanges inlassables avec tous et d'un apprentissage continu des cultures étrangères et des coutumes locales, on pourra tenter de dégager les grandes lignes d'une méthode de négociation.
Qu'un ancien diplomate puisse interpeller la mauvaise conscience des Etats-Unis dans un ouvrage dont la version originale a été officiellement soutenue par le département d'Etat, voilà qui rassurera tous ceux qui doutent encore de la capacité de cette grande démocratie à regarder en face ses propres erreurs", Pierre Journoud. Une autobiographie passionnante et émaillée d'humour, où l'on suit pas à pas John Dean des services secrets américains - au sein desquels il contribua à "retourner" un savant nazi - aux arcanes des grands conflits périphériques de la Guerre froide.
Islam et démocratie sont-ils compatibles ? C'est précisément l'étude que Claude Sicard, penseur des Lumières s'il en est, nous propose ici, en lançant le débat sur une question extrêmement étudiée mais souvent déformée, et ce sans l'alourdir d'une moralisation excessive.
Car, sur un sujet aussi actuel et passionnel à maints égards, les faits et seulement les faits sont en mesure de canaliser les fantasmes et les confusions. La démocratie reste un combat majeur dans le monde musulman, car il n'y a pas que les religieux qui s'y opposent, il y a aussi les potentats locaux et les structures fossiles qu'ils ont réussi à installer, étouffant par là même toute velléité de dépassement ou de contestation.
Et pourtant, les peuples arabes, eux, n'aspirent qu'à vivre cet avènement tant désiré...
Qu'est-ce qui menace l'avenir de la démocratie ? Qu'est ce qui peut sauver la vie en commun sinon la recherche du Bien commun, fondement du lien social, recherché comme Bien objectif ? Si elle paraît triompher aujourd'hui, il n'y a plus de source alternative de légitimité politique, cela ne garantit pas à la démocratie la pérennité. Régime politique récent, complexe et fragile, elle a prospéré en s'appuyant sur la richesse créée par le capitalisme et par une solidarité fondée sur le sentiment national. Mais cet environnement évolue vite. Plus que la mondialisation, ce qui mine la société démocratique est le relativisme, qui est l'ultime avatar d'un paradigme présent dès les origines de notre société : cette idée que la société doit être neutre entre toutes les valeurs, chacun décidant ce qui est bien ou mal comme il l'entend sous réserve du droit équivalent du voisin. Mais ce relativisme individualiste ne tend-il pas à détruire les bases de la citoyenneté comme de la communauté ? Ne s'accommode-t-il pas, finalement, que de l'arbitrage par l'argent ?
Dans la soirée du 17 janvier 1793, Louis Philippe Joseph, duc d'Orléans, député de la Convention connu sous le nom de Philippe-Egalité, vote la mort de Louis XVI, son cousin. Condamné à son tour à l'échafaud le 6 novembre, il recevra la mort avec une intrépidité presque souriante. Le " prince rouge " monstre pourri de vices, débauché, alcoolique, Philippe-Egalité le régicide demeure, dans la mémoire collective, le pire des descendants des capétiens. Et pourtant, ne devrait-on pas nuancer ce jugement ? Pour écrire Le sang du Roi, pièce en deux actes se situant dans un cachot de la Conciergerie, Marguerite Castillon de Perron s'est appuyée sur la correspondance échangée en 1797 entre l'abbé Lothringer, dernier confesseur du duc, et la duchesse d'Orléans. Avec une liberté totale, par des évocations où se conjuguent présent et passé mêlant rêve et réalité, l'auteur s'est attachée à cerner les tourments du combat spirituel du prince à l'heure ultime...
Respectabilité morale et politique obligent, l'histoire de l'Union semble, d'un premier abord, aisée à retracer et sans ambiguïtés. Entre l'essor de l'idée d'Europe unie, les tentatives manquées de l'entre-deux-guerres, et sa concrétisation après 1945, l'expérience de la guerre sert de prise de conscience générale, prélude à l'unification. Les historiens traitant de l'européisme s'accordent sur ce schéma de la continuité de l'idée européenne, troublée un ultime moment par les dérives du nationalisme. Ainsi, la Seconde Guerre mondiale n'a pas sa place dans l'idée d'Europe au XXe siècle. L'Europe nouvelle chère aux nazis est réduite à un instrument de la propagande allemande alors que la Résistance aurait préparé soigneusement ses projets unionistes et fédéralistes en attendant la défaite des pays de l'Axe. Cette image d'Epinal ne résiste pas à une analyse objective des faits et des idées. Il apparaît ainsi clairement que, dans la Résistance, le sentiment national prime généralement sur le sentiment européen : le projet générique d'" Europe des nations libres " en est le symbole. Son intérêt pour l'union du continent a été exagéré après guerre pour légitimer la cause européenne, les ennemis du nazisme semblent, à juste titre, profondément désorientés et méfiants devant cette idée d'Europe qui est l'axiome favori des partisans du Reich. En effet, à l'inverse, sur le continent unifié par les armes, officiels nazi et intellectuels engagés dans la voie de la collaboration sont, la source d'une réflexion intarissable sur l'Europe visant à définir ses contours et son identité, commentant sa future organisation politique, économique, juridique ou sociale. Le Groupe Collaboration se place dès sa création en septembre 1940 dans cette perspective. lise veut un pôle attractif, principalement parisien, de réflexions et de promotion culturelle pour tous les intellectuels désireux d'ébaucher plans et projets d'une union européenne imminente, d'encourager le rapprochement franco-allemand et la solidarité continentale. Même si les plus ardents européistes d'aujourd'hui ne sauraient être assimilés à des groupes de pensée dévoyés, cette étude très documentée permet d'analyser l'idéologie européenne dans une perspective historique plus réaliste et, comme telle, nouvelle. Cette grille de lecture donne, de manière surprenante, des clefs pour mieux comprendre les enjeux qui se dessinent devant nous pour demain.
En ce soir d'élection du 17 mai 2012, la France tout entière retient son souffle : que va faire le président élu ? Partir naviguer en Méditerranée, organiser un débat sur la burqa, créer une nouvelle taxe carbone, ou se disperser fébrilement sur l'accessoire pour ne pas s'occuper de l'essentiel ? Va-t-il, comme cela est si fréquent, tourner le dos à l'espoir profond des Français en dépit des promesses de campagne, et renier ainsi, une nouvelle fois, l'honneur de l'élection ? Va-t-il suivre la pente des faiseurs d'opinions unanimes et des principaux responsables de ce que le général de Gaulle appelait le Système ", et laisser la France renoncer définitivement à être ? Va-t-il s'en remettre à ce que Bernanos appelait " l'extraordinaire légèreté des "gens sérieux" " ? La situation est si grave qu'il pourrait se poser la question : " Par où commencer ? " Par le Fouquet's ? Non.
Il va s'enfermer seul avec ses dossiers, et passer la nuit sur douze mesures ne répondant pas nécessairement toutes aux angoisses immédiates des Français, mais qui pourtant sont décisives pour l'avenir... C'est la raison pour laquelle il doit les décider tout de suite : demain à l'aube, il le dira au monde entier, la France change de cap, elle a choisi la vie.
Il s'agit dans cet ouvrage de penser les fondements de la crise sociale européenne sur plusieurs terrains significatifs : politique, économie, philosophie, et société.
Outre le caractère dynamique de sa démarche, la clarté des énoncés et sa dimension internationale donc comparative; son originalité réside dans le choix assumé d'analyser au fond l'ensemble des paramètres essentiels de la problématique.
La diversité des auteurs reflète la volonté d'aborder le sujet de façon pluridisciplinaire et le caractère international d'une démarche à la fois scientifique et universelle Christophe Réveillard est docteur en Histoire et diplômé en droit international public.
"... Le témoignage d'Antoine Delenda constitue un point de vue doublement original dans la mesure où il n'est pas seulement anti-collaborationniste mais très rapidement anti-vichyste. Son intérêt se rehausse du fait qu'il s'enracine dans le " système ", observé et décrit de l'intérieur. C'est un point de vue d'autant plus rare que, si beaucoup de vichystes étaient incontestablement anti-allemands tout en pensant jouer au plus fin, telle n'est pas l'attitude d'Antoine Delenda auquel la suite des événements donne raison. Il témoigne en effet, dès 1940, d'une grande lucidité. C'est à la fois en moraliste et en personne politique réfléchie qu'il fait, dès l'armistice, le pari de la défaite allemande (laquelle était loin d'être évidente à Vichy). Ministre plénipotentiaire, responsable des relations commerciales et du blocus, Antoine Delenda possède une très grande connaissance des innombrables dossiers qui lui passent sous les yeux, ainsi que du personnel de l'Etat français. Par ses fonctions, il est au coeur des questions, particulièrement cruciales, de ravitaillement, de confiscation de denrées et de biens, et surtout du non-respect par les Allemands des clauses de l'armistice, à commencer par la quasi-annexion de l'Alsace-Lorraine. L'historiographie allemande actuelle insiste elle-même sur le fait que la puissance occupante se livrait en France à des pillages constants. Nous en trouvons, dans les notes d'Antoine Delenda, des illustrations au jour le jour, qui mettent en relief la lâcheté d'une administration vichyste soucieuse de ne jamais déplaire à l'occupant et n'osant pas même, ou si peu, lui rappeler ses engagements et sa signature. A tous égards, les considérations de l'auteur offrent une vue très neuve sur des aspects encore mal connus de l'occupation nazie. Grand blessé de guerre de 14-18, Antoine Delenda est un incontestable résistant moral de l'intérieur..." Emmanuel Leroy-Ladurie.
De l'homme d'Etat devenu homme de lettres à l'écrivain devenu ministre, deux trajectoires en miroir.
L'admiration réciproque de Charles de Gaulle et André Malraux repose sur cette double aspiration : le Général estime en son ministre des Affaires culturelles l'artiste inspiré qu'il aurait voulu être, tandis que Malraux voit en de Gaulle le chef couvert de gloire qu'il rêvait de devenir. En chacun d'eux demeure un désir de création ou d'action. Le premier se veut poète, même s'il est avant tout un homme politique ; le second se veut homme d'action, même s'il est d'abord un intellectuel écrivain.
Leurs discours et leurs écrits apparaissent comme le reflet de cette volonté d'équilibrer pouvoir et littérature. Alors que l'éloquence doit influer sur la vie de la Cité, l'écrit de mémoire cherche à donner du sens à l'action passée. Les deux écrivains et orateurs construisent et transmettent une certaine vision du monde, où l'individu, par son attitude de résistance, conquiert sa propre grandeur. Ils ont en commun une haute idée de la valeur du verbe : il assume des responsabilités morales, en instaurant un nouveau rapport de l'homme au monde, réconciliant la vie politique de la Cité et la vie spirituelle de l'humanité.
Cette réconciliation entre idéologie et réalisme de l'action renvoie à un humanisme moderne, fondé sur l'exigence de liberté et de dignité.
Que n'a-t-on pas entendu ou lu sur ce personnage ? Pourtant, au-delà d'un acte de naissance contestable transformé en légende noire par Victor Hugo, le second Empire est certainement, Gaël Nofri nous le montre, la tentative la plus originale et la plus prometteuse que la France ait faite dans ces quelque cent soixante-dix ans d'errance politique depuis le 21 janvier 1789 jusqu'à la Ve République en 1958.
De l'Algérie à la condition ouvrière en passant par l'industrialisation et la prise de conscience de l'inéluctable principe des nationalités, Napoléon III entrevoit et prépare avec intelligence et lucidité, et souvent prescience, ce que devra être l'avenir. L'ombre portée de la défaite de 1870 et de ses conséquences reste cependant décisive dans le jugement plus politique qu'historique qui est encore porté aujourd'hui.
À y regarder de plus près, les choses sont moins simples et, du vrai cynisme bismarckien ou du supposé angélisme de Napoléon III, la véritable intelligence - au moins du point de vue des peuples - n'est évidemment pas là où on la voit ordinairement. Les pages les plus intéressantes de ce livre passionnant sont celles où l'auteur nous fait partager la lucidité de l'Empereur sur la politique du " gouvernement provisoire" et les conséquences d'une paix qu'il juge inacceptable parce qu'elle débouchera inévitablement sur un nouveau conflit.
L'ouvrage de Gaël Nofri nous fait découvrir un personnage souvent visionnaire, y compris quand il travaille à l'émergence d'une Europe des nations.
" Le destin de Soljénitsyne ne se résume pas : c'est plusieurs vies en une, et toutes intenses, dramatiques, comme ce xxe siècle qui restera comme l'un des plus terribles dans les annales de l'histoire.
De souche paysanne, Soljénitsyne est né aux confins de la Russie l'année qui a suivi la révolution. Après une enfance religieuse, il a adhéré au cours de ses études à l'idéologie soviétique. Valeureux officier pendant la guerre, il est arrêté sur le front pour ses opinions trop libres. Dans son enfance, Soljénitsyne avait entrevu sa triple vocation : "J'ai rêvé tour à tour de devenir chef d'armées, prêtre et écrivain." Ce rêve, ces trois vocations, il les a toutes réalisées à travers de multiples épreuves en devenant à la fois stratège, poète et prophète.
Tout génie est un génie dans la mesure où il est habité par de puissantes tendances opposées qui en lui se heurtent sans se détruire, réalisant ce que les philosophes appellent l'union des contraires. Chez Soljénitsyne, une opposition paraît fondamentale, génératrice de plusieurs autres : volonté de puissance d'un côté, renoncement et sacrifice de l'autre... Nikita Struve. Nikita Struve présente les actes du colloque Soljénitsyne, notre contemporain.