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138 produits trouvés
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Le culte des saints musulmans : Des débuts de l'islam à nos jours
Catherine Mayeur-Jaouen
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 5 Septembre 2024
- 9782072984884
Souvent considéré comme marginal, le culte des saints musulmans est aujourd'hui un sujet brûlant qui écrit l'histoire religieuse de l'islam sous un nouvel angle. Né dans le riche terreau de l'Antiquité tardive, lié au culte des morts et au processus d'islamisation, ce culte puise dans la mémoire des prophètes antéislamiques, du djihad et de la vénération du Prophète et de ses descendants. Tout un ensemble de croyances et de pratiques adressées aux saints et à des lieux sacrés apparaît en pleine lumière au IXe siècle. Visites pieuses et pèlerinages aux sanctuaires réclament une intercession ici-bas et dans l'au-delà, aux hommes de Dieu et à de rares femmes. Du Maroc à l'Indonésie, le culte des saints s'ancre aussi dans celui des ancêtres et dans la fréquentation de lieux sacrés en affirmant une identité désormais musulmane qui participe à la compétition entre chiisme et sunnisme. Le phénomène encouragé par les dynasties successives devient massif au XIIe-XIIIe siècle, avec l'essor des confréries soufies, le culte du Prophète, et de nouvelles vagues d'islamisation. Il domine le paysage dévotionnel musulman jusqu'aux attaques du wahhabisme au XVIIIe siècle, puis jusqu'à celles du réformisme et enfin du salafisme actuel. Au XXe siècle, les États indépendants privent confréries et descendants saints de leur pouvoir pour déplacer le culte vers celui des héros et des martyrs. D'impressionnants renouveaux s'affirment à la fin du XXe siècle, avant de nouvelles ruptures au XXIe siècle, imposées par l'urbanisation, les migrations, Internet et le règne de l'image, la mondialisation et la sécularisation.
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La révolution culturelle nazie
Johann Chapoutot
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 19 Janvier 2017
- 9782070117697
Pour les nazis, la «culture» était à l'origine la simple transcription de la nature : on révérait les arbres et les cours d'eau, on s'accouplait, se nourrissait et se battait comme tous les autres animaux, on défendait sa horde et elle seule. La dénaturation est intervenue quand les Sémites se sont installés en Grèce, quand l'évangélisation a introduit le judéo-christianisme, puis quand la Révolution française a parachevé ces constructions idéologiques absurdes (égalité, compassion, abstraction du droit...).
Pour sauver la race nordique-germanique, il fallait opérer une «révolution culturelle», retrouver le mode d'être des Anciens et faire à nouveau coïncider culture et nature. C'est en refondant ainsi le droit et la morale que l'homme germanique a cru pouvoir agir conformément à ce que commandait sa survie. Grâce à la réécriture du droit et de la morale, il devenait légal et moral de frapper et de tuer.
Avec ce recueil d'études, Johann Chapoutot parachève et relie le projet de deux de ses livres précédents, Le National-socialisme et l'Antiquité (2008) et La Loi du sang : penser et agir en nazi (2014). En approfondissant des points particuliers, comme la lecture du stoïcisme et de Platon sous le IIIe Reich, l'usage de Kant et de son impératif catégorique ou la réception en Allemagne du droit romain, il montre comment s'est opérée la réécriture de l'histoire de l'Occident et par quels canaux de telles idées sont parvenues aux acteurs des crimes nazis.
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La loi du sang ; penser et agir en nazi
Johann Chapoutot
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 9 Octobre 2014
- 9782070141937
Devant l'ampleur et le caractère inédit des crimes nazis - qu'ils soient collectifs ou individuels -, les historiens butent sur la causalité profonde, qui reste obscure.
Ces comportements monstrueux s'appuient pourtant sur des fondements normatifs et un argumentaire juridique qu'il faut prendre au sérieux. C'est ce que fait ici Johann Chapoutot dans un travail de grande ampleur qui analyse comment les philosophes, juristes, historiens, médecins ont élaboré les théories qui faisaient de la race le fondement du droit et de la loi du sang la loi de la nature qui justifiait tout : la procréation, l'extermination, la domination.
Une profonde intimité avec une immense littérature publique ou privée - correspondances, journaux intimes -, avec la science et le cinéma du temps, rend sensible comment les acteurs se sont approprié ces normes qui donnent un sens et une justification à leurs manières d'agir. Comment tuer un enfant au bord de la fosse peut relever de la bravoure militaire face à l'ennemi biologique.
Si le métier d'historien consiste à comprendre et non à juger, ou à mieux comprendre pour mieux juger, ce livre jette une lumière neuve et originale sur le phénomène nazi.
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Montaillou, village occitan de 1294 à 1324
Emmanuel Le Roy Ladurie
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 23 Avril 1982
- 9782070209514
En 1320, Jacques Fournier, évêque de Pamiers, plus tard pape d'Avignon, enquête comme inquisiteur sur un village de haute Ariège à 1 300 mètres d'altitude : Montaillou, 250 habitants, petite communauté occitane et pyrénéenne de montagnards et de bergers.
Simple épisode de la lutte contre le catharisme ? Mais la conscience ethnologique et policière de l'enquêteur est telle que, Maigret avant la lettre, il finit par déterrer tous les secrets du village, petits ou grands. Et Dieu sait s'il y en a ! Rien n'échappe à cet évêque fureteur, ni la vie intime et ambulatoire du berger Maury, ni les nombreux amours du truculent curé de la paroisse, mouchard paillard et cathare, ni les passions romantiques de la châtelaine Béatrice de Planissoles.
Mais ce sont aussi les drames et la vie quotidienne de Montaillou, opprimé par un clergé dominateur et par le clan tyrannique des Clergue, qui forment la trame de cette étude à la fois monographique et globale ; l'enfance et la mort, la culture et la famille, les luttes des mafias paysannes, l'obsession du salut et la magie, l'irréligion et l'hérésie rustiques, la morale et le crime, le folklore, les mythes et les revenants.
Utilisant cet extraordinaire document qu'est le " registre d'Inquisition " de Jacques Fournier, sorte de roman vrai du petit peuple du xtve siècle, ce Montaillou ressuscite, dans l'esprit des méthodes historiques et ethnographiques les plus actuelles, la réalité cathare et occitane d'il y a six cent cinquante ans, avec la fraîcheur et le tremblement du vécu.
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Qu'est-ce que l'esclavage ? une histoire globale
Olivier Grenouilleau
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 17 Avril 2014
- 9782070786176
L'esclavage, chacun croit savoir ce que c'est, et pourtant... Les cours pénales elles-mêmes statuent difficilement sur ses formes contemporaines, faute de définition juridique claire. Pour tenter d'en cerner les contours, Olivier Grenouilleau s'est posé trois questions : pourquoi est-il si difficile de le définir ? Comment peut-on néanmoins y parvenir ? Comment les systèmes esclavagistes arrivent-ils à durer ? Comparant l'esclavage aux autres formes d'exploitation de l'homme, il parcourt l'espace et le temps, depuis l'invention même de l'esclavage, au néolithique, jusqu'à nos jours. Associant exemples et analyses au service d'une approche globale, il s'inscrit, au-delà même de son sujet, dans de nouvelles manières de penser l'histoire. Au terme de la démonstration, l'esclave apparaît en tout temps et en tout lieu comme une personne transformée en un autre, susceptible d'être utilisée comme une chose, et dont l'humanité est mise en sursis. Il n'en demeure pas moins un homme, mais un homme-frontière, dont l'appartenance à la société des hommes dépend de la médiation de son maître.
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Terres de sang ; l'Europe entre Hitler et Staline
Timothy Snyder
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 5 Mai 2022
- 9782072994357
«Au début du XXI? siècle, alors que je concevais ce livre», nous dit Timothy Snyder dans cette postface inédite rédigée à la veille de la guerre en Ukraine, «il n'existait d'expressions familières que pour deux politiques de carnage : l'Holocauste et la Grande Terreur soviétique. Personne ou presque n'avait remarqué que dans les deux cas, les fosses de la mort étaient dispersées sur les mêmes territoires». C'est par ces mots que Timothy Snyder complète le récit de la catastrophe au cours de laquelle, entre 1933 et 1945, 14 millions de civils, ont été tués par l'Allemagne nazie et l'Union soviétique stalinienne. Tous l'ont été sur un même territoire, que l'auteur appelle les «terres de sang» et qui s'étend de la Pologne centrale à la Russie occidentale en passant par l'Ukraine, la Biélorussie et les pays Baltes. Plus de la moitié d'entre eux sont morts de faim. Deux des plus grands massacres de l'histoire ayant précédé l'Holocauste - les famines préméditées par Staline, principalement en Ukraine, au début des années 1930, qui ont fait plus de 4 millions de morts, et l'affamement par Hitler de quelque 3 millions et demi de prisonniers de guerre soviétiques, au début des années 1940 - ont été perpétrés ainsi. Les victimes des deux régimes ont laissé de nombreuses traces. Tombées après la guerre de l'autre côté du Rideau de fer, elles sont restées dans l'oubli pendant plus de soixante ans et ne sont revenues au jour qu'à la faveur de la chute du communisme. Timothy Snyder redonne humanité et dignité à ces millions de morts privés de sépultures et les rappelle au souvenir des vivants.
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Les images médiévales : La figure et le corps
Jean-claude Schmitt
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 21 Septembre 2023
- 9782073026880
De l'empreinte bouleversante d'une main humaine datée du paléolithique dans la grotte Cosquer (28000 ans avant notre ère) à la pipe peinte en 1929 par René Magritte prévenant que «Ceci n'est pas une pipe», les images ne cessent de nous renvoyer aux mêmes questions essentielles : qu'est-ce que représenter ? Imiter et figurer, est-ce la même chose ? Quel est le rapport entre l'objet ou la personne représentés et leurs images ? Ces questions semblent hors du temps, alors que les images, leurs formes et leurs usages se montrent étroitement dépendants des époques et des cultures particulières qui les produisent. Ainsi en va-t-il dans la chrétienté médiévale, entendue comme une formation sociale et culturelle dont on ne préjuge pas des limites chronologiques, pour souligner au contraire son empreinte durable jusque sur nos comportements et nos représentations aujourd'hui. Au «Moyen Âge», la question de l'image se rapporte toujours, de près ou de loin, à l'Incarnation du Fils de Dieu. Contre l'interdit judaïque de la représentation, la «figure» du Christ donne sens à toutes les autres images. Et par ricochet, son «corps» sacramentel donne corps à la matière (bois, métal, textile, parchemin) des peintures et des statues innombrables et désirables de la Vierge et des saints. Ainsi la fifigure et le corps tracent dans les motifs et la matière des images, des chemins qui, en se croisant, invitent le lecteur à un parcours sinueux dans le temps long de l'histoire.
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Le carnaval de romans : de la chandeleur au mercredi des Cendres (1579-1580)
Emmanuel Le Roy Ladurie
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 1 Février 1979
- 9782070285785
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Ce saint louis de jacques le goff, c'est la rencontre d'une des figures de proue du mouvement des annales, traditionnellement hostile au culte de la biographie, avec la plus haute figure de l'histoire nationale, le personnage quasi mythologique du roi très chrétien, et même le seul canonisé des " trente rois qui ont fait la france ".
Et pour faire bonne mesure, cette étude approfondie ne se veut - c'est ce qui fait sa puissante originalité - ni la " france de saint louis " ni " saint louis dans son temps ", mais bien la recherche, de l'homme, de l'individu, de son " moi ", dans son mystère et sa complexité. qui fut saint louis ? peut-on le connaître et, joinville aidant, entrer dans son intimité ? peut-on le saisir à travers toutes les couches et les formations de mémoires attachées à construire sa statue et son modèle ? problème d'autant plus difficile que, la légende rejoignant pour une fois la réalité, l'enfant roi de douze ans semble avoir été dès le départ programmé, si l'on ose dire, pour être ce roi idéal et unique que l'histoire en a fait.
Cette somme tient ainsi le pari de fondre dans la même unité savante et passionnée le récit de la vie du roi et l'interrogation qui, pour l'historien, le double, l'habite et l'autorise : comment raconter cette vie, comment parler de saint louis, à ce point absorbé par son image qu'affleure la question provocatrice " saint louis a-t-il existé ? ". les biographes se veulent, en général, neutres et impassibles comme des juges suprêmes.
Ici, le sentiment de la vérité naît au contraire de la tension explicite entre l'historien et son héros : un mélange d'attirance et d'hostilité, d'admiration, de rejet et de déconcertante amitié qui, loin de toute hagiographie, s'épanouit en une contagieuse fascination.
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L'individu, la mort, l'amour ; soi-même et l'autre en Grèce ancienne
Jean-Pierre Vernant
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 3 Mars 1989
- 9782070715039
Pour un Grec de l'Antiquité, qu'est-ce qu'être soi-même ? La Grèce des cités a largement ouvert la voie au développement de l'individu dans la vie sociale ; pourtant l'être humain n'y apparaît pas encore comme une personne, au sens moderne, une conscience de soi dont le secret reste inaccessible à tout autre que le sujet lui-même. La religion civique n'a pas non plus doté chaque individu d'une âme immortelle qui prolongerait son identité dans l'au-delà.
C'est que dans une société de face à face, une culture de la honte et de l'honneur, l'existence de chacun est sans cesse placée sous le regard d'autrui. Pour se connaître il faut contempler son image reflétée dans l'oeil de son vis-à-vis.
Parmi les formes diverses que l'autre a revêtues aux yeux des Grecs, il en est trois qu'en raison de leur position extrême dans le champ de l'altérité J.-P. Vernant a retenues pour focaliser sur elles son enquête : la figure des dieux, le masque de la mort, le visage de l'être aimé. Ces trois types d'affrontement à l'autre servent comme de révélateurs pour dégager les traits de l'identité telle que les Grecs l'ont conçue et assumée.
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Penser la Révolution française
François Furet
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 25 Octobre 1978
- 9782070293810
La Révolution française peut être interprétée à la fois comme le produit de ce qu'elle a appelé l'Ancien Régime, et comme l'avènement de la civilisation où nous vivons depuis. Dans le premier cas, elle est le grand spectacle de ce qui s'est passé avant elle ; dans le second, elle inaugure le cours de l'égalité et de la démocratie modernes. Ce livre est une tentative pour la penser sous ces deux aspects, en renouant avec des questions posées par la tradition historiographique du XIXe siècle.
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Naissance de Dieu ; la Bible et l'historien
Jean Bottéro
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 20 Février 1986
- 9782070705924
Spécialiste mondialement renommé d'Akkad, de l'Assyrie et des civilisations mésopotamiennes, Jean Bottéro lit en historien , mais sans étalage d'érudition, les premiers chapitres de la Genèse (dont il date et distingue les contributions diverses), Job, l'Ecclésiaste. Il nous livre de très antiques réflexions sur le sens de l'existence, et le pourquoi du Mal, et montre comment Israël en est arrivé à se convaincre de l'unicité et de la transcendance de Dieu.
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L'écriture de l'histoire
Michel de Certeau
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 25 Avril 1975
- 9782070292011
Faire de l'histoire, c'est marquer un rapport au temps.
Depuis plus de quatre siècles, l'historiographie occidentale se définit par la coupure qui d'un présent sépare un passé. Le geste qui met à distance la tradition vécue pour en faire l'objet d'un savoir est indissociable du destin de l'écriture. Écrire l'histoire, c'est gérer un passé, le circonscrire, organiser le matériau hétérogène des faits pour construire dans le présent une raison ; c'est exorciser l'oralité, c'est refuser la fiction. C'est, pour une société, substituer à l'expérience opaque du corps social le progrès contrôlé d'un vouloir-faire. Ainsi, depuis Machiavel, l'histoire se situe-t-elle du côté du pouvoir politique qui, lui, fait l'histoire.
Michel de Certeau s'attache à caractériser ici les opérations qui règlent l'écriture de l'histoire : la fabrication d'un objet, l'organisation d'une durée, la mise en scène d'un récit.
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Histoire de la sexualité Tome 4 ; les aveux de la chair
Michel Foucault
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 8 Février 2018
- 9782072700347
Les aveux de la chair, qui paraît aujourd'hui comme le quatrième et dernier volume de L'histoire de la sexualité, est en réalité le premier auquel Michel Foucault s'était consacré après La volonté de savoir (1976) qui constituait l'introduction générale de l'entreprise. Il s'attachait aux règles et doctrines du christianisme élaborées du Ile au IVe siècles par les Pères de l'Église.
Au cours de son travail, Michel Foucault s'était persuadé que l'essentiel de ces règles et doctrines était un héritage remanié des disciplines de soi élaborées par les philosophes grecs et latins de l'Antiquité classique et tardive. Cest à leur analyse qu'il s'est courageusement appliqué, pour aboutir en 1984 à la publication simultanée de L'usage des plaisirs et du Souci de soi.
L'ouvrage est donc un premier jet auquel Foucault comptait se remettre au moment de sa mort. La réunion des quatre volumes de Dits et Écrits (1954-1988) publiés en 1994, puis celle des treize volumes des Cours au Collège de France en ont retardé l'édition et la mise au point dont s'est chargé Frédéric Gros, l'éditeur des oeuvres de Michel Foucault dans la Bibliothèque de la Pléiade.
Tel quel, cet ouvrage constitue un état très élaboré de la pensée de l'auteur et peut-être le coeur même de l'entreprise, la partie à laquelle il attachait assez d'importance pour se lancer dans l'aventure.
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Saint François d'Assise
Jacques Le goff
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 5 Octobre 1999
- 9782070756247
J'ai toujours été fasciné par le personnage de saint françois d'assise, l'un des plus impressionnants en son temps et jusqu'aujourd'hui de l'histoire médiévale.
D'abord par le personnage historique qui, au coeur du tournant décisif du xiie au xiiie siècle, oú naît un moyen age moderne et dynamique, fait bouger la religion, la civilisation et la société. françois a joué un rôle décisif dans l'essor des nouveaux ordres mendiants, diffusant un apostolat pour la nouvelle société chrétienne, enrichissant la spiritualité d'une dimension écologique, au point d'apparaître comme l'inventeur d'un sentiment médiéval de la nature qui s'exprima dans la religion, la littérature et l'art.
Modèle d'un nouveau type de sainteté centré sur le christ jusqu'à s'identifier à lui, françois est le premier à recevoir les stigmates.
Mais l'homme aussi m'a fasciné, alliant simplicité et prestige, humilité et ascendant, ouverture et refus, physique ordinaire et rayonnement exceptionnel, se présentant dans une authenticité accueillante qui permet d'imaginer une approche à la fois familière et distanciée.
François a été très tôt celui qui, plus que tout autre, m'a inspiré le désir d'en faire un objet d'histoire totale, exemplaire pour le passé et le présent. ce qui m'a retenu d'écrire cette vie, c'est que j'étais absorbé par une réflexion et des travaux d'historien d'un caractère plus général et qu'en outre il existait d'excellentes biographies de françois.
Ne me satisfaisant pas, aujourd'hui, d'avoir investi l'essentiel de mon entreprise biographique dans un saint louis très différent par son héros et par la dimension monumentale de ma tentative, je me suis résolu à publier l'ensemble des textes que j'ai consacrés à saint françois.
J. le goff.
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Les couleurs de l'Occident ; de la préhistoire au XXIe siècle
Hervé Fischer
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 7 Novembre 2019
- 9782072781506
Nos couleurs d'aujourd'hui ne sont plus qu'une question de goût, dans un grand désordre que ne gouverne aucune règle. Pourtant, ce moment de leur longue histoire n'est qu'une exception.Toujours, les sociétés ont régi les significations de la couleur et ses usages magiques, religieux, politiques, sociaux selon des systèmes chromatiques qui ne se transgressaient pas sans risque et ne variaient qu'avec l'évolution des structures et des idéologies sociales. Hervé Fischer, en artiste et en sociologue, scrute l'oscillation permanente de la vision et de l'usage des couleurs en Occident entre deux pôles - rationalisation et irrationalité, contrainte et liberté - et dégage de leur tension les fondements d'une sociologie de la couleur, pour mieux en bâtir l'histoire. De la gamme rouge-jaune-noir-blanc des cavernes jusqu'aux fausses couleurs qui font voir l'univers invisible, des premières icônes jusqu'à la publicité et aux modes contemporaines en passant par le cercle de Chevreul, depuis les cathédrales colorées jusqu'au blanc des murs modernes, l'auteur dégage un chemin qui va du symbolisme des couleurs pures à l'invention du réalisme des couleurs, du clair-obscur de Rembrandt à la couleur lumière des impressionnistes et à l'anarchisme fauviste faisant écho aux crises sociales du temps. Vient alors l'idée du rôle moteur des grands artistes de l'Occident dans la trajectoire apparente des couleurs. On ne sait plus, au bout du compte, de la société ou de l'individu, qui agit sur l'autre pour bouleverser l'ordre établi - tout ce qui fait d'un Léonard, d'un Delacroix, d'un Van Gogh, d'un Matisse un révolutionnaire. Eux le savaient, et les citations de leurs écrits qui émaillent le texte de ce livre, en accord avec la pertinence des images, nous conduisent à mesurer, par leurs questionnements et leurs certitudes, la hauteur des débats et la puissance des enjeux qui se nouent autour de la couleur.
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Après le changement climatique, penser l'histoire
Dipesh Chakrabarty
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 19 Janvier 2023
- 9782072980626
Ce livre est l'accomplissement d'une réflexion engagée depuis une dizaine d'années sur les effets du changement climatique : changement de la discipline historique elle-même, du rapport de l'homme au temps et au monde, et finalement de la condition humaine. Chakrabarty a bien compris que le «global» (autrement dit ce que nous appelons «mondial») de la mondialisation et le «global» du changement climatique ne sont pas des notions homogènes. Rendre compte du second suppose une approche nouvelle et particulière : rien de moins que l'élaboration d'une anthropologie philosophique. Le problème est que, dès les Temps modernes, nous avons appris à distinguer deux ordres de globalité : le premier relève du temps régi par l'histoire, le deuxième du temps réglé par la nature. Or, nous avons compris depuis une vingtaine d'années que le temps humain agissait sur le temps naturel. Nous savons notamment que notre action sur la Terre a déjà modifié le climat pour peut-être cent mille ans. C'est ce que l'on a nommé «l'Anthropocène», et que Chakrabarty appelle «l'entrée dans l'âge planétaire». La difficulté est évidente : nous avons affaire à deux échelles de temps radicalement différentes et qui pourtant, à partir de maintenant, s'entremêlent. L'auteur ne propose pas de solution toute faite ; il se contente d'éclairer la question. En bon humaniste, il ne peut que souhaiter en conclusion qu'Homo sapiens se transforme en Homo prudens.
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La vision des vaincus : les Indiens du Pérou devant la conquête espagnole (1530-1570)
Nathan Wachtel
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 24 Novembre 1971
- 9782070280575
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La naissance du Purgatoire
Jacques Le goff
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 6 Octobre 1981
- 9782070254101
Dès les premiers siècles, les chrétiens ont cru confusément en la possibilité de racheter certains péchés après la mort. Mais dans le système dualiste de l'au-delà, entre Enfer et Paradis, il n'y avait pas de lieu pour l'accomplissement des peines purgatoires. Il fallut attendre la fin du XII? siècle pour qu'apparaisse le mot Purgatoire, pour que le Purgatoire devienne un troisième lieu de l'au-delà dans une nouvelle géographie de l'autre monde. Le Purgatoire s'inscrit dans une révolution mentale et sociale qui remplace les systèmes dualistes par des systèmes faisant intervenir la notion d'intermédiaire et qui arithmétisent la vie spirituelle. Ce Purgatoire, c'est aussi le triomphe du jugement individuel au sein des nouvelles relations entre les vivants et les morts.Cette enquête suit les avatars de la naissance du Purgatoire de l'Antiquité à La Divine Comédie de Dante. Cette naissance est un des grands épisodes de l'histoire spirituelle et sociale de l'Occident.
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Les chiffonniers de Paris
Antoine Compagnon
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 11 Octobre 2017
- 9782072735141
Les chiffonniers de Paris au XIXe siècle : un sujet original et inattendu. Un sujet d'une grande richesse, entre histoire, économie, urbanisme, littérature et art.
Morceau de vieux linge, le chiffon sert à la fabrication du papier. Or la demande explose après la révolution industrielle, avec l'essor de l'instruction et l'abondance de la presse. Le chiffonnier est à la fois l'inquiétant rôdeur des nuits de la capitale et l'agent indispensable des progrès de la société. Sa figure hante l'oeuvre des écrivains et des peintres, d'Hugo à Baudelaire et Théophile Gautier, de Daumier à Gavarni.
Dans son Tableau de Paris, Louis-Sébastien Mercier repérait en 1781 sa montée en puissance : «Le voyez-vous, cet homme qui, à l'aide de son croc, ramasse ce qu'il trouve dans la fange et le jette dans sa hotte?... Ce vil chiffon est la matière première qui deviendra l'ornement de nos bibliothèques, le trésor précieux de l'esprit humain. Le chiffonnier précède Montesquieu, Buffon et Rousseau».
On voit les dimensions que prend le sujet. Antoine Compagnon les explore avec une érudition inépuisable. De l'hygiène des rues de Paris à l'administration des déchets ; de la prostitution, dont le monde recoupe celui des chiffonniers, à leur recrutement et aux mythes qui les entourent.
C'est à une plongée toujours surprenante dans le Paris nocturne que nous convie l'auteur, le Paris des bas-fonds et celui de l'imaginaire collectif. Qui croirait que le premier dessin cité dans le Grand dictionnaire universel de Pierre Larousse à l'article «Caricature» montre un chiffonnier?
Le crépuscule du chiffonnage parisien date de la fin du Second Empire : on fabrique maintenant le papier avec la fibre de bois et, en 1883, le préfet Eugène Poubelle décrète que les ordures seront déposées dans des récipients, lesquels prendront son nom.
Mais le malfaisant marchand d'habits des Enfants du paradis, le film de Carné, suffit à illustrer la survivance du chiffonnier dans les représentations de Paris.
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Qu'est-ce qu'une nation ?
Pascal Ory
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 5 Novembre 2020
- 9782072848070
« Qu'est-ce qu'une nation ? » est la question posée au XIXe siècle par Ernest Renan que l'auteur reprend ici en se plaçant dans une perspective résolument planétaire ; une autre manière de faire de l'histoire globale. Car rien n'y fait : de la Révolution d'Octobre à la Pandémie de 2020 la nation, qu'on disait moribonde ou -pire- dépassée, est plus vivante que jamais. On ne compte plus, à la surface de la terre, les mouvements de « libération nationale », de l'Écosse à la Catalogne, de la Palestine au Kurdistan. Sans la nation comme clé d'interprétation, l'histoire du monde depuis trois siècles serait incompréhensible. Sans elle l'irréductibilité de la Norvège ou de la Suisse, du Brésil ou de l'Afrique du sud resterait opaque. Sans elle le destin des puissances d'aujourd'hui, des ÉtatsUnis à la Chine, de l'Inde au Japon, devient illisible. Il n'y a rien de plus mondial que le national. On la disait imaginée, voire imaginaire : elle est construite, assurément, mais ni plus ni moins que l' international, le monde ou l' humanité, toutes ces fictions utiles grâce auxquelles -et à cause desquelles- les individus et les sociétés vivent et meurent. Quant à son imaginaire, il touche à l'essentiel, puisqu'il est celui d'une rencontre entre l'identité et la souveraineté : un peuple y devient le Peuple.
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Chronos ; l'occident aux prises avec le temps
François Hartog
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 1 Octobre 2020
- 9782072893070
«Omniprésent et inéluctable, tel est Chronos. Mais il est d'abord celui qu'on ne peut saisir. L'Insaisissable, mais, tout autant et du même coup, celui que les humains n'ont jamais renoncé à maîtriser. Innombrables ont été les stratégies déployées pour y parvenir, ou le croire, qu'on aille de l'Antiquité à nos jours, en passant par le fameux paradoxe d'Augustin : aussi longtemps que personne ne lui demande ce qu'est le temps, il le sait ; sitôt qu'on lui pose la question, il ne sait plus.Ce livre est un essai sur l'ordre des temps et les époques du temps. À l'instar de Buffon reconnaissant les «Époques» de la Nature, on peut distinguer des époques du temps. Ainsi va-t-on des manières grecques d'appréhender Chronos jusqu'aux graves incertitudes contemporaines, avec un long arrêt sur le temps des chrétiens, conçu et mis en place par l'Église naissante : un présent pris entre l'Incarnation et le Jugement dernier. Ainsi s'engage la marche du temps occidental.On suit comment l'emprise du temps chrétien s'est diffusée et imposée, avant qu'elle ne reflue de la montée en puissance du temps moderne, porté par le progrès et en marche rapide vers le futur.Aujourd'hui, l'avenir s'est obscurci et un temps inédit a surgi, vite désigné comme l'Anthropocène, soit le nom d'une nouvelle ère géologique où c'est l'espèce humaine qui est devenue la force principale : une force géologique. Que deviennent alors les anciennes façons de saisir Chronos, quelles nouvelles stratégies faudrait-il formuler pour faire face à ce futur incommensurable et menaçant, alors même que nous nous trouvons encore plus ou moins enserrés dans le temps évanescent et contraignant de ce que j'ai appelé le présentisme ?»François Hartog
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14-18, retrouver la guerre
Stéphane Audoin-Rouzeau, Annette Becker
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 5 Avril 2000
- 9782070752843
Tandis que disparaissent les derniers combattants, la Grande Guerre nous revient, dans une tout autre lumière, comme la matrice d'où sont sortis tous les désastres du XX? siècle. Romans, films, recueils de lettres et documents, collections d'objets, sites historiques : une curiosité nouvelle s'exprime de la part des jeunes générations pour ce qui apparaît comme l'énigme d'un suicide collectif de l'Europe. Du côté historien, c'est une équipe internationale réunie autour d'une expérience de terrain, l'Historial de la Grande Guerre de Péronne, dans la Somme. Stéphane Audouin-Rouzeau et Annette Becker s'en font ici les interprètes et les porte-parole. Il ne s'agit plus de savoir, comme autrefois, qui porte la responsabilité de la guerre ou comment se sont déroulées les opérations, mais d'explorer une culture de la violence, d'analyser un nationalisme de croisade, de mesurer la profondeur d'un deuil peut-être non terminé. Il s'opère aujourd'hui sur la guerre de 14 le même type de subversion du regard que sur la Révolution française dix ans plus tôt. Le phénomène mérite attention : en peu d'années, deux des plus gros massifs de l'histoire nationale auront connu ainsi un basculement comparable et, dans des conditions différentes, un renouvellement du même ordre.
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Christianisme et esclavage
Olivier Grenouilleau
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 2 Septembre 2021
- 9782072868504
Pourquoi les Églises et les chrétiens ont-ils tant tardé à se mobiliser en faveur de l'abolition de l'esclavage ? Et comment a-t-on pu si longtemps s'accommoder de cette insoutenable contradiction associant une religion prônant l'amour de son prochain avec la réalité de pratiques esclavagistes attentatoires à la dignité humaine, parfois justifiées par des alibis religieux, voire génératrices de profits pour l'institution ecclésiastique ? À ce premier discours très critique en répond un second présentant l'histoire du christianisme comme celle d'une lente, nécessaire et logique maturation de l'idée abolitionniste, en quelque sorte contenue en germe dans son esprit.Aucune de ces explications univoques ne peut rendre compte d'une relation aussi complexe. Antique, médiéval, moderne ou contemporain, l'esclavage se recompose en effet en permanence, jouant un rôle plus ou moins important selon les époques, et touchant des populations différentes. Le christianisme, aussi, se recompose sans cesse. Et les débats se multiplient, s'enchevêtrent, se recombinent. Paul pense que le chrétien doit se faire esclave de Dieu pour se libérer du péché. Pendant des siècles on s'évertue à protéger de l'abjuration les chrétiens esclaves de non-coreligionnaires, tout en admettant qu'un chrétien puisse être esclave d'un frère en foi. La question concerne également l'Autre, musulman, Indien d'Amérique, Africain. Théologiens, institutions, simples chrétiens se questionnent, s'affrontent parfois. Aux fausses certitudes de certains répondent les doutes et l'engagement d'autres. Au XV? siècle, cela en est fini de l'esclavage des chrétiens par des chrétiens. Au siècle suivant, l'esclavage des Indiens est officiellement aboli dans l'Amérique espagnole, avant que ne se pose la question de celui des Africains.