Au milieu du XVII? siècle, cette reine aussi énigmatique que célèbre règne dix ans en «despote éclairé» avant la lettre, puis se convertit au catholicisme et abdique, non sans continuer à jouer un rôle de premier plan dans la politique européenne, mais aussi dans la vie intellectuelle et artistique. Ce personnage qui défraya la chronique en France, à Rome et ailleurs, suscitant tour à tour - et parfois chez les mêmes - enthousiasme et détestation, était effectivement pétri de violentes contradictions, tant dans ses affections que dans ses convictions. Les historiens, sur son compte, sont aussi divisés que le furent ses contemporains. Elle fut et elle reste une énigme. Mais c'est une figure hors pair et fascinante - mêlée d'on ne peut plus près à toute l'histoire d'un siècle fort mouvementé. L'auteur met ici avec élégance son érudition à la portée du grand public, pour éclairer de façon impartiale toutes les facettes du personnage, et rendre vivants aussi bien l'Europe du grand Siècle que cette femme exceptionnelle.
Robert Brasillach est le seul écrivain notoire qui, pour avoir collaboré avec les nazis, a été fusillé. L'enquête sur son cas se lit comme un roman, riche en personnages hauts en couleur. Brasillach fait partie de l'élite intellectuelle formée par l'École normale supérieure. Il est bientôt fasciné par l'Allemagne nazie, sa violence, sa théâtralité. Il va diriger Je suis partout, hebdomadaire férocement antisémite, pro-nazi, dénonciateur de Juifs et de résistants. Mais on ne le jugera pas pour ses opinions. On le condamnera pour trahison. En janvier 1945, si Paris est libéré, la guerre n'est pas finie. C'est dans ce climat tendu que s'ouvre son procès. Alice Kaplan le raconte telle une pièce de théâtre où trois vedettes s'affrontent:Brasillach, le procureur Reboul et l'avocat Jacques Isorni, le propos s'éclairant de l'histoire personnelle et parfois du roman familial des protagonistes. L'auteur a eu accès au dossier de recours en grâce soumis au général de Gaulle et rapporte les cas de conscience, les acceptations et les refus des célébrités à qui l'on a demandé de signer en faveur du condamné. Pourquoi Camus a signé et Simone de Beauvoir a refusé. On découvre comment la mort de Brasillach va peser sur le destin de tous les personnages qui ont été mêlés à son procès. Et comment elle a continué à alimenter les débats intellectuels sur la responsabilité de l'écrivain.
La culture et l'Histoire espagnoles sont fortement marquées par le desvivirse.
Cette notion difficile à traduire, une sorte d'intensité dévorante aux prises avec la réalité, est pourtant cruciale pour comprendre notre pays voisin, à la fois proche et lointain. Afin de nous faciliter le chemin, Verena von der Heyden-Rynsch nous offre ici une plongée dans la culture ibérique. Son récit est organisé autour de trois axes : la cohabitation des trois grandes religions au Moyen Âge, l'influence de la pensée d'Érasme, et enfin, ladite philosophie du desvivirse du moraliste Gracian.
A partir de quelques données historiques clés, esquissées avec concision et clarté, l'auteur parvient à brosser un portrait très vivant de l'Espagne comme s'il s'agissait d'une personne morale et non d'un pays. En décrivant le chemin parcouru entre le IXe siècle, où le pays incarnait la tolérance interreligieuse en Europe, et l'obsession du « sang pur » du XVIe siècle, elle décèle une faille qui se renforcera encore par l'obscurantisme de la contre-réforme, malgré l'influence incontestable de la pensée érasmienne.
L'auteur parvient ainsi à dessiner un large arc de cercle dans l'histoire culturelle espagnole pour aboutir à la description d'un pays qui se languit, dans une attitude fière mais dépressive qui lui est propre, en puisant son argumentation aussi bien dans la peinture, la philosophie, la littérature que dans l'histoire politique.
Son essai lumineux touchera non seulement les lecteurs curieux de la culture espagnole, mais aussi tous ceux qui s'intéressent à l'histoire des idées en Europe ou qui s'interrogent sur la question de la tolérance religieuse.