Malgré l'amour qu'il porte à son épouse, la belle Laudine, le chevalier Yvain s'en va combattre aux côtés du roi Arthur. Il a fait le serment de revenir au bout d'un an. Mais il manque à sa promesse et perd l'amour de Laudine... Désespéré, Yvain erre alors d'aventure en aventure, suivi par un lion à qui il a sauvé la vie. Saura-t-il gagner, par l'éclat de ses prouesses, le pardon de celle qu'il aime ?
Achevant le récit inauguré avec le lancelot en prose et poursuivi dans la quête du saint graal, la mort du roi arthur dit la fin des aventures au royaume de logres et la mort des héros de la table ronde.
Sombres temps que ces temps d'après graal marqués par la haine, le soupçon, la trahison. et que reste-t-il à accomplir aux chevaliers d'élite après galaad, qui a mené à bien la plus haute des aventures ? la violence se déchaîne et du coeur même de la communauté arthurienne vient le coup fatal: mordret, le fils incestueux d'arthur, se dresse contre son père à salesbières et tandis que leurs hommes s'exterminent, le père tue le fils et le fils blesse à mort le père.
Mais la mort du roi arthur comporte aussi sa part de lumière. a travers le personnage de lancelot, elle propose l'image d'un héros capable des plus hauts dépassements, réussissant jusqu'au bout à concilier l'inconciliable : son amour pour la reine et celui qu'il porte au roi, sa mort en odeur de sainteté et une absolue fidélité à son passé de chevalier et de fin amant. l'auteur construit une intrigue sans faille dans laquelle s'enchaînent méticuleusement événements et décisions qui mènent au désastre, tout en préservant, malgré la disparition des aventures, un halo de merveilleux en totale harmonie avec cette fin d'un monde et d'un rêve.
De la production littéraire du moyen age français, le lecteur moderne ne connaît guère que quelques noms et quelques oeuvres, la plupart justement célèbres. le pari de cette nouvelle collection est de leur donner une plus large diffusion en proposant des éditions remises à jour, assorties de traductions originales et de tout ce qui peut en faciliter la compréhension. mais il a paru tout aussi important d'associer à ces valeurs établies des oeuvres moins connues, souvent peu accessibles, capables cependant de susciter à leur tour le plaisir de la découverte.
Un chevalier énigmatique, surgi d'une forêt profonde, en quête d'une reine enlevée par un être de l'autre monde ; un auteur qui, tout soucieux qu'il est de complaire à sa mécène, délègue à un autre clerc le soin d'achever son récit ; un titre provocant qui, rattaché à l'univers arthurien,
annonce le bouleversement des valeurs établies au nom de l'amour ; un roman déconcertant qui multiplie à loisir les jeux de pistes, brouille à plaisir les repères convenus, ménage des silences. Avec le Chevalier de la Charrette, Chrétien invente une formule et une figure romanesques
inédites, celle d'un roman qui cherche à définir la place du fin'amant dans le monde arthurien et, dans l'ombre de Tristan, celle du chevalier amoureux fou de la reine qui lui donne son identité - et pas seulement son nom - et dicte sa conduite, en soumettant sa carrière héroïque aux exigences de la passion. Le romancier champenois réunit tous les ingrédients pour créer un couple mythique, dont le Lancelot en prose s'attachera à relater le parcours en plongeant dans les arcanes du désir et de la jouissance. Mais cette " lecture " rétroactive qui, sans nul doute, trahit notre approche en comblant systématiquement les blancs laissés en suspens dans le texte en vers ne saurait masquer ni la profonde originalité, ni la part irréductible de mystère d'où naît peut-être le roman.
De la production littéraire du Moyen Âge français, le lecteur moderne ne connaît guère que quelques noms et quelques oeuvres, la plupart justement célèbres. Le pari de cette nouvelle collection est de leur donner une plus large diffusion en proposant des éditions remises à jour, assorties de traductions originales et de tout ce qui peut en faciliter la compréhension. Mais il a paru tout aussi important d'associer à ces valeurs établies des oeuvres moins connues, souvent peu accessibles, capables cependant de susciter à leur tour le plaisir de la découverte.
Edition bilingue, établie, traduite, présentée et annotée par Jean Dufournet, Laurence Harf-Lancner, Marie-Thérèse Medeiros et Jean Subrenat Il n'existe pas un mais des Romans de Renart, plusieurs collections, plusieurs anthologies d'histoires, de « branches » conservées par des manuscrits différents dont chacun présente son Roman de Renart. On trouvera ici le texte du manuscrit de Cangé (B), précédemment édité par Mario Roques. Ses vingt branches offrent les principales étapes de la carrière de Renart, de sa naissance (branche III, Les enfances de Renart) à son apothéose impériale (branche XX, Renart empereur). Tout se passe comme si les auteurs avaient voulu faire un bouquet flamboyant de tous les types de mésaventures agréables ou malheureuses de Renart jusqu'à ce qu'il obtienne une place de choix, probablement définitive, à la cour.
Le plus remarquable est la cohérence littéraire et idéologique de cette oeuvre construite en plusieurs décennies par des auteurs divers, conscients de leur participation à une oeuvre collective.
Les récits du premier tour du monde imaginaire, entre gravité et fantaisie, science et folklore médiévaux. Un best-seller du Moyen Âge !
Présenté comme un récit de pèlerinage en Terre sainte suivi d'un voyage en Orient, le Livre de Mandeville (1356) est une habile compilation d'ouvrages récents, écrits par des voyageurs bien informés (Guillaume de Boldensele, Odoric de Pordenone, Hayton).
Toutefois, enhardi par les réflexions des savants de son époque sur la sphéricité de la terre, notre Jules Verne médiéval conduit son narrateur à s'aventurer jusqu'aux terres par-delà , espace encore inexploré où l'on croise, à côté des êtres fabuleux légués par la tradition, aussi bien Alexandre que le Prêtre Jean, dans l'intention de lui faire accomplir le premier tour du monde.
Depuis le XIXe siècle, le succès de François Villon (1431-1463 ?) ne s'est plus démenti. Sa vie, réelle ou légendaire, fascine ; son oeuvre a inspiré écrivains, illustrateurs et compositeurs. Des chanteurs comme Georges Brassens ont définitivement assuré son succès auprès d'un large public, surtout en France. Mais, si le " povre escollier " est le plus célèbre parmi les poètes du Moyen Âge, il reste à nos yeux un auteur des plus difficiles à cerner. Les multiples études qui lui sont désormais consacrées placent les ballades, le Lais et le Testament sous des éclairages trop changeants pour ne pas dérouter le lecteur. Le temps était venu de refaire le point. Grâce aux éditions d'un nombre important d'oeuvres du XVe siècle, il est aujourd'hui possible de mieux percevoir la place qui revient à François Villon entre la culture de la ville et la culture des cours, mais aussi de comprendre pourquoi cette oeuvre, si ancrée dans le Paris de son époque, en partie écrite dans le jargon des Coquillards, a pu traverser les siècles.
Ces oeuvres médiévales rassemblées constituent le prologue des trois plus anciennes épopées de la croisade.
La première édition bilingue de ce diptyque.
Les Enfants-Cygnes et La Chanson du Chevalier au cygne visent à glorifier la famille Boulogne-Bouillon en lui attribuant un aïeul mythique, parangon d'une chevalerie christique, digne du héros de la première croisade, Godefroy, " l'avoué du Saint-Sépulcre ".
Si le poète des Enfants-Cygnes rédige un conte courtois dont les éléments merveilleux sont rationalisés et christianisés, l'auteur de La Chanson du Chevalier au cygne offre une chanson de geste classique mais il l'enrichit de traits féeriques et d'aspects romanesques.
La première édition bilingue de ce diptyque retranscrit et traduit le texte du manuscrit BnF fr. 12558.
Le Chevalier au lion est l'un des romans les plus aboutis, les plus captivants et les plus attachants de Chrétien de Troyes. Sa structure savamment élaborée, sa fine analyse du coeur humain et de ses paradoxes, la quête qu'il propose d'un idéal chevaleresque nouveau, généreux et désintéressé, incarné par le lion que le titre unit au héros, confèrent à ce récit le statut de chef-d'oeuvre de la littérature médiévale.
L'édition de ce roman à partir du manuscrit 794 de la BnF rend hommage aux mérites de la copie réalisée par le scribe Guiot confrontée systématiquement à l'ensemble de la tradition manuscrite.
Dans notre mémoire littéraire, l'apparition des lais narratifs bretons a fait deux fois événement : pour les auditeurs du XIIe siècle, qui en ont fait un succès littéraire - déterminant ainsi la constitution d'un genre qui a fait école - mais aussi pour nous, lecteurs contemporains, qui n'avons cessé, depuis leur découverte, de les éditer, de les traduire, d'en commenter l'énigmatique attrait.
En proposant de lire côte à côte les lais de Marie de France et plusieurs lais anonymes, le présent volume voudrait faire apparaître la cohérence d'un corpus constitué sur plusieurs décennies. Choisis pour la richesse des résonances qu'ils offrent avec les lais de Marie, les cinq lais anonymes ici présentés bénéficient d'une édition et d'une traduction nouvelles. Les lais de Marie de France ont été traduits d'après l'édition de Jean Rychner, entièrement revue.
Édition bilingue établie, traduite, présentée, annotée et revue par Nathalie Koble et Mireille Séguy, 2018.
Le Roman de la Rose de Jean Renart est une oeuvre énigmatique qui pose encore beaucoup de questions aux lecteurs modernes. Qui est ce Jean Renart dont le nom - sans doute un pseudonyme - apparaît à la fin du roman sous forme d'une anagramme ? À quel moment du XIIIe siècle situer sa composition ? Quel en est le protagoniste ? Est-ce l'empereur Conrad, le seul à être présent du début à la fin, ou le ménestrel Jouglet, familier du prince, ou le chevalier Guillaume de Dole, comme le voulait Claude Fauchet, ou encore sa soeur, la belle Liénor, selon Claude Lachet ? Est-il antérieur ou postérieur au second Roman de la Rose, celui de Guillaume de Lorris, qui l'aurait récrit pour rivaliser avec lui ? Quoi qu'il en soit de ces questions auxquelles il sera tenté de répondre, ce chef-d'oeuvre de la littérature médiévale marque le début du mouvement qui, lentement, conduira au roman moderne. Jean Renart, par une innovation capitale, a subtilement entrelacé le texte narratif de poèmes lyriques,
Ce recueil se destine à tous ceux qui douteraient que l'érotisme ait pu exister dans la littérature médiévale. Des textes du XIIe au XVe siècle empruntés à des genres variés révèlent la manière dont s'expriment le désir et le plaisir sexuel au Moyen Âge, des premiers troubles sensuels aux voluptés charnelles les plus transgressives, de la fin amor à la luxure assumée. Ces oeuvres revendiquent la légitimité de la vie sexuelle, l'accès à la jouissance et l'intellectualisation de la sensualité. Elles présentent un large éventail de positions et de pratiques qui secouent le cadre conventionnel de la relation hétérosexuelle. Elles exposent les besoins primordiaux du corps libéré des entraves morales, religieuses ou sociales cherchant à maîtriser ou refouler ses pulsions, et le transforment en univers à explorer et à exprimer. Elles permettent de découvrir le rapport qu'entretenaient les hommes et les femmes de l'époque avec leur part charnelle, elles nous donnent accès à leurs fantasmes dans toute leur richesse et leur complexité. En matière de caresses, de comportements, de projections fantasmées, de représentations suggestives ou de sublimation par le langage et par l'art, le raffinement de l'imaginaire médiéval n'a guère à envier aux siècles ultérieurs. Chantant la vie et la vérité des corps, il ne peut laisser personne indifférent.
Parti à la recherche de la cour du Roi Pêcheur, où il a vu le Graal et la lance qui saigne, Perceval est entraîné dans une quête parallèle par une demoiselle qui exige la tête d'un Blanc Cerf en échange de son amour. Après bien des détours du côté de la féerie, Perceval retrouve le Château du Graal, où se pose la question d'une autre continuation du roman. Cette édition bilingue de la Deuxième Continuation du Conte du Graal donne accès à une nouvelle édition, accompagnée de sa traduction en français moderne, mais également aux passages les plus substantiels d'un manuscrit où ce texte était copié de manière indépendante. Il peut ainsi être lu aujourd'hui, comme il l'a été au Moyen Âge, avec ou sans le texte qu'il promettait de continuer.
Le présent volume offre une nouvelle édition du Livre du duc des vrais amants de Christine de Pizan, accompagnée de la première traduction de l'oeuvre en français moderne.
Entre 1403 et 1405, après de nombreuses oeuvres lyriques et narratives consacrées à l'amour, et à une époque où elle s'adonne plutôt à des ouvrages politiques et moraux, Christine se fait l'interprète d'un jeune duc dont elle relate l'éducation sentimentale, telle qu'il la lui a contée. S'agit-il, sous couvert d'une oeuvre de commande, de se faire le relais d'un langage courtois, essentiellement masculin ? L'oeuvre marque ses distances par rapport à la tradition et aux clichés du dit amoureux. Elle prend la forme d'un récit polyphonique entremêlant vers et prose, clos par un recueil lyrique. Au travers de lettres et de poèmes, Christine fait entendre également les voix féminines, et souvent discordantes, de la dame et de sa gouvernante, Sibylle de la Tour. Aussi peut-on lire la dernière fiction romanesque de l'auteur, dans le prolongement du débat sur Le Roman de la Rose auquel Christine prit part au tournant du XVe siècle, comme une nouvelle pièce à charge à verser au dossier des illusions de l'amour.
Rédigé vers 1176, après Erec et Enide, avant Yvain, Lancelot et Perceval, Cligès n'est pas, contrairement à ces quatre récits, un roman arthurien : les deux héros, Alexandre et son fils Cligès, sont Grecs et vivent à Constantinople. Chrétien les fait évoluer entre Constantinople, leur
patrie, et la Bretagne du roi Arthur, en un va-et-vient perpétuel entre l'Est et l'Ouest, entre l'Occident et l'Orient, réunis en la personne de Cligès, petit-fils de l'empereur de Constantinople et petit-neveu du roi Arthur. Dans ce cadre oriental, Chrétien entrelace une histoire d'amour calquée
sur la légende de Tristan et Iseut et le conte de la fausse morte qui abuse son mari pour fuir avec son amant, en exploitant très ostensiblement toutes les ressources de la rhétorique. Les meneurs du jeu ne sont pas les amants, Cligès et Fénice, mais leurs serviteurs, Thessala la magicienne et
Jean l'architecte, deux maîtres dans l'art de l'artifice et de l'illusion, dont les talents peu communs sont à l'image des pouvoirs quasi magiques de la création littéraire.
De la production littéraire du Moyen Âge français, le lecteur moderne ne connaît guère que quelques noms et quelques oeuvres, la plupart justement célèbres. Le pari de cette nouvelle collection est de leur donner une plus large diffusion en proposant des éditions remises à jour, assorties de traductions originales et de tout ce qui peut en faciliter la compréhension. Mais il a paru tout aussi important d'associer à ces valeurs établies des oeuvres moins connues, souvent peu accessibles, capables cependant de susciter à leur tour le plaisir de la découverte.
Dans la longue histoire de la fable, d'Ésope et Phèdre à La Fontaine, le Romulus de Nilant occupe une place unique. Probablement composé pour les écoles de la Renaissance carolingienne, ce recueil de fables latines est le meilleur représentant d'une tradition qui servit de socle à l'éducation pendant tout le Moyen Age. Son auteur s'est inspiré des récits frustes qui subsistaient à la fin de l'Antiquité pour composer un recueil dans une langue aussi classique qu'élégante. Son but : fournir à ses élèves un manuel de latin mais également d'initiation à la rhétorique.
Sous sa plume sont rassemblés aussi bien des classiques du genre comme Le corbeau et le renard que d'autres apologues tout aussi connus, qu'ils traitent de politique, fassent l'éloge de la liberté ou prennent des formes incongrues (L'homme enceint). Sa réussite se mesure à son influence : le Romulus de Nilant a été lui-même maintes fois imité et a notamment servi à la première mise en français du genre dans les Fables de Marie de France.
Composé au début du XIIIe siècle, Merlin est une oeuvre pionnière. Premier roman en prose de la littérature française, il est aussi le premier à rapprocher le héros de la figure de l'auteur et à concevoir le récit à la fois comme une entité autonome et comme le point central de cycles romanesques plus vastes consacrés au Graal. Il donne à la chevalerie bretonne une mission nouvelle, la quête de ce vase sacré, symbole de rédemption. Il innove également en proposant une lecture cohérente et signifiante du personnage de Merlin, fils du diable sauvé par Dieu, puissant devin et magicien, conseiller des princes et prophète du Graal. Parmi la cinquantaine de manuscrits conservant ce texte et attestant de son succès à l'époque médiévale, le ms. A'-BnF 24394 était resté inédit jusqu'à présent. Éditée et traduite ici pour la première fois, cette copie remarquable permet de mieux mesurer les multiples richesses recélées par ce roman fondateur.
Dans le corpus des contes à rire, les fabliaux qui mettent en scène des protagonistes de naissance noble méritent d'être étudiés séparément : le jongleur devait en effet faire rire un auditoire de cour - qui le rétribuait -, en malmenant parfois les héros bien nés et certaines conventions courtoises.
Il s'en tirait sans mal si le rire pouvait éclater aux dépens d'un prêtre cupide (Le Prêtre et le Chevalier), d'un paysan anobli (Bérengerau long Cul, d'un bourgeois (le Fouteur), d'une dame autoritaire et acariâtre (La Mégère émasculée). Tous les acteurs d'un petit drame courtois peuvent même échapper au ridicule (Guillaume au Faucon), et le comique vient alors de l'habileté avec laquelle un jeu de mots grivois permet de dénouer l'intrigue...
Jean-Luc Leclanche a procuré une édition avec traduction de ces textes alertes, peu connus, rarement édités, dont certains n'avaient jamais été traduits.
Il a joint, à titre documentaire, deux textes brefs qui ne sont pas des fabliaux mais qui peuvent aider à comprendre le rire courtois : Les Putains et les jongleurs, et le Lai du Libertin.
Composé vers 1170, le Tristan de Thomas remodèle en profondeur une tradition déjà solidement constituée.
Aux péripéties héroïques et amoureuses, l'écrivain préfère l'exploration minutieuse du désordre amoureux. D'un fragment à l'autre s'approfondissent la pitié, l'incompréhension et la peur qu'inspirent au moraliste la passion, ses tourments et ses pièges, et l'impossible maîtrise, au coeur de l'homme, des forces du désir.
Le scénario des deux Folies se fonde sur une mémoire du texte tristanien dont le héros lui-même met en scène les moments clés.
Mais peut-on impunément plier le langage au jeu dérisoire de la folie ? Tristan échoue à se faire reconnaître d'Yseut : l'instinct du chien est plus efficace que l'amour de la femme. Autre manière de dire l'impuissance du langage à révéler la vérité de l'être ?
Le Couronnement de Louis, composé entre 1131 et 1150, est la plus ancienne chanson de geste appartenant au Cycle de Guillaume d'Orange. Fondée en partie sur des données historiques mêlant des souvenirs carolingiens à des réalités et des rêves capétiens, cette oeuvre est un chastoiement politique, illustré par un guerrier exemplaire qui lutte obstinément contre les Sarrasins et les factieux, et défend, avec loyauté et abnégation, la Chrétienté et la monarchie héréditaire de droit divin, dont il garantit le principe, quelle que soit la personnalité du roi, aussi pusillanime soit-il.
Le poète possède le souffle épique mais il sait l'entrecouper par moments de répliques vives ou amusantes et de traits humoristiques ou burlesques. Le message convaincra d'autant plus l'auditoire chevaleresque que la chanson ne se borne pas à reprendre les techniques, les thèmes et les topiques traditionnels, mais innove en variant les tonalités et les scènes majestueuses ou légères. C'est la principale réussite du Couronnement de Louis qui ne manque pas de panache.
Cette première édition bilingue retranscrit et traduit le texte du manuscrit BnF fr. 1449, amendé seulement en cas de nécessité.
Composée en Angleterre à la fin du XIIe siècle, la chanson de Beuve de Hamptone raconte les tribulations d'un jeune héros orphelin vendu à un roi sarrasin par une mère dénaturée, et qui, à force d'exploits et de conquêtes, après avoir vengé le meurtre de son père et être rentré en possession de ses biens héréditaires, parvient à épouser une fille de roi et devient finalement roi lui-même d'un pays païen dont il a converti la population à la foi chrétienne. C'est l'un des plus anciens exemples de ces récits d'aventures échevelées, d'inspiration largement romanesque et folklorique, qui caractériseront les chansons de geste tardives. Cette histoire a connu un succès considérable, puisque, entre le XIIIe et le XVIe siècle, on en trouve au moins trois remaniements épiques et deux mises en prose en français continental, et des adaptations en vers comme en prose en moyen anglais, gallois, irlandais, norrois, néerlandais, italien, yiddish et même russe. C'est aussi un document de premier ordre pour l'étude du français tel qu'il était pratiqué à cette époque en Angleterre.
La présente édition, entièrement nouvelle, fournit en outre la première traduction de cette chanson en français moderne.
Alexandre le Grand est devenu au Moyen Age un héros de roman qui réalise à travers ses conquêtes son destin personnel.
Le récit ne se contente pas de suivre les étapes d'une biographie, il épouse les méandres d'une quête. Le guerrier et le stratège invincible, le roi généreux et courtois, le savant qui veut explorer l'Orient, le héros démesuré, le sage qui se convertit au monothéisme à Jérusalem : voilà autant de facettes d'une figure qui n'a cessé de hanter les hommes du Moyen Age. Dans le dernier quart du XIIe siècle, après plusieurs romans français (dont la version d'Alexandre de Paris), le clerc anglo-normand Thomas de Kent relève le défi d'écrire une nouvelle fois la vie du conquérant macédonien.
Avec l'adaptation de longs fragments d'encyclopédie sur les merveilles de l'Orient et la création d'une oeuvre hybride, aux frontières de la chanson de geste, du roman d'aventures, du texte scientifique, il joue un rôle de pionnier dans l'évolution du " roman " médiéval.
Le présent livre offre la traduction intégrale du premier volume des Poésies de Charles d'Orléans, poète lyrique du XVe siècle, d'après l'édition de Pierre Champion parue dans la collection des Classiques Français du Moyen Age, n° 34, chez H.
Champion. De nombreux poèmes sont traduits pour la première fois, en particulier des chansons, des complaintes et des caroles, et quelques poèmes anglais et latins du duc, ainsi que des textes d'auteurs de son cercle littéraire. Ce livre entend donc fournir un outil d'accès à l'oeuvre d'une des figures majeures de la fin du Moyen Age et du patrimoine littéraire. L'introduction est inspirée par les recherches récentes sur le duc d'Orléans et sur la lyrique de la fin du Moyen Age ; les notes apportent des éclairages sur le contexte littéraire, historique, culturel et ouvrent des pistes de lecture.
Le glossaire, renouvelé par rapport à celui de P. Champion, propose enfin un apport complémentaire à la traduction pour faciliter la lecture du texte original.