« Hannah Arendt est l'une des intellectuelles les plus importantes du XXe siècle. Son oeuvre irrigue tant la philosophie que la politique et l'éthique.
Penseuse des chaos du monde et militante antinazie de la première heure, elle fut à la fois une combattante des droits de l'homme, une théoricienne des périls qui menacent la démocratie, une penseuse de l'antitotalitarisme et une femme engagée dans les principaux combats du siècle.
Penseuse de l'événement, philosophe de la fragilité humaine, elle a vécu dans sa chair ce qu'elle a théorisé. C'est sans doute aussi pour cette raison que son oeuvre nous bouleverse trente ans après sa mort.
J'ai tenté de mettre mes pas dans les siens, de reconstituer son itinéraire, de rencontrer ses amis et, grâce à des correspondances inédites, d'éclairer ses relations amoureuses - en particulier Martin Heidegger, avec qui elle a vécu, selon Jacques Derrida, une nouvelle histoire d'Héloïse et d'Abélard.
Ce livre se veut une enquête qui cherche à comprendre cette femme généreuse, politiquement incorrecte, d'un courage exceptionnel, qui pratiquait le culte de l'amitié comme un éros et la philosophie comme un art du savoir-vivre. »
Laure Adler.
Sans conteste, Jürgen Habermas est l'un des derniers intellectuels majeurs au niveau international. «Défenseur de la modernité» et conscience publique de la République fédérale», il est aussi un éminent penseur de l'Europe. Par ses monographies et nombreux articles, recueillis en volumes, traduits dans plus de quarante langues, il s'est acquis, en tant que philosophe, une réputation mondiale et, en tant qu'auteur, il a reçu un écho qui excède de loin le monde académique. Un tel constat conduirait aisément à en inférer que sa biographie devrait au fond être celle de son oeuvre. Mais si cette vie fascine, c'est qu'elle ne peut aucunement se résumer à une pile de livres savants. En effet, Habermas a toujours plus quitté l'espace protégé de l'univers académique pour endosser le rôle du polémiste pugnace, et peser de cette façon sur l'histoire des mentalités de l'Allemagne et de l'Europe. Aussi l'ouvrage de Stefan Müller-Doohm, à qui l'on doit déjà une biographie d'Adorno, noue-t-il deux trames:d'une part la description des allers-retours sinueux entre activité professionnelle principale et activité seconde, et d'autre part l'interdépendance entre les évolutions de la pensée du philosophe et les interventions de l'intellectuel public dans le contexte de son temps. L'action conjuguée de la réflexion philosophique et de l'intervention intellectuelle, qui caractérise l'activité de Jürgen Habermas, explique que cette biographie soit celle tant d'une vie que d'une oeuvre en devenir perpétuel.
Agile et d'accès aisé, ce livre novateur dans sa facture ne juxtapose pas un texte et des images (environ deux cents) mais les fait dialoguer.
Le texte explique et l'image questionne l'explication. On ne peut lire sans regarder ni regarder sans lire. Le sacré est un sujet crucial et d'actualité. Dans le monde d'abord, où s'enflamment guerres de religion et « chocs des civilisations », autour d'enjeux insurmontables parce que sacralisés. En France ensuite, où chaque communauté brandit son sacré à elle (génocide, viande halal, embryon, euthanasie.) pour se replier sur son périmètre et s'opposer à ses voisines.
Tandis que notre pays, obscurément, court après des valeurs fédératrices et rassembleuses. Jeunesse du sacré s'adresse à ceux qui croient au ciel comme aux autres. Aux lycéens, parce que c'est un album avec des images insolites ou cocasses. Aux enseignants, parce que c'est un mémento qui résume en termes simples des études érudites et lance des ponts entre disciplines : géographie, histoire, beaux-arts, littérature, philosophie. A l'honnête homme, parce que c'est un mode d'emploi sans jargon ni appareil de notes, qui l'aidera à faire le net dans sa tête et sa vie : « Au fond qu'est-ce qu'il y a de sacré aujourd'hui pour moi ? » Jeunesse du sacré est un livre utile pour nous débarrasser de fausses idées reçues, quitte à fâcher un peu en secouant des certitudes - la première de toutes étant celle qui confond sacré et religieux : Auschwitz n'est pas une synagogue, ni la flamme du Soldat inconnu un sanctuaire chrétien. Utile également à remettre en perspective les événements du jour dans les longues durées.
On pourra en somme faire servir ce vade mecum illustré aussi bien à l'instruction civique qu'à des méditations personnelles et à l'histoire sociale du présent, y compris dans ses aspects les plus ordinaires.
Une biographie d'Adorno s'expose à l'objection qu'il n'appréciait guère lui-même ce genre et émettait au contraire les plus expresses réserves sur le fait d'exploiter des oeuvres littéraires ou philosophiques pour parler de leurs auteurs. Assurément, Adorno a lu et utilisé des biographies, à commencer par celle de Richard Wagner, mais, s'agissant de sa propre personne, il exprimait l'espoir qu'on ferait passer ses écrits avant les accidents de son existence. Il n'eut de cesse de refuser, face à des compositions musicales ou à des textes littéraires, qu'on y cherche du vécu, des intentions subjectives, ou des affects de l'auteur. Or, ses propres textes contiennent, à de nombreux endroits, des propos autobiographiques, invitation à penser l'interdépendance entre la teneur objective de l'oeuvre et son lieu historique-ce qu'il appelait le champ de forces entre la situation historique du sujet-auteur, sa vie et son oeuvre. Cette maxime a guidé l'enquête présente : reconstruire le contexte de vie d'Adorno dans son interaction avec d'autres - notamment Kracauer, Benjamin, Mann, Horkheimer, Habermas...-, voilà ce qu'entreprend Stefan Müller-Doohm. Grâce à un corpus de sources comprenant les écrits d'Adorno, ses lettres publiées ou conservées en archives, diverses notes et transcriptions de ses cours et conférences, ainsi que ses entretiens avec des témoins contemporains.