Née du souhait de Paul Claudel de rapprocher les cultures japonaise et française, la Villa Kujoyama à Kyoto est l'une des plus prestigieuses résidences d'artistes que la France administre à l'étranger. Elle célèbre ses lauréats et leurs collaborateurs japonais à l'occasion de son trentième anniversaire.Témoignage d'une histoire plurielle de la création contemporaine sous le prisme franco-japonais, l'ouvrage rassemble plus de 200 oeuvres originales d'une surprenante diversité, émanant d'artistes exerçant dans tous les champs de la création:romanciers, photographes, plasticiens, designers, vidéastes, performers, céramistes, typographes, musiciens, metteurs en scène, architectes... Depuis les hauteurs de la ville impériale millénaire, les 72 saisons que compte le calendrier traditionnel japonais sont comme une invitation adressée aux artistes en résidence à s'imprégner de l'impermanence de la nature et de la vie dans leur processus de recherche et de création.
Toute sa vie durant, Pablo Picasso (1881-1973) a constitué de manière obsessionnelle un véritable fonds d'archives sans précédent : à sa mort, 200 000 pièces d'archives personnelles sont retrouvées (environ 20 000 manuscrits de correspondance, 11 000 extraits de son argus de presse et 15 000 photographies) auxquelles s'ajoutent de nombreux objets du quotidien rappelant des événements insolites, qui sont autant de témoignages inestimables sur sa vie intime. Derrière ce qui pourrait être perçue comme une folle sédimentation - proche du syndrome de Diogène -, Pablo Picasso, le créateur, l'enchanteur, est en réalité mu par une volonté conservatrice, qui dissimule une crainte magique, celle d'être envoûté. Le statut singulier de ces objets est lié au souvenir, à la mémoire que l'artiste y attache, au sens symbolique et imperceptible dont ils recèlent, et qui ne peut être compris sans le concours de leur propriétaire. À ces objets où vie intime et souvenirs émotionnels s'entremêlent, s'ajoutent de véritables objets-fétiches - provenant de sa collection d'arts premiers comme de sa collection d'objets personnels. Tous, selon Picasso, renferment un esprit... Superstitieux par ses origines espagnoles et italiennes, l'artiste estime que les choses possèdent un être intérieur, une âme secrète dont le but est de protéger par des moyens non pas physiques, mais magiques. À travers une galerie illustrée de ces memorabilia - des souvenirs pour lui-même, devenus des souvenirs pour les autres -, ce livre propose d'appréhender l'« Être » Picasso, en explorant une facette méconnue de l'artiste - à la fois sorcier et superstitieux -, lui qui puisait au coeur de son intimité pour exercer sa toute-puissance créatrice.
Au Thoureil, les vitraux de l'église Saint-Genulf sont le fruit de la rencontre d'un homme d'origine juive, à l'enfance empreinte de catholicisme, et d'un écrivain peintre de culture musulmane. Sise à une demi-heure au sud-est d'Angers et ancrée en bord de Loire, cette église (XIII?-XIX? siècle) s'orne désormais de vitraux imaginés par Tahar Ben Jelloun. Inspiré par ceux d'Henri Matisse, de Pierre Soulages ou de Folon sertis dans des sanctuaires méridionaux, Jérôme Clément est à l'initiative de ce projet aux multiples soutiens. Grâce à ces verrières, dont «la clarté est là pour apaiser l'esprit, lui donner une légèreté lumineuse», cette radieuse mise en couleurs, réalisée par Philippe Brissy, un maître verrier de Saumur, inscrit son syncrétisme serein dans l'histoire du patrimoine artistique et spirituel.
Si Abbas Kiarostami nous a offert des films sublimes - pour n'en citer qu'un, Le Goût de la cerise, Palme d'or à Cannes -, il ne fut pas seulement l'un des plus grands cinéastes de sa génération. Cet ouvrage est le premier qui aborde le parcours multiple et singulier de cet immense artiste - cinéma, photo, installation, vidéo, poésie... -, les contextes - historique et artistique, iranien et international - dans lesquels il s'inscrit, ses méthodes de travail et cette activité de pédagogue qu'il n'aura cessé d'exercer d'un bout à l'autre de la planète. Attentive à l'enfance et à la nature, sensible aux enjeux contemporains, l'oeuvre de Kiarostami est entièrement conçue pour le partage avec les spectateurs du monde entier - une oeuvre ouverte...
L'artiste Slavko Kopac (1913-1995) est encore peu connu pourtant il fut exposé en France et à l'étranger par André Breton, Michel Tapié, et célébré notamment par Benjamin Péret, Annie Le Brun ou Jean Dubuffet. Il fut également le conservateur de la célèbre collection d'Art brut pendant presque quarante ans. Son oeuvre est à la croisée de bien des aventures de ce siècle en prise avec le surréalisme et l'art brut mais aussi avec le primitivisme et certains courants de l'abstraction ou de l'art naïf. Les matières employées et les formats insolites tout autant que les motifs et les sujets produisent une poésie de l'étrange et du merveilleux qu'on ne trouve que rarement. Sans jamais épouser complètement un parti pris esthétique, Slavko Kopac a produit une oeuvre expressive et poignante. Une rétrospective est prévue à Zagreb (décembre 2021) puis à Paris au musée national d'art moderne et contemporain, Centre Pompidou (2024). Enfin son oeuvre est présentée à l'exposition Art brut et surréalisme qui se tiendra au LaM à Villeneuve d'Ascq en 2022.
En janvier 1954, un jeune critique nommé François Truffaut publie dans les Cahiers du cinéma un violent pamphlet qui dénonce la «tradition de qualité française» et préfigure la Nouvelle Vague. Le retentissement est tel qu'il déchaîne contre lui la jalousie virulente de nombreux confrères, mais lui ouvre les portes de l'hebdomadaire Arts-Spectacles. Truffaut y publiera plus de cinq cents articles en cinq ans. Une critique directe et sans concession, inédite dans la presse d'alors:«Pour la première fois, au lieu de dire:C'est bon! C'est mauvais! j'ai commencé à essayer d'imaginer comment ça aurait pu être bon ou pourquoi c'était mauvais.» Truffaut y pilonne les institutions et les professions du cinéma (festivals, syndicats, production...), fomente des polémiques qui resteront célèbres (Delannoy, Autant-Lara...), dresse un portrait de ses acteurs et réalisateurs de prédilection (Marilyn Monroe, James Dean, Hitchcock, Lang, Hawks, Guitry, Ophuls, Renoir...) et défend les aspirations d'une nouvelle génération (Varda, Rivette, Vadim, Bresson...). Il cultive ses goûts, affiche ses dégoûts, et le temps lui donnera souvent raison... Pour Truffaut, écrire sur le cinéma n'est qu'un viatique. Dès août 1957, il s'éloigne de la critique en réalisant Les Mistons et ses derniers articles évoquent déjà le regard d'un cinéaste...
Primitivismes:Une invention moderne cherchait à montrer comment et pourquoi l'Europe, à la fin du XIX? siècle, fait du primitif une idée essentielle:au temps de l'expansion coloniale et de la naissance de l'anthropologie, ce primitif s'incarne dans les «sauvages», les fous, les préhistoriques et les enfants. Primitivismes 2:Une guerre moderne continue l'étude des fondements et des usages de la notion jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Trois thèmes s'y tressent.Les arts d'Afrique, d'abord:ceux-ci, après avoir brièvement participé à l'histoire des avant-gardes avec Apollinaire et Picasso, sont captés dans l'entre-deux-guerres par la mode nègre qui se développe en accord avec le discours colonialiste et raciste. Elle les réduit à l'état d'objets décoratifs, sinon publicitaires. Le refus de cette appropriation, ensuite:par ses écrits, ses revues et ses actes, le surréalisme oppose l'Océanie telle qu'il la rêve à ce trop bel art nègre. Dans le même mouvement, il construit une autre histoire et une autre géographie de la création. Celles-ci donnent aux cultures amérindiennes, du Nouveau-Mexique à l'Alaska, à la préhistoire et aux peuples «barbares» anciens, la place qui leur était refusée. Cette contre-culture s'oppose au récit habituel qui veut que la Grèce soit le berceau de la civilisation. Le néoclassicisme s'imposant comme le style des totalitarismes soviétique et nazi, l'affrontement est donc idéologique et politique autant que culturel. Ainsi apparaît la notion de guerre, qui donne son sous-titre au présent volume. Quand Dada fait scandale parle grotesque et le rudimentaire, il se déclare l'adversaire des sociétés occidentales si développées, coupables des carnages de la Première Guerre mondiale. Le surréalîsme, à sa suite, attaque I'ordre du monde occidental - rationnel, standardisé, obsédé parle progrès et le profit - et veut susciter ou ressusciter le temps de la poésie, de la magie et de la liberté naturelles.
«J'ai toujours pensé que dans mon activité de critique de cinéma le reportage, l'entretien, l'hommage, l'essai et la controverse sont intimement liés. Ce livre en est le reflet. Il rassemble, en cinq grandes parties, un choix d'une cinquantaine de textes publiés sur plus d'un demi siècle. Tous témoignent d'une curiosité inlassable et d'une défense de nombreux films qui m'ont confirmé dans l'idée que le cinéma est un art vivant et novateur.» Enquêtes sur les cinémas soviétiques, sur la comédie italienne, reportages de tournage, rencontres avec Coppola ou Gainsbourg, hommages aux metteurs en scène chers à l'auteur, de Resnais à Polanski, de Sautet à Wilder, réflexions sur le statut et les limites du critique de cinéma... Michel Ciment nous fait partager la passion d'une vie consacrée au septième art.
L'oeuvre de Richard Texier ne cesse d'interroger les mystères de l'univers. Malgré l'apparente modestie utilitaire des objets de bronze présentés ici - chandelier, lampadaire, coupe, guéridon, plateau... -, l'exploration des riches possibilités d'un art du quotidien relève d'une aussi haute ambition que celle affirmée par les grands tableaux ou les sculptures monumentales. L'artiste semble puiser son matériau dans la glaise originelle des marais où il a grandi, donnant aux objets des formes poétiques surgies de l'enfance et des rêves. L'univers de Richard Texier, peuplé d'arbres et d'animaux légendaires, offre la vision d'un monde dans lequel la nature aurait retrouvé sa puissance cosmique. C'est ce qui permet à Michel Onfray, dans un texte d'ouverture particulièrement pénétrant, de définir la mythologie quantique de Richard Texier.Ce livre est le prolongement de l'exposition Richard Texier, Lumière qui s'est tenue à la Galerie Downtown, à Paris, en décembre 2019.65 oeuvres en bronze reproduites - à la fois objets usuels et objets d'art.
Jamais n'a été proposé une visite aussi particulière, aussi étonnante : à l'intérieur de la Comédie-Française sont disposées - sur trois étages - quarante loges réservées aux soixante sociétaires et pensionnaires de la troupe. Une même clé ouvre toutes ces loges qui chacune raconte une histoire de théâtre, de scène, de mots de Molière et d'autres auteurs, de rythmes, de scansions et de phrasés. Avant-propos par Éric Ruf et Alain Borer (sous réserve).
« Je n'ai vu la Beauté que trois fois dans la vie, la Beauté absolue, celle qui vous prend sur ses genoux, évidence indiscutable, coup de poing au plexus souffle coupé, extase instantanée, satori au cours duquel tout comprendre et se taire à la fois : - la première en accédant au plafond de la chapelle Sixtine...- la seconde en découvrant le bleu des mers du Sud, qui ne se transporte d'aucune façon, et que l'on n'a jamais retrouvé nulle part ailleurs que dans le fameux vitrail de Chartres, ce bleu cyan unique dont on a perdu le secret de fabrication.- la troisième ? Ce fut de me trouve seul devant (sinon dans) l'affiche L'Humour jaune, Boulevard Pasteur, février 1953, un matin de 2008, au Centre Pompidou, un choc dont ce livre tente encore de rendre compte : ce fut l'éclair ; et la détonation se produisit le lendemain matin très tôt, dans la station de métro assemblée nationale » (A. B.)
De la « semaine d'art » fondée par Jean Vilar en 1947 au plus grand rendez-vous théâtral du monde, le Festival d'Avignon est devenu une légende. Le théâtre s'y est comme forgé et refondé dans la nuit, dans les pierres, dans la ville, soudain partagé par un public qui sortait enfin des salles fermées.
Tous les grands noms du spectacle vivant y ont défilé, et Avignon est devenu le témoin de questions essentielles. Fer de lance de l'idée du théâtre populaire, moteur de la décentralisation, laboratoire des politiques culturelles, espace d'invention d'un public, scène miroir du monde et de ses crises, le Festival reste une manifestation éminemment contemporaine dans ses implications politiques et esthétiques.
À l'occasion de la soixante-dixième édition du Festival, Emmanuelle Loyer et Antoine de Baecque réactualisent ce travail magnifiquement documenté avec le récit de ces dix dernières années.
Ils s'attardent tout particulièrement, dans le dernier chapitre, sur l'impulsion donnée par le nouveau directeur, auteur et metteur en scène, Olivier Py qui préface cette nouvelle édition.
Nouvelle édition augmentée
Du 6 octobre au 15 mars 2020, aura lieu dans le magnifique écrin du château de Chambord, une exposition consacrée au sculpteur Susumu Shingu, considéré aujourd'hui comme l'un des artistes les plus importants de la scène contemporaine japonaise. Le travail de l'artiste, basé sur les éléments naturels : l'eau, le vent, la gravité, entre en résonnance avec la commémoration des cinq cent ans ans de la mort du génie de la Renaissance, Leonard de Vinci.
Le catalogue de l'exposition « Susumu Shingu - une utopie d'aujourd'hui » a été réalisé par l'artiste lui-même. Des textes de l'architecte Renzo Piano ou du chorégraphe Jirí Kylián viennent témoigner du travail du sculpteur.
La minutieuse enquête de Rémy Campos, menée à partir d'une photographie conservée dans un album de famille, nous invite à sauter à pieds joints dans le décor de la plage de Houlgate pour y retrouver le compositeur Claude Debussy et sa famille, venus en villégiature au mois d'août 1911 dans cette station balnéaire fréquentée par le grand monde. L'étude de cette image et de clichés pris par des amateurs, dont Jacques-Henri Lartigue, ainsi que de dizaines de cartes postales permet de révéler les us et coutumes d'un monde très codifié mais aussi la part plus intime, presque banale, de la vie d'un artiste à une époque où la capture d'images à l'insu des individus concernés est déjà monnaie courante.
Caprice de dirigeant, publicité déguisée, acte de charité ou supplétif d'un État nécessiteux...
Loin de ces stéréotypes éculés, le mécénat offre depuis quelques années un lieu de rencontre intelligent, parfois stratégique, entre les puissances du marché et l'intérêt général.
Fruit d'une démarche volontariste dans laquelle les collaborateurs ont désormais toute leur place, le mécénat nous révèle un autre visage de l'entreprise : une communauté engagée autour de valeurs humanistes, qui s'appuie aussi bien sur ses savoir-faire individuels et collectifs que sur ses capacités financières.
Ce livre s'attache à montrer cette réalité, à l'heure où le mécénat connaît un essor sans précédent et où la crise du capitalisme pourrait lui donner un rôle accru. Car, de la solidarité de quartier à l'action humanitaire, de la culture à la recherche et du sport à l'environnement, il intervient au coeur de ce qui fait notre avenir commun. Cet ouvrage très documenté nous fournit les clés pour comprendre pourquoi et comment le mécénat d'entreprise s'est constuit et développé. Il se veut aussi une initiation aux procédures et aux pratiques des entreprises mécènes et de leurs partenaires, un compagnon de route pour tous les acteurs du mécénat d'aujourd'hui.
Des films de cinéma, vous en voyez sans cesse. À la longue ils autont été une part de votre vie, tout un ciel de votre mémoire. Mais comment se tourne un film, vous ne saviez pas. L'urgence, l'entraide, la fatigue, font que tous, acteurs, réalisateurs, techniciens, vivent intensément ce qu'ils vivent, entre drames et plaisanteries. C'est un film aussi, parfois plus tendu que ce qu'ils tournent. À les écouter, on croirait les voir, chacun tel qu'il est, dans son caractère et ses émotions.
Avec ses toiles immenses posées à même le sol de son atelier à Amsterdam, Eli Content réinterprète la première semaine de l'humanité. Tel un scribe, il inscrit au sein de ses peintures les premières lettres de l'alphabet hébreu, inspiré par la kabbale selon laquelle elles furent créées en premier.
Si les lettres de l'alphabet nourrissent ses images, comme l'écrit Jean Mattern, c'est peut-être pour nous dire que s'il existe un temps d'avant, il est celui de l'alphabet. Ainsi la création de l'univers et les mots auraient partie liée pour toujours. Avec cette explosion de couleurs et de formes, Eli Content nous invite à relire une histoire que nous croyons connaître.
« Le récit de la création est une des plus belles histoires jamais racontées selon moi. Qu'elle soit vraie ou non m'importe peu. Cette histoire m'enchante. Comme elle parle du monde, de l'humain, des animaux et des arbres, elle ne peut qu'être vraie à mes yeux ! » E.C.