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Gallimard
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Par-delà nature et culture
Philippe Descola
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 15 Septembre 2005
- 9782070772636
Seul l'Occident moderne s'est attaché à classer les êtres selon qu'ils relèvent des lois de la matière ou des aléas des conventions. L'anthropologie n'a pas encore pris la mesure de ce constat : dans la définition même de son objet - la diversité culturelle sur fond d'universalité naturelle -, elle perpétue une opposition dont les peuples qu'elle étudie ont fait l'économie. Peut-on penser le monde sans distinguer la culture de la nature ? Philippe Descola propose ici une approche nouvelle des manières de répartir continuités et discontinuités entre l'homme et son environnement. Son enquête met en évidence quatre façons d'identifier les « existants » et de les regrouper à partir de traits communs qui se répondent d'un continent à l'autre : le totémisme, qui souligne la continuité matérielle et morale entre humains et non-humains , l'analogisme, qui postule entre les éléments du monde un réseau de discontinuités structuré par des relations de correspondances ; l'animisme, qui prête aux non-humains l'intériorité des humains, mais les en différencie par le corps ; le naturalisme qui nous rattache au contraire aux non-humains par les continuités matérielles et nous en sépare par l'aptitude culturelle. La cosmologie moderne est devenue une formule parmi d'autres. Car chaque mode d'identification autorise des configurations singulières qui redistribuent les existants dans des collectifs aux frontières bien différentes de celles que les sciences humaines nous ont rendues familières. C'est à une recomposition radicale de ces sciences et à un réaménagement de leur domaine que ce livre invite, afin d'y inclure bien plus que l'homme, tous ces « corps associés » trop longtemps relégués dans une fonction d'entourage.
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Le noeud démocratique : Aux origines de la crise néolibérale
Marcel Gauchet
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 10 Octobre 2024
- 9782073085313
Le désenchantement du monde n'avait pas livré tous ses secrets. Il comportait une suite que l'on n'attendait pas. On le croyait achevé. Il n'en était rien. Il est allé silencieusement à son terme au cours des quatre ou cinq dernières décennies. La sortie de la structuration religieuse des sociétés a libéré cette fois toutes ses potentialités en engendrant un «nouveau monde» déconcertant. L'étrange crise de la démocratie qui affecte le monde occidental en est un des aspects les plus troublants. Elle est l'opposé exact de la crise totalitaire qui a ravagé le premier XX? siècle. Celle-ci avait pour moteur l'aspiration à détruire la démocratie dite «bourgeoise» pour lui substituer des régimes supérieurs. La crise actuelle, à l'inverse, touche une démocratie dont les principes sont plébiscités, mais dont le fonctionnement n'en suscite pas moins une immense frustration et des fractures profondes au sein des peuples. Cette «crise de la réussite», comme il y eut un «vertige du succès» stalinien, est liée, montre Marcel Gauchet, à une lecture trompeuse de la nouvelle structuration collective née de l'effacement complet de l'empreinte sacrale. Elle induit une vision réductrice de la nature de la démocratie, aveugle au noeud qui tient ses éléments ensemble. Il faut la dire «néolibérale», dans un sens qui va bien au-delà de l'économie, même si elle consacre le règne de l'économie, puisqu'elle concerne tous les domaines de l'existence collective et en propose même un modèle global. Mais à l'exemple de l'expérience totalitaire en son temps, cette expérience qui en prend le contrepied a la vertu de mettre en lumière des conditions jusqu'alors mal identifiables de la bonne marche de nos régimes. C'est en fonction de ses enseignements que devra se repenser la démocratie de l'avenir.
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Les mots et les choses
Michel Foucault
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 8 Avril 1966
- 9782070224845
La culture européenne est sans doute la seule au monde qui ait prétendu faire de l'être humain l'objet de ses connaissances et de l'humanisme la forme répétée de ses justifications.
Les sciences humaines d'aujourd'hui sont plus que du domaine du savoir : déjà des pratiques, déjà des institutions. or, le modèle des sciences exactes les obsède, tandis que l'idée d'un homme se libérant à mesure qu'il se connaît mieux passe au rang d'un humanisme usagé. quel est donc le destin - commun, séparé - de ces " sciences humaines " et de cette idée d' homme ? michel foucault analyse leur apparition, leurs liens réciproques et la philosophie qui les supporte.
C'est tout récemment que l'homme a fait son apparition dans notre savoir ; erreur de croire qu'il était objet de curiosité depuis des millénaires : il est né d'une mutation intérieure à notre culture. cette mutation, michel foucault l'étudie, à partir du xviie siècle, dans les trois domaines où le langage classique - qui s'identifiait au discours - avait le privilège de pouvoir représenter l'ordre des choses : grammaire générale, analyse des richesses, histoire naturelle.
Au début du xixe siècle, une philologie se constitue, une biologie également, une économie politique. les choses y obéissent aux lois de leur propre devenir et non plus à celles de la représentation. le règne du discours s'achève et, à la place qu'il laisse vide, l'homme apparaît - un homme qui parle, vit, travaille, et devient ainsi objet d'un savoir possible. dans le rapport nouveau des mots et des choses, l'homme trouve le lieu de sa naissance.
Il ne s'agit pas là d'une " histoire " des sciences humaines ; mais d'une analyse de leur sous-sol, d'une réflexion sur ce qui les rend actuellement possibles, d'une archéologie de ce qui nous est contemporain. et d'une conscience critique : car le jour, prochain peut-être, où ces conditions changeront derechef, l'homme disparaîtra, libérant la possibilité d'une pensée nouvelle.
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L'avènement de la démocratie Tome 4 : Le nouveau monde
Marcel Gauchet
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 26 Janvier 2017
- 9782070786251
Que s'est-il passé pour qu'advienne silencieusement, dans le sillage de la crise économique du milieu des années 1970, un monde nouveau dont nul n'avait anticipé les traits? En quoi consiste au juste sa nouveauté, qui à la fois marque le triomphe du principe démocratique à une échelle jamais vue et rend sa mise en oeuvre si problématique?
Telles sont les questions soulevées par la dernière étape en date de l'avènement de la démocratie qui sont au centre de ce livre.
Nous vivons la phase ultime de la «sortie de la religion», la religion ne se résumant pas à la foi personnelle, comme nous la concevons aujourd'hui, mais formant le principe organisateur des sociétés d'avant la nôtre. Ce processus paraissait parvenu à son terme ; il ne l'était pas. Nous nous pensions «absolument modernes» ; nous en étions encore loin. Nous le sommes brutalement devenus, et cela change tout, des conditions de la coexistence planétaire à l'identité de chacun d'entre nous.
Notre organisation politique conservait dans sa forme l'empreinte de la soumission aux puissances venues d'en haut. Celle-ci s'est volatilisée, en révélant une fonction de l'État-nation que nous ne soupçonnions pas et qui en fait le soubassement du monde mondialisé.
Nous habitions une histoire que nous pensions toute tournée vers l'avenir. Elle restait hantée par le passé, en réalité, comme le bond en avant de la production du futur nous l'a appris, en donnant à l'économie une place hégémonique dans la vie collective.
Les libertés individuelles que nous pensions avoir conquises continuaient secrètement d'être prises dans l'appartenance sociale. L'effacement de cette dernière leur a conféré une autre portée, en faisant apparaître une société des individus qui gravite autour des droits de l'homme.
Le paradoxe est que cette formidable avancée des moyens de l'autonomie humaine donne, à l'arrivée, une société qui échappe à ses membres, des démocraties incapables de se gouverner. Une chose est de disposer des instruments qui permettent de maîtriser son destin, une autre est de savoir s'en servir. L'histoire de la libération est derrière nous ; l'histoire de la liberté commence.
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Façons de dire, façons de faire : La laveuse, la couturière, la cuisinière
Yvonne Verdier
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 11 Décembre 1979
- 9782070282463
Un même fil parcourt, à Minot, la tresse que forment les propos, les gestes et les fonctions des femmes. Il est fait des particularités de leur corps. Façons de dire et façons de faire se relaient et s'éclairent mutuellement pour dessiner une sphère de représentations et d'actions qui appartient en propre au monde féminin. Au coeur de ces représentations apparaît avant tout le rapport privilégié des femmes avec le temps ; chacune en prend la mesure par la périodicité de son corps, alternance qui la relie aux grands rythmes cosmiques. Les femmes et la lune battent la mesure du calendrier. Trois femmes : la couturière, la cuisinière, la femme-qui-aide. Trois fonctions : faire les jeunes filles et la mariée, faire les noces, faires les bébés et les morts. Trois techniques : coudre, cuisiner et laver. Trois moments de la vie : l'âge nubile, l'âge de la fécondité, l'âge de la ménopause. Jeux d'échos dont l'auteur a perçu la cohérence et qui, répercutant ce que l'on a coutume d'appeler propos de bonne femmes, livrent une façon de penser.
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La révolution du féminin
Camille Froidevaux-Metterie
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 8 Janvier 2015
- 9782070147526
Le mouvement féministe a produit bien plus qu'une dynamique d'égalisation des conditions féminine et masculine. Il a contribué, montre Camille Froidevaux-Metterie, à réorganiser en profondeur notre monde commun, à la faveur d'un processus toujours en cours qui voit les rôles familiaux et les fonctions sociales se désexualiser. Par-delà les obstacles qui empêchent de conclure à une rigoureuse égalité des sexes, il faut ainsi repérer que nous sommes en train de vivre une véritable mutation à l'échelle de l'histoire humaine. Plus d'attributions sexuées ni de partage hiérarchisée des tâches:dans nos sociétés occidentales, la convergence des genres est en marche. La similitude de destin des hommes et des femmes ne renvoie pourtant à aucune homogénéisation. Dans un monde devenu mixte de part en part, les individus se trouvent plus que jamais requis de se définir en tant qu'homme ou en tant que femme. Or ils ne peuvent le faire sans prendre en considération la sexuation des corps. S'évertuer à la nier, comme le fait un certain féminisme, c'est heurter de plein fouet cette donnée nouvelle qui veut que la maîtrise de sa singularité sexuée soit la marque même de la subjectivité. L'auteure entreprend ainsi de réévaluer la corporéité féminine pour en faire le vecteur d'une expérience inédite englobant l'impératif universaliste des droits individuels et l'irréductible incarnation de toute existence. Le sujet féminin contemporain se révèle alors être le modèle d'une nouvelle condition humaine.
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Âge de pierre, âge d'abondance ; l'économie des sociétés primitives
Marshall Sahlins
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 26 Novembre 1976
- 9782070292851
Qu'en est-il de l'économie dans les sociétés primitives ? À cette question fondamentale, la réponse classique de l'anthropologie économique est la suivante : l'économie archaïque est une économie de subsistance et de pauvreté, elle parvient au mieux à assurer la survie du groupe incapable de sortir du sous-développement technique. Le sauvage écrasé par son environnement écologique et sans cesse guetté par la famine et l'angoisse, telle est l'image habituellement répandue. Travestissement théorique et idéologique des faits, réplique ici tranquillement un anthropologue et économiste américain de réputation internationale. Passant des chasseurs australiens et Bochimans aux sociétés néolithiques d'agriculteurs primitifs telles qu'on pouvait encore les observer en Afrique ou en Mélanésie, au Viêt-nam ou en Amérique du Sud, relisant sans parti pris les textes connus et y ajoutant des données chiffrées, Marshall Sahlins affirme, avec autant d'esprit que d'érudition, que non seulement l'économie primitive n'est pas une économie de misère, mais qu'elle est la première et jusqu'à présent la seule société d'abondance. Comme le dit Pierre Clastres dans sa présentation : «Si l'homme primitif ne rentabilise pas son activité, c'est non pas parce qu'il ne sait pas le faire, mais parce qu'il n'en a pas envie.» Tout le dossier de la question est à reprendre.
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L'archéologie du savoir
Michel Foucault
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 27 Mars 1969
- 9782070269990
Expliquer ce que j'avais voulu faire dans les livres précédents oú tant de choses encore étaient restées obscures ? pas seulement, pas exactement, mais en allant un peu plus loin, revenir, comme par un nouveau tour de spirale, en deça de ce que j'avais entrepris ; montrer d'oú je parlais ; repérer l'espace qui rend possibles ces recherches, et d'autres peut-être que je n'accomplirai jamais ; bref, donner signification à ce mot d'archéologie que j'avais laissé vide.
Mot dangereux puisqu'il semble évoquer des traces tombées hors du temps et figées maintenant dans leur mutisme. en fait, il s'agit de décrire des discours. non point des livres (dans le rapport à leur auteur), non point des théories (avec leurs structures et leur cohérence), mais ces ensembles à la fois familiers et énigmatiques qui, à travers le temps, se donnent comme la médecine, ou l'économie politique, ou la biologie.
Je voudrais montrer que ces unités forment autant de domaines autonomes, bien qu'ils ne soient pas indépendants, réglés, bien qu'ils soient en perpétuelle transformation, anonymes et sans sujet, bien qu'ils traversent tant d'oeuvres individuelles. et là oú l'histoire des idées cherchait à déceler, en déchiffrant les textes, les mouvements secrets de la pensée (sa lente progression, ses combats et ses rechutes, les obstacles contournés), je voudrais faire apparaître, dans sa spécificité, le niveau des " choses dites " : leur condition d'apparition, les formes de leur cumul et de leur enchaînement, les règles de leur transformation, les discontinuités qui les scandent.
Le domaine des choses dites, c'est ce qu'on appelle l'archive : l'archéologie est destinée à en faire l'analyse.
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La survie des médiocres : critique du darwinisme et du capitalisme
Daniel Milo
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 11 Janvier 2024
- 9782073034625
Darwin a très souvent raison. Mais quand il a tort, ses erreurs sont lourdes de conséquences, tant pour la science que pour la société, parce qu'il est le lecteur attitré du Livre de la Nature. Daniel S. Milo, un historien essayiste qui travaille avec des biologistes depuis quinze ans, fonde cette critique sur leurs propres découvertes. Il part de l'air de famille existant entre la «sélection naturelle» de Darwin et la «main invisible» d'Adam Smith. La nature sait ce qu'elle fait ; le marché a toujours raison. Si les non-humains sont condamnés à innover et à exceller parce que telle est la loi de l'évolution, les humains n'ont pas davantage le droit de s'endormir sur leurs lauriers. L'homologie entre la nature et le marché vient, pour l'auteur, du «péché originel» de Darwin : il a conçu la sélection naturelle à l'image de la domestication. De là est née l'alliance objective entre le néodarwinisme et le néocapitalisme, les deux modèles se renforçant l'un l'autre. Rien n'est pourtant plus dissemblable que le fonctionnement de la nature et celui de la ferme. L'optimisation est la règle et la raison d'être de la sélection artificielle, mais dans la nature les passables et les médiocres ont aussi leurs chances de survivre et de se multiplier. La compétition n'y est qu'une forme de sociabilité parmi d'autres. Il y a, dans le monde des humains comme dans le monde des non-humains, de la place, une place presque illimitée, pour le faible comme pour le plus fort, pour l'ennuyeux comme pour le plus brillant, pour l'oisif comme pour le besogneux. Si nous saluons la sagesse de la nature, nous devons reconnaître que la tolérance à la médiocrité est un aspect constitutif de son génie. Soyons donc ses dignes disciples !
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L'oeuvre d'art et ses significations ; essais sur les arts visuels
Erwin Panofsky, Bernard Teyssèdre
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 21 Novembre 1969
- 9782070272617
Ce recueil est largement inspiré, dans sa composition, de Meaning in the Visual Arts (1957) dont l'auteur avait souhaité une adaptation au public français. «L'histoire de l'art est une discipline humaniste» définit les trois niveaux de signification d'une oeuvre et leur donne pour principe de contrôle une histoire des styles, des types et des symboles ; «L'histoire de la théorie des proportions humaines», conçue comme un miroir de l'histoire des styles, applique la méthode à l'analyse d'un schème structural particulier. «Artiste, savant, génie» (1962) peut apparaître comme la dernière synthèse de la pensée de l'auteur sur la Renaissance. Tandis que des deux articles qui le suivent, l'un, «Le premier feuillet du Libro de Vasari», montre la façon dont cette époque, la Renaissance, a pris conscience d'un style, le gothique, qu'elle tenait pour extérieur à elle-même, l'autre, «Deux projets de façade par Beccafumi», est, sur le maniérisme dans l'architecture du XVI? siècle, une discussion sur les principes qui, aujourd'hui, permettent de caractériser un style. Les trois derniers essais, «Dürer et l'Antiquité», «L'allégorie de la Prudence chez Titien» et la merveilleuse étude sur Poussin et la tradition élégiaque, "«Et in arcadia Ego», offrent, parvenus à leur point de perfection, les chefs-d'oeuvre de l'interprétation iconographique.
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Masse et puissance
Elias Canetti, Robert Rovini
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 18 Mars 1966
- 9782070212248
Elias Canetti parle de Masse, comme Michelet du Peuple, Tocqueville de la Démocratie ou Spengler des Cultures. Et comme ces grands devanciers auxquels il fait souvent penser, l'auteur s'empare d'une intuition brutale, profonde, et commence par s'abandonner à la révélation d'une évidence - la conjuration panique de tout ce qui, en l'homme, menace de la détruire, et d'abord l'inconnu - pour élaborer progressivement une théorie des rapports qui unissent les phénomènes de masse à toutes les manifestations de la puissance.
Mais quel contemporain des guerres mondiales et des révolutions, des fascismes et du national-socialisme, ne sentira à quel point cette intuition nourrie de forte érudition anthropologique et psychanalytique s'enracine au plus intime, au plus charnel des bouleversements du siècle ?
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Le paradigme de l'art contemporain : structures d'une révolution artistique
Nathalie Heinich
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 20 Février 2014
- 9782070139231
Dans un article paru en 1999 dans Le Débat, Nathalie Heinich proposait de considérer lart contemporain comme un genre de lart, différent de lart moderne comme de lart classique. Il sagissait den bien marquer la spécificité un jeu sur les frontières ontologiques de lart tout en accueillant la pluralité des définitions de lart susceptibles de coexister. Quinze ans après, la "querelle de lart contemporain" nest pas éteinte, stimulée par lexplosion des prix, la spectacularisation des propositions et le soutien dinstitutions renommées, comme lillustrent les "installations" controversées à Versailles.
Dans ce nouveau livre, l'auteur pousse le raisonnement à son terme : plus quun "genre" artistique, lart contemporain fonctionne comme un nouveau paradigme, autrement dit "une structuration générale des conceptions admises à un moment du temps", un modèle inconscient qui formate le sens de la normalité.
Nathalie Heinich peut dès lors scruter en sociologue les modalités de cette révolution artistique dans le fonctionnement interne du monde de lart : critères dacceptabilité, fabrication et circulation des uvres, statut des artistes, rôle des intermédiaires et des institutions... Une installation, une performance, une vidéo sont étrangères aux paradigmes classique comme moderne, faisant de lart contemporain un objet de choix pour une investigation sociologique raisonnée, à distance aussi bien des discours de ses partisans que de ceux de ses détracteurs.
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Les étapes de la pensée sociologique : Montesquieu, Comte, Marx, Tocqueville, Durkheim, Pareto, Weber
Raymond Aron
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 1 Février 1967
- 9782070202805
TParti ´r la recherche des origines de la sociologie moderne, j'ai abouti, en fait, ´r une galerie de portraits intellectuels... Je me suis efforcé de saisir l'essentiel de la pensée de ces sociologues, sans méconnaître ce que nous considérons comme l'intention spécifique de la sociologie, sans oublier non plus que cette intention était inséparable, au siccle dernier, des conceptions philosophiques et d'un idéal politique.t Raymond Aron.
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Les trois écritures : langue, nombre, code
Clarisse Herrenschmidt
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 10 Mai 2007
- 9782070760251
Spécialiste des langues, des religions et des civilisations de l'Iran avant l'islam, mais aussi de la Grèce ancienne, Clarisse Herrenschmidt étudie l'histoire des écritures de l'homme occidental, depuis les bulles à calculi de Sumer (Iraq) et de Suse (Iran) jusqu'à l'Internet, en passant par le Moyen- et le Proche-Orient, le monde grec et l'Europe.
En procédant à la synthèse de ses travaux, elle entreprend de comparer trois systèmes d'écriture, les situant dans le contexte où ils ont vu le jour : les modes d'écrire les langues (dont l'invention date de 3300 avant notre ère environ), ceux d'écrire les nombres sur la monnaie frappée (l'écriture monétaire arithmétique commence vers 620 avant notre ère, en Ionie), enfin l'écriture informatique et réticulaire, fondée sur un code (qui naît entre 1936 et 1948, puis se prolonge par celle des réseaux à partir de 1969 aux États-Unis). En décrivant leurs caractéristiques propres, elle cherche aussi à en analyser les structures communes et à montrer en quoi ces systèmes imprègnent le rapport au monde de leurs usagers. Au carrefour de plusieurs disciplines, la philologie, l'histoire, l'anthropologie et la linguistique, son enquête explore les nombreuses implications sur l'homme de cette « aventure sémiologique unique », désormais planétaire, dont il est fait le récit étonné et étonnant.
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Le désenchantement du monde ; une histoire politique de la religion
Marcel Gauchet
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 2 Avril 1985
- 9782070703418
Il est des ouvrages qui, très vite, s'imposent comme des classiques contemporains. Depuis sa parution en 1985, cette Histoire politique de la religion est tenue pour telle. L'ouvrage comble, il est vrai, une grande lacune, depuis les travaux pionniers de Durkheim, Max Weber et Rudolf Otto, en rendant au sujet la place qu'il mérite. Car le religieux a modelé activement, et plus profondément qu'il n'y paraît, la réalité collective dans toutes les sociétés jusqu'à la nôtre, en particulier les formes politiques. Marcel Gauchet propose un renversement de perspective : on a voulu voir l'histoire des religions comme un développement ; or la religion pure est au commencement. Ce que nous appelons «grandes religions» correspond, en fait, à autant d'étapes d'une mise en question du religieux dans sa rigueur primordiale. De ce point de vue, il faut mesurer la spécificité révolutionnaire du christianisme et son rôle à la racine du développement occidental. Marcel Gauchet caractérise le devenir des sociétés contemporaines, depuis l'essor des techniques jusqu'à l'enracinement des procédures démocratiques, comme un mouvement vers une société hors religion. Le monde d'aujourd'hui ne s'explique que par la sortie et l'inversion de l'ancienne économie religieuse. Sa particularité, c'est le désenchantement du monde.
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Court traité du paysage
Alain Roger
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 5 Septembre 1997
- 9782070749386
Le livre d'Alain Roger essaie de combler un vide. En dépit de la prolifération des publications dont le paysage fait l'objet depuis une vingtaine d'années, nous manquons d'un véritable traité théorique et systématique. Aussi l'auteur s'attache-t-il à exposer, dans une langue accessible au plus large public, les principales questions que soulève, aujourd'hui, la notion, si maltraitée, de «paysage». On trouvera donc ici une histoire du paysage occidental - Campagne, Montagne, Mer -, ainsi qu'une réflexion sur les débats qui divisent actuellement les spécialistes : quels sont les rapports du paysage et de l'environnement ? Qu'en est-il de cette mort annoncée du paysage ? Quelle politique convient-il de mener dans ce domaine ? L'ouvrage est engagé. Il dit son refus de tous les conservatismes. Il se veut aussi ludique - le paysage peut-il être érotique ? - et, surtout, optimiste. L'hommage aux artistes qui, siècle après siècle, ont inventé nos paysages se double d'une confiance fervente en tous ceux qui poursuivront cette aventure esthétique, à condition que nous ne restions pas prisonniers d'une conception frileuse et patrimoniale du paysage.
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Essais d'iconologie ; thèmes humanistes dans l'art de la Renaissance
Erwin Panofsky
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 26 Avril 1967
- 9782070248872
L'iconologie consiste, à travers l'analyse des thèmes artistiques, à reconstituer l'histoire de l'imagination créatrice. Erwin Panofsky en est le plus prestigieux représentant. Il a fondé l'histoire de l'art, à l'époque dominée par des explications psychologiques, physiologiques et esthétiques, ou réduite à une description iconographique assez naïve, comme une science d'interprétation. Ainsi s'attache-t-il particulièrement à suivre les métamorphoses de traditions antiques : le temps, l'amour, la mort ou la genèse du monde. Ce sont autant de petites odyssées étranges et savantes, dont les épisodes consistent en fusions et confusions de concepts et d'images, en malentendus, oublis, résurrections et renaissances de toute sorte. Et soudain voici que l'énigme d'une oeuvre se résout : la chimie artistique a donné au thème un sens nouveau. L'humanisme de la Renaissance n'occupe une si grande place dans l'oeuvre de Panofsky que parce qu'il était précisément, dans sa poursuite de tous les «retours aux sources», l'agent par excellence de ces cristallisations. Un exposé lumineux du système néoplatonicien montre à quel point, dans cette doctrine des «résurrections» humanistes, tout confirme la prédominance de la pensée imageante sur la pensée discursive ; le monde matériel lui-même n'est qu'image, il appelle pour ainsi dire une iconologie qui donnerait accès à son sens.
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L'avènement de la démocratie Tome 3 : A l'épreuve des totalitarismes, 1914-1974
Marcel Gauchet
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 21 Octobre 2010
- 9782070786244
Dans le sillage de la crise du libéralisme examinée dans le volume précédent, ce troisième volume est consacré à la crise totalitaire sur laquelle débouche la Grande Guerre. Il s'efforce d'en établir la signification dans l'histoire de la démocratie. Les totalitarismes ne se contentent pas, en effet, de combattre les démocraties «bourgeoises» comme si elles leur étaient étrangères, ils en procèdent. Ils leur lancent un défi qu'elles sont mises en demeure de relever. D'où ont-ils pu sortir? Au-delà des circonstances, ils ont partie liée avec des idéologies d'un genre nouveau, nées autour de 1900, à l'enseigne de la révolution et de la nation. Marcel Gauchet en retrace la genèse. Elles sont à comprendre, montre-t-il, comme des «religions séculières», c'est-à-dire des antireligions religieuses résultant d'une phase spécifique et périlleuse du processus de sortie de la religion. Le coeur de l'ouvrage est formé par la reconstitution des trois expériences qui méritent le nom de totalitaires au sens strict:le bolchevisme, le fascisme et le nazisme. L'accent est porté sur la dynamique qui les anime, voie royale pour en appréhender l'essence à partir de leurs contradictions intimes. Mais l'intérêt de la perspective est aussi d'éclairer par contraste les transformations profondes qu'a connues la démocratie. Les grandes réformes politiques et sociales d'après 1945 prennent tout leur sens en tant que réponses au défi totalitaire. Au vrai, la «démocratie libérale» telle que nous la connaissons aujourd'hui est issue de cet effort pour surmonter les failles dont se nourrissaient les refus totalitaires. Le XX? siècle n'a pas été seulement le théâtre de tragédies sans exemple. Il a été également le siège d'une réussite aussi méconnue que décisive qu'il n'est que temps de tirer de l'ombre.
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Économie et politique en France Tome 1 : de la Gaule romaine à 1789
Jacques Mistral
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 5 Octobre 2023
- 9782072948268
L'histoire du continent européen est rythmée par la lente formation d'États-nations dont la plupart sont aujourd'hui membres de l'Union européenne. Cette histoire est aussi fascinante que paradoxale. Si l'on s'intéresse aux similitudes, on remarque partout un assemblage de capitalisme, de démocratie et d'individualisme. Si l'on s'intéresse aux particularismes, on observe que chacun de ces États-nations s'est construit au fil des siècles selon un processus qui lui est propre. Le présent ouvrage donne à voir ce qui rend la France d'aujourd'hui, comme celle de 1789, comme celle du Moyen Âge, à la fois si proche et si différente de l'Angleterre, de l'Allemagne ou de l'Espagne aux mêmes époques. La méthode mise en oeuvre à cette fin se déploie sur deux plans. L'actualité, l'histoire contemporaine nous convainquent en effet aisément que la vie de la nation est rythmée par les interactions de l'économique et du politique. Le pouvoir politique comme l'activité économique sont toujours en mouvement, ils peuvent amener la société à saisir de nouvelles opportunités, à transformer les conditions du vivre-ensemble, ou bien figer la nation dans l'immobilisme et le conflit, l'ouvrir aux vents du grand large ou la replier sur son territoire et sur ses traditions. Cet ouvrage est donc à la fois récit historique et essai de sciences humaines ; son originalité consiste à mêler étroitement l'économique, les forces qui déterminent les conditions matérielles d'existence, la richesse, et le politique, les forces qui organisent la conquête et l'exercice du pouvoir, la puissance. Ces forces donnent, conjointement, sa dynamique au mouvement de l'histoire et c'est de leur interaction que l'on peut attendre une meilleure compréhension de l'exceptionnalisme français, un régime d'économie politique à la poursuite de la gloire.
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L'échange symbolique et la mort
Jean Baudrillard
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 20 Février 1976
- 9782070293476
À la différence des sociétés primitives ou traditionnelles, il n'y a plus d'échange symbolique au niveau des sociétés modernes, plus comme forme organisatrice. C'est peut-être pourquoi le symbolique les hante comme leur propre mort, comme une exigence sans cesse barrée par la loi de la valeur. Sans doute une certaine idée de la Révolution depuis Marx avait tenté de se frayer une voie à travers cette loi de la valeur, mais elle est depuis longtemps redevenue une Révolution selon la Loi. Sans doute la psychanalyse tourne autour de cette hantise, mais elle la détourne en même temps en la circonscrivant dans un inconscient individuel, en la réduisant sous la Loi du Père, de la castration et du signifiant. Toujours la Loi. Pourtant, au-delà de toutes les économies, politiques ou libidinales, se profile dès maintenant sous nos yeux le schéma d'un rapport social fondé sur l'extermination de la valeur, dont le modèle renvoie aux formations primitives, mais dont l'utopie radicale commence d'exploser lentement à tous les niveaux de notre société : c'est le schéma que tente d'analyser ce livre sur des registres aussi divers que le travail, la mode, le corps, la mort, le langage poétique. Tous ces registres relèvent encore aujourd'hui de disciplines instituées qui sont ici ressaisies et analysées comme modèles de simulation. Miroir de la réalité ou défi théorique ?
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L'élite artiste ; excellence et singularité en régime démocratique
Nathalie Heinich
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 24 Novembre 2005
- 9782070774920
Une génération après que la Révolution eut supprimé les privilèges aristocratiques, une nouvelle élite apparut dans la société française : les «artistes», dont le prestige était devenu tel qu'il leur permettait de s'égaler aux plus grands, malgré l'absence de naissance, de fortune, de pouvoir. En même temps s'imposait l'idée qu'ils formaient une seule catégorie mêlant, tous genres confondus, écrivains, peintres, sculpteurs, musiciens. Et l'identité collective de cette catégorie inédite se définissait, avec la «bohème», par l'excentricité du hors normes : une élite en marge, donc. Cette situation paradoxale s'explique en partie par le statut institutionnel, économique, démographique, juridique, sémantique des activités artistiques, que reconstitue minutieusement Nathalie Heinich. Mais elle tient aussi à des facteurs de plus longue durée : les valeurs de sens commun, que révèle l'exploration des romans, des témoignages, des journaux, des correspondances. Car on ne comprendrait pas que cet étrange phénomène ait pu perdurer, s'imposant aujourd'hui plus que jamais, sans prendre en compte ces valeurs fondamentales que sont l'aspiration à l'égalité et la reconnaissance de l'excellence, la préséance du mérite et le droit au privilège. La singularité artiste offrirait-elle à notre société contemporaine, écartelée entre aristocratisme, égalitarisme et méritocratie, une solution de compromis à un élitisme acceptable par la démocratie ?
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La valeur des personnes
Nathalie Heinich
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 22 Septembre 2022
- 9782072948312
Attribuer de la valeur aux personnes est une activité familière, sur laquelle on ne s'interroge pas. Elle obéit pourtant à des règles implicites. Ce livre applique à ces règles le modèle d'analyse proposé dans Des valeurs, une approche sociologique (2017). Il fait apparaître tout d'abord une large gamme de «preuves de qualité», du statut au talent en passant par l'apparence physique ou les actes ; ensuite, le rôle décisif des «épreuves d'évaluation» comme les examens, concours, prestations publiques ; enfin «l'épreuve de la grandeur» qui fabrique dans les représentations des hiérarchies, donc des inégalités.Cette question des inégalités est particulièrement sensible aujourd'hui. Elle est abordée ici en toute neutralité, dans le seul but d'analyser, de décrire, de comprendre, selon la méthode pragmatique et compréhensive mise en oeuvre par l'auteur.
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Mythanalyse de la couleur
Hervé Fischer
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 23 Mars 2023
- 9782073006509
Ce livre fait suite aux Couleurs de l'Occident : De la Préhistoire au XXI? siècle, paru en 2019, qui portait sur une analyse sociologique des systèmes et des codes de couleurs des sociétés occidentales en relation avec l'évolution de leurs structures et de leurs idéologies. Tandis que ce premier volume évoquait le contrôle social du langage des couleurs par les pouvoirs religieux, politiques, économiques, le second aborde le pôle opposé, l'irrationalité irréductible des couleurs qui relève des mythes et des imaginaires sociaux, ceux que les pouvoirs tentent de réduire à des codes institués, mais qui leur échappent et sont célébrées dans les mystères initiatiques, les médecines douces, la poésie et les arts, nos révoltes, nos subjectivités, jusqu'à devenir des marqueurs de nos différences individuelles. On s'est toujours évertué à expliquer les couleurs. Les chromatologues scientifiques s'acharnèrent à les échantillonner, numéroter, mesurer selon d'innombrables paramètres, et à les géométriser en cercles, triangles, cônes, sphères et autres solides, voire en système planétaire. Les artistes les explorèrent selon leurs effets inconscients, leur musique, leur seule puissance visuelle, leur magie. Les médecines douces les traitèrent comme des énergies corporelles. Les modes vestimentaires, le design, les cosmétiques en exploitèrent les symboliques irrationnelles. Elles sont apparemment devenues la liberté de notre regard, de l'artiste, de l'anarchiste, et même des psychotropes. Mais elles ont toujours été et demeurent aujourd'hui les couleurs de nos mythes et en suivent donc les codes, qui varient avec eux selon les sociétés et les époques.
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La logique du vivant : une histoire de l'hérédité
François Jacob
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 3 Novembre 1970
- 9782070270989
«Le livre de François Jacob est la plus remarquable histoire de la biologie qui ait jamais été écrite. Elle invite aussi à un grand réapprentissage de la pensée.» Michel Foucault.