En 524, Boèce est incarcéré à Pavie sous l'inculpation de conspiration et de magie. Rude épreuve pour ce scientifique et philosophe qui s'est donné pour tâche de transmettre à l'Occident chrétien les trésors de la pensée grecque. Accablé par ce revers de fortune, il rédige, en prison, son ¦uvre la plus connue, dans laquelle il se met en scène, dialoguant avec le personnage allégorique de "Philosophie", qui le réconforte en lui démontrant combien sont vaines les valeurs mondaines, et enrichissante l'aspiration à l'élévation de l'âme par la sagesse. Cette Consolation de la Philosophie a été l'¦uvre à succès du Moyen ge, traduite par Jean de Meun, l'auteur du >Roman de laRose, à l'extrême fin du 13e siècle, puis remaniée et commentée à plusieurs reprises. C'est l'une de ces versions glosées qu'offre le livre à partir du manuscrit Leber 817 de la bibliothèque municipale de Rouen, manuscrit datant de la fin du Moyen ge. Ce manuscrit est un luxueux in-quarto superbement calligraphié etsomptueusement illustré, dont les miniatures sont reproduites sur le cédérom qui accompagne l'ouvrage.
De qui les cultures (et leurs objets témoins) sont-elles « la propriété »? La réponse n'est pas simplement économique, juridique, ou muséographique, elle engage l'histoire humaine. Ce volume aborde les débats contemporains sur la question des restitutions d'oeuvres d'art et objets témoins de culture, et sur la notion de musée, comme gage « désidéologisé » c'est-à-dire « décolonisé » de conservation des patrimoines. Il ne concerne pas seulement les relations entre l'Afrique et la France, mais l'ensemble des cultures mondiales. On y trouve ainsi un témoignage sur la restitution d'un bien hopi, on y voyage de la Nouvelle-Zélande aux Amériques, en passant par le Cameroun, le Sénégal, le Bénin, le musée du quai Branly, la Normandie et l'île de Pâques.
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A l'automne 1793, la Convention nationale décrète que le gouvernement de la République sera "révolutionnaire jusqu'à la paix", c'est-à-dire "extraordinaire". Alors que la République est assiégée de toutes parts, des institutions "révolutionnaires" lui permettent de triompher de ses adversaires. En Thermidor, la coalition qui a éliminé Robespierre invente l'idée d'un "système de terreur" ou d'une "politique de terreur" désormais caducs avec la mort du "tyran".
Elle assimile ainsi la notion de "terreur" à un mode de gouvernement, là où les mesures répressives n'étaient qu'un des leviers actionnés par le gouvernement révolutionnaire. L'historiographie devait faire le reste, avec cet usage d'un article défini et d'une majuscule pour évoquer la Terreur. Avec cet exemple, les révolutionnaires des XIXe et XXe siècles ont été amenés à réfléchir sur la notion de "salut public" et sur l'usage de la "dictature".
Ils ont dû eux aussi penser l'exception politique, prendre position sur le recours à la violence, inventer des politiques qui leur permettraient de faire triompher leurs idées. Ils ont également été conduits à réfléchir sur l'association entre révolution et guerre. L'exception politique a ensuite nourri de nombreuses réflexions fondées sur ces deux processus historiques, notamment depuis les années 1970, autour par exemple des théories du philosophe italien Giorgio Agamben.
Ce volume entend interroger les diverses manières par lesquelles les modèles révolutionnaires ont circulé entre la Révolution française et celle de 1917 en Russie. Il ne s'agit évidemment pas de juxtaposer des récits révolutionnaires, mais d'étudier comment des cas concrets ont donné à penser, mais aussi à mettre en pratique l'exception politique en révolution
L'héraldique, système de signes d'origine laïque, s'imposa tard dans l'Église mais la papauté l'exploita ensuite largement, en particulier à partir de Boniface VIII (1294-1303). Le présent volume étudie sa diffusion au Moyen Âge à Avignon ou à Rhodes, ainsi que dans les concessions autorisées par les pontifes, notamment celle du « chef d'Église », la tiare et les clefs. L'étude se poursuit à la Renaissance où les Archives secrètes du Vatican révèlent de nouveaux documents, parfois joliment illustrés, sur les concessions de Sixte IV (1471-1484) à Sixte-Quint (1585-1590). L'histoire du livre offre l'exemple du blason utilisé à des fins de célébration sous la forme des devises dans l'ornement des manuscrits des cardinaux et des papes Médicis ou Lorraine, il alimenta aussi la satire dans les pamphlets luthériens à gravures qui ne reculent devant aucune scatologie. L'imaginaire héraldique se prête aux traitements allégoriques: le cardinal Fausto Poli sut tirer profit sur ce point des abeilles qu'il avait reçues en concession d'Urbain VIII (1623-1644). Enfin, les armoiries constituent l'indispensable ingrédient de la fête pontificale, depuis les architectures éphémères de la procession inaugurale, le possesso, jusqu'à celles des funérailles dont le faste n'allait pas sans blason. L'image héraldique reste la concurrente ou l'auxiliaire de l'image sainte dans l'Église romaine.
Gouverneure des enfants d'Orléans, Félicité de Genlis emmène régulièrement sa petite troupe (dont le futur roi Louis-Philippe) en voyage éducatif: on s'arrête dans les châteaux, mais on visite aussi les jardins, les édifices religieux, les manufactures. Le journal publié ici, inédit, est écrit au fil des jours. Il invite à un voyage sensible dans l'Ouest de la France d'Ancien Régime, au gré des auberges et des rencontres.
Apprendre de son corps vivant est désormais possible. Ce livre réunit des films tournés en GoPro, réunis dans un DVD réalisé par Raoul Bender, nos photographies à l'entraînement et nos entretiens avec les artistes du Centre national du cirque (CNAC) de Châlons-en-Champagne. Chacun peut reconnaitre trois types de mouvements dans son corps: les gestes involontaires produits par l'adaptation de notre corps vivant, les gestes incorporés par les techniques et les apprentissages, les gestes intentionnels et conscients de nos décisions motrices. Émotions, affects, peur et vertige trouvent dans le corps vivant des informations inédites qui contribuent à notre bien-être. L'analyse du mouvement favorise à la fois la confiance corporelle et l'estime de soi. Le partage des gestes avec les autres corps nourrit une belle intercorporéité.
Malgré son insularité, Mayotte a toujours été ouverte aux apports étrangers. Sa situation géographique - à l'entrée du canal de Mozambique - l'expose à l'arrivée de tous ceux qui empruntent cette voie maritime sans obstacles. Historiquement, elle a des liens de proximité forts avec les autres îles de l'archipel des Comores et la grande île de Madagascar, ce qui explique la présence, sur son territoire, de deux langues locales, l'une d'origine bantoue, le shimaore, l'autre d'origine malgache, le kibushi. Celles-ci cohabitent avec la langue institutionnelle et officielle, le français.
Exposée à une démographie galopante, une immigration massive et une mondialisation grandissante, Mayotte est aujourd'hui en pleine mutation socioculturelle.
Rassemblé par Foued Laroussi, les textes composant cet ouvrage ne portent pas exclusivement sur Mayotte ; il nous a semblé pertinent de tenir compte des expériences et actions qui ont été menées dans d'autres pays ou sur des situations linguistiques semblables. Par la diversité des regards qu'elles apportent sur Mayotte, ces contributions enrichissent le débat sur la situation linguistique mahoraise.