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Theodor W. Adorno, un des derniers génies ; biographie
Detlev Claussen
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 11 Janvier 2019
- 9782252041772
Singulière, cette biographie l'est à plus d'un titre. Parce qu'elle n'ignore rien des soupçons qu'Adorno avait fait peser sur la fonction idéologique des biographies qui célèbrent la vie autodéterminée, quand cette autodétermination est une pure fiction dans le monde contemporain de la marchandisation généralisée, caractérisé par la liquidation de l'individu. Pour Adorno, la glorification, au titre du « génie », de l'individu créateur, est la marque éminente de la conscience bourgeoise vulgaire. Une phrase de la Théorie esthétique suffit à proscrire l'usage du vocable « génie » dans toute monographie : « Les producteurs d'oeuvres importantes ne sont pas des demi-dieux mais des hommes faillibles, souvent névrosés et meurtris. » (p. 239, AGS 11, p. 255) Si donc le recours au genre biographique comme au vocable « génie » semble maintenu dans le titre, c'est pour être contrarié dès le sommaire puisque les chapitres peuvent être lus isolément et en désordre comme autant de lignes surimposées dessinant le palimpseste final.
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Leçons sur l'histoire et sur la liberté (1964-1965)
Theodor Wiesengrund Adorno
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 4 Octobre 2024
- 9782252047545
Dans le semestre d'hiver 1964 - 1965, Adorno consacre vingt-huit cours à la philosophie de l'histoire et à la doctrine de la liberté, qui viennent par avance éclairer deux des dernières séquences de la Dialectique négative (1966), intitulées « Esprit du monde et histoire naturelle. Digression sur Hegel » et « Liberté. Pour une métacritique de la raison pratique ». Loin toutefois de se réduire à un laboratoire de la Dialectique négative, ces cours ont l'ampleur d'un livre autonome où Adorno s'explique de la manière la plus profonde avec les philosophies de l'histoire de Hegel et de Benjamin. Contre Hegel, le philosophe de Francfort tient que la postulation d'un sens de l'histoire est devenue péremptoire et intenable après la catastrophe de la Seconde Guerre Mondiale. Contre Benjamin, il refuse d'abandonner l'histoire à la discontinuité.
« Affirmer qu'un plan universel, dirigé vers le mieux, se manifeste dans l'histoire et lui donne sa cohérence, serait cynique après les catastrophes passées et celles qui sont à venir. Mais il ne faut pas pour autant renier l'unité qui soude ensemble les moments et les phases de l'histoire dans leur discontinuité et leur éparpillement chaotique » énoncera la Dialectique négative. Aussi les Leçons sur l'histoire et sur la liberté se présentent-elles comme une grande leçon de « dialectique négative », objectée à la fois à Hegel (dont la dialectique spéculative resterait trop rivée à l'identité) et à Benjamin (dont la conception discontinuiste de l'histoire resterait, au contraire, trop rivée à la non-identité).
Par cette double « explication » avec Hegel et Benjamin, Adorno fraye la voie d'une « histoire universelle négative » où devient possible non plus la lecture d'un sens de l'histoire, mais celle de « tendances objectives » à l'oeuvre dans l'histoire. Ces « tendances objectives » régies par des causalités multiples et hétérogènes permettent à Adorno de donner congé à l'idée de nécessité et de rouvrir l'histoire à la contingence pour y introduire les pratiques de la liberté.