Azincourt, un joli nom de village, le vague souvenir d'une bataille perdue. Ce 25 octobre 1415, il pleut dru sur l'Artois. Quelques milliers de soldats anglais qui ne songent qu'à rentrer chez eux se retrouvent pris au piège par des Français en surnombre. Bottés, casqués, cuirassés, armés jusqu'aux dents, brandissant fièrement leurs étendards, tous les aristocrates de la cour de France se précipitent pour participer à la curée. Ils ont bien l'intention de se couvrir de gloire, dans la grande tradition de la chevalerie française. Aucun n'en reviendra vivant. Toutes les armées du monde ont, un jour ou l'autre, pris la pâtée, mais pour un désastre de cette ampleur, un seul mot s'impose:grandiose!Avec la verve qu'on lui connaît et son sens du détail qui tue, Jean Teulé nous raconte ces trois jours dantesques où, sous une pluie battante, des milliers d'hommes se sont massacrés dans un affrontement sanglant d'autant plus désastreux que cette bataille était parfaitement inutile.
Le 26 mai 1964, un enfant parisien sort de chez lui en courant. On retrouvera son corps le lendemain matin dans un bois de banlieue. Il s'appelait Luc. Il avait onze ans. L'affaire fait grand bruit car un corbeau qui se dit l'assassin et se fait appeler « l'Étrangleur » inonde les médias, les institutions et les parents de la victime de lettres odieuses où il donne des détails troublants sur la mort de l'enfant. Le 4 juillet, il est arrêté. C'est un jeune infirmier, Lucien Léger. Il avoue puis se rétracte un an plus tard. En 1966, il est condamné à la prison à perpétuité. Il restera incarcéré quarante et un ans, sans jamais cesser de clamer son innocence.
Avec son style inimitable, Philippe Jaenada reprend minutieusement les éléments du dossier et révèle que, par intérêt, lâcheté, indifférence ou bêtise, tout le monde a failli, ou menti. Alors il se penche sur Solange, la femme de l'Étrangleur, seule et vibrante lumière dans la noirceur.
À travers ce fait divers extraordinaire, il fait le portrait de la société française des années 60, ravagée par la deuxième guerre mondiale mais renaissante et, légère seulement en apparence, printemps trompeur de celle qui deviendra la nôtre.
J'ai vécu ce que j'avais à vivre et aimé du mieux que j'ai pu. Si je n'ai pas eu de chance ou si je l'ai ratée d'un cheveu, si j'ai fauté quelque part sans faire exprès, si j'ai perdu toutes mes batailles, mes défaites ont du mérite - elles sont la preuve que je me suis battu.Algérie, 1914. Yacine Chéraga n'avait jamais quitté son douar lorsqu'il est envoyé en France se battre contre les «Boches». De retour au pays après la guerre, d'autres aventures incroyables l'attendent. Traqué, malmené par le sort, il n'aura, pour faire face à l'adversité, que la pureté de son amour et son indéfectible humanité.Les Vertueux est un roman majeur, la plus impressionnante des oeuvres de Yasmina Khadra.
La nuit dernière, j'ai rêvé encore de Dona Gracia.Sur elle j'avais lu beaucoup de livres qui me la montraient tout en me la cachant. Soudain elle m'apparaissait telle qu'en elle-même, vivante et traversant le temps, de la Renaissance au XXI? siècle. Je savais qu'elle était une construction, un double qui se multipliait à travers l'écriture de l'autrefois. Mais je savais aussi que j'avais besoin d'elle aujourd'hui. Qu'elle m'offrait ce modèle de vie que j'avais recherché dans d'autres femmes de l'Histoire et de mon histoire. Qu'elle me tendait ses fils pour débrouiller l'écheveau.Née nouvelle-chrétienne en 1510 et morte juive en 1569, dona Gracia voua son immense fortune à soudoyer les grands pour fuir l'Inquisition, tout en venant en aide aux juifs convertis persécutés dans l'Europe catholique de Charles Quint. De Lisbonne à Anvers, Venise et Ferrare, elle accomplit un invraisemblable périple pour finir à Constantinople, où le sultan Soliman le Magnifique l'accueillit, elle et les siens. De la Corne d'or, elle décréta l'embargo sur Ancône, port des États pontificaux, et construisit un havre pour les opprimés à Tibériade. Pour la première fois, les juifs et les marranes se dressaient face à la haine, sous la bannière d'une femme.
Réunis au Café de l'Univers, quelques amis de longue date conviennent de raconter chacun à tour de rôle une histoire remarquable puis d'en tirer une morale, une leçon - ou même plusieurs.Dans son style vigoureux et drolatique où l'ironie le dispute à la compassion, Fouad Laroui nous offre ici un florilège surprenant et vivifiant qui remet en perspective beaucoup de certitudes qui structurent les étranges sociétés où nous sommes condamnés à vivre.
Il adorait ses parents. Joyeux, déjantés, imprévisibles, la vie à leurs côtés était un tourbillon de fantaisies. Jusqu'à cette nuit où ils ont couru vers la mer pour un bain de minuit, oubliant la falaise. Le chagrin causé par leur mort est immense. Désormais, son quotidien routinier lui semble dérisoire. Il décide de changer radicalement d'existence.Abandonnant ses certitudes, il s'installe à la Plateforme : un treizième étage entièrement vide où il a évolué pendant son enfance. L'endroit idéal pour laisser libre cours à son imagination et se réapproprier chaque journée, chaque heure, sans tenir compte des règles sociales. Tenter de faire son deuil grâce à deux antidotes inattendus : la fantaisie et la joie.
À l'âge où il est d'usage d'envisager un repos bien mérité, Lionel Duroy a choisi d'enfourcher son vélo et de s'en aller vers ces endroits qui l'ont toujours fasciné:la Roumanie, la Moldavie, la Transnistrie... et peut-être Stalingrad. Il avait l'idée de rouler sans autre projet que de jouir du plaisir d'exister, jusqu'à s'épuiser, pour finalement passer seul et sans cérémonie de l'autre côté. Disparaître. Il l'a tenté, mais la vie est un roman qu'il a fini par écrire.
Laura, passionnée de littérature japonaise, travaille pour la petite entreprise de peinture de son mari. A sa surprise, elle est sollicitée en urgence pour dépanner la médiathèque de sa ville et dialoguer publiquement avec l'un de ses écrivains favoris. Sa prestation est si étonnante que le romancier en parle sur les ondes d'une grande radio. Cette sortie soudaine de l'anonymat produit chez la jeune femme une étrange réaction.
Elle grandit, grandit, grandit... A cette fable menée tambour battant, Murielle Magellan mêle des extraits de son journal qui, peu à peu, mettent en perspective la remarquable évolution de la place des femmes dans la société d'aujourd'hui. A bas bruit, Géantes est aussi un vibrant hommage à la littérature et à la lecture.
Loin du milieu littéraire et en mal de contrat, François Korlowski accepte de participer à la rédaction d'un ouvrage collectif ayant pour but de célébrer les Grands Prix du roman de l'Académie française. Son travail:écrire une notice sur Alphonse de Châteaubriant, homme de lettres de sa région, Grand Prix 1921.Galvanisé par cette proposition de la Coupole, l'auteur rêve à une reconnaissance nationale.Ironique et tendre, Jean-François Kierzkowski nous entraîne dans les aventures fantasques de son héros qui, semblable aux personnages de Buster Keaton, provoque en toute innocence les plus surprenantes et jubilatoires catastrophes.
Vous ne me lirez peut-être pas jusqu'au bout. Peut-être vous arrêterez-vous au milieu, ou même avant.Mais j'existerai toujours, je serai toujours là, couchée sur le papier.Je serai toujours quelque chose qui n'était pas là avant.Je ne suis pas de ces histoires qui savent parfaitement où elles vont, ni par quel chemin s'y rendre. Mais je les suivrai eux. L'homme et son formulaire, la femme aux petites mains moites ou le garçon aux longues jambes et sa triste clique.Je les suivrai eux, je trottinerai derrière, juste assez longtemps pour que vous les aimiez, et ils me mèneront là où je dois aller.
Je ne crois pas avoir appris quoi que ce soit qui ne comportât pas la promesse du sourire.En vous invitant à une promenade dans ce recueil d'extraits de textes de Jacques A. Bertrand, choisis au gré de notre admiration et de l'amitié qui nous a liés, nous espérons vous offrir le meilleur de cet écrivain rare.
Elle a passé son enfance et son adolescence dans une ville ouvrière à la frontière allemande. Sa mère a eu dix enfants. Six d'un Juif autrichien et quatre d'un Algérien. Elle est la fille de l'Algérien mais porte le nom du Juif. Vive, intelligente, rebelle, rien ne l'arrête. Ni la pauvreté, ni la triste médiocrité des vies dévastées qui l'entourent, ni les événements horribles qu'elle doit affronter. Elle s'accroche à sa fratrie, aux rencontres heureuses, à cette chaleur que diffuse la solidarité des classes populaires, et surtout à sa mère, cette femme extraordinaire dotée d'un étonnant courage et d'une sagesse étrange, à qui elle voue une véritable vénération.L'auteure nous livre ici le récit abrupt et sans concession d'une jeune vie saisissante, plongée dans la France des Trente Glorieuses.Un premier roman. Un livre rare.
Silencieux et docile, Marcel n'a jamais eu, de toute sa vie, d'autres horizons que les murs de son usine. L'usine est assassine. Elle brutalise, humilie, écrase, dégrade, mutile.Dans ce roman singulier, à la fois cruel et tendre, Arthur Nesnidal utilise tous les styles d'écriture, de la prose au calligramme en passant par les formes les plus diverses de l'expression poétique et théâtrale, pour donner à ces vies effacées leur épaisseur et leur dignité.
Étienne est dévasté par la mort de son père. Un père qui était un exemple pour lui et formait avec sa mère un couple modèle. Depuis trente ans, le jeune homme n'a jamais douté de leur amour réciproque ni de leur fidélité. C'est même le socle des rares certitudes sur lequel il tente de construire sa vie.Et pourtant.Avant de mourir, son père a écrit une lettre qui lui dévoile son plus grand secret:un amour intense qui a bouleversé le cours de sa vie. Ce récit exalté va faire voler en éclats l'image idéale qu'Étienne avait de ses parents, et lui fera entrevoir que la beauté de l'existence réside parfois dans ses imperfections.
En revenant au domaine des Douves, Clovis est bien décidé à n'y rester que le temps de régler la succession de sa grand-mère, morte tragiquement dans l'incendie de sa maison. Mais nul ne revient impunément sur les lieux de sa jeunesse. À peine le seuil franchi, les souvenirs de cette enfance merveilleuse et cruelle ressurgissent avec violence. Happé par le passé, Clovis devra affronter les secrets cachés au fond des douves.
D'un naturel joyeux, poétique et inventif, Philippe a toujours su jouir de la beauté des êtres et des choses. En pleine force de l'âge, la maladie de Charcot le crucifie, neutralise un à un ses muscles et le soumet à la paralysie totale. Lucide quant aux conséquences à court terme de ce mal incurable, Philippe refuse de renoncer aux plaisirs d'exister et va continuer, quatre années durant, de vivre comme un esprit libre. Entouré et porté par ses proches, il trouve une parade à chaque fonction musculaire défaillante et réalise ses rêves; sans plainte ni crainte jusqu'aux derniers jours.Dans ce roman adapté librement de son histoire, vibrant de rires et parfois de larmes, Gilles Pialoux suit pas à pas l'odyssée magnifique de ce voyageur extravagant et terriblement vivant. Un hymne à la vie.
La véritable élégance ne connaît pas les modes. Le dernier cri est celui que vous inventerez demain, au hasard de votre humeur et de votre fantaisie. Chargé d'émotions contradictoires, il jouera sur des tonalités dissonantes, et ce bruit léger et pourtant grave vous fera venir aux lèvres sourires et sanglots. Rares sont les écrivains qui savent dire ces choses. Jacques A. Bertrand est de ceux-là. Dans ce recueil de textes où s'expriment tout son talent et sa liberté d'esprit, il vous invite à le suivre dans une déambulation souriante au milieu des êtres et des choses.