«Il faudrait des mots nouveaux, y compris pour raconter Auschwitz, une langue nouvelle, une langue qui blesse moins que la mienne, maternelle".
En moins de deux cents pages vibrantes de vie, de lucidité implacable et d'amour, Edith Bruck revient sur son destin : de son enfance hongroise à son crépuscule. Tout commence dans un petit village où la communauté juive à laquelle sa famille nombreuse appartient est persécutée avant d'être fauchée par la déportation nazie. L'auteur raconte sa miraculeuse survie dans plusieurs camps de concentration et son difficile retour à la vie en Hongrie, en Tchécoslovaquie, puis en Israël. Elle n'a que seize ans quand elle retrouve le monde des vivants. Elle commence une existence aventureuse, traversée d'espoirs, de désillusions, d'éclairs sentimentaux, de débuts artistiques dans des cabarets à travers l'Europe et l'Orient, et enfin, à vingt-trois ans, trouve refuge en Italie, se sentant chargée du devoir de mémoire, à l'image de son ami Primo Levi.
"Pitié, oui, envers n'importe qui, haine jamais, c'est pour ça que je suis saine et sauve, orpheline, libre."
Voyage parmi les morts, tableau politique de l'Italie, de l'Antiquité au XIVe siècle, manuel de théologie, réquisitoire contre la corruption des puissants et la décadence des papes, La Divine Comédie est aussi un fabuleux roman d'aventures, qui, par ses visions d'horreur et d'extase, a marqué peintres, poètes, romanciers et cinéastes jusqu'à nos jours. Pour en permettre une lisibilité rapide, cette nouvelle version en octosyllabes tente de retrouver la légèreté vivante et vibrante d'un style éternellement moderne, où s'entremêlent noblesse savante et insolence populaire.
« En classe, ce qui devrait carre´ment e^tre enseigne´, c'est l'art de pour ne pas croire les autres et la me´thode pour gruger autrui, pour l'inte´re^t de chacun et celui du monde. C'est de ma candeur qu'on avait ri. Dans un monde ou` la candeur et la franchise font rire, il n'y a plus d'espoir ».
Affecté dans un collège de province, un jeune professeur originaire de Tôkyô se heurte aux tracasseries de ses élèves et aux manoeuvres de ses collègues. Drôle, satirique et malicieusement contemporain, Petit Maître est un conte initiatique incontournable, considéré comme un classique des lettres japonaises.
Natsumé Sôseki (1867-1916) est encore aujourd'hui l'un des écrivains les plus étudiés au Japon. Il est notamment l'auteur de Je suis un chat, succès critique et public, et d'Oreiller d'herbes, l'un des romans fondateurs de la littérature moderne.
Née en 1931 en Hongrie, Edith Bruck a été déportée avec sa famille en avril 1944. Ayant survécu aux camps de concentration, elle s'installe en Italie dont elle adopte la langue. Dès 1959, elle publie des récits inspirés de sa déportation, implacables, mais dépourvus de haine, qui lui vaudront, outre l'amitié de Primo Levi, les plus grands prix et une reconnaissance internationale. Son oeuvre poétique (publiée de 1980 à nos jours) constitue une véritable autobiographie en vers, en écho à son témoignage.
En 1968, alors que Pasolini terminait le tournage de Theorème, le journaliste Jon Halliday (alias Oswald Stack) interviewe pendant plusieurs semaines le cinéaste et poète pour qu'il approfondisse avec lui une sorte d'autoportrait personnel et intellectuel, et analyse en profondeur sa carrière littéraire et cinématographique et ses positions politiques. Un document exceptionnel sur l'artiste et l'homme.
Pasolini est à un tournant capital de son oeuvre et de sa vie. Sans avoir encore rencontré un très large public (que ses derniers films lui donneront), il est considéré, aux yeux du monde entier comme une figure majeure du cinéma, de la poésie, du roman et de la vie politique italienne, en tant qu'artiste novateur et observateur unique de l'Italie d'après-guerre. Source d'informations irremplaçables, notamment sur son enfance et sur la genèse de tous ses films, cet entretien n'a jamais été traduit, après sa double publication simultanée, en anglais et en italien. Une publication posthume en Italie (1992) ajouta des éléments concernant les films successifs, et notamment un entretien sur les Contes de Canterbury. Le traducteur ajoute un long chapitre en forme de postface qui rend compte des six dernières années de Pasolini, de ses films ultérieurs, de sa mort. De nombreux photogrammes, photos de plateau et photos d'archives illustrent la conversation.
Voici, écrits au jour le jour dans la forme ciselée du sonnet, une centaine de poèmes de Pasolini qui se donne pour l'éphéméride d'une passion. Retrouvés bien des années après sa mort tragique, ces textes intenses adressés à Ninetto Davoli, l'acteur lumineux du Décaméron, occupent une place singulière dans l'oeuvre polyphonique de Pasolini. Ici, aucun apparat rhétorique ni de mise en scène : une parole nue, à vif, souvent blessée, qui traduit les alarmes d'un coeur qui ne s'appartient plus et d'un corps perdu de désir. Ce recueil, par sa brièveté, s'apparente à un trait de feu qui éclaire et qui brûle, qui révèle et engloutit, qui exalte et condamne : incontestablement l'un des sommets de la poésie amoureuse de notre temps.
En 1914, le romancier, Sôseki (1867-1916), alors très célèbre, est invité à donner une conférence à l'Ecole des Pairs, où il a failli enseigner dans sa jeunesse. Avec humour et profondeur, il explique aux étudiants sa conception de l'individualisme. Partant de son expérience personnelle d'étudiant et de jeune enseignant, il raconte son cheminement, rappelant certains de ses livres. Peu à peu, il parvient à un véritable petit traité de morale, qui définit l'autonomie, la tolérance, les limites de l'individualisme en collectivité et la nécessité de recourir à une éducation intériorisée et non pas seulement conformiste. Nous avons joint quelques lettres que Sôseki écrivit à ses amis intellectuels, concernant la création littéraire et la formation de la pensée. Nouvelle édition.
Bien qu'ils aient été, par le passé, plusieurs fois traduits en français, Les Chants de Giacomo Leopardi (1798-1837) n'ont pas encore obtenu en France le statut de classique qu'ils ont en Italie où les écoliers apprennent par coeur très tôt L'infini, Le Samedi du village, Le ressouvenir, Le genêt. Contemporain de Victor Hugo et de tous les poètes romantiques français (Vigny, Lamartine, Musset), il est davantage rapproché des poètes anglais (Keats, Byron, Shelley), comme lui morts en pleine jeunesse. Il appartient, en tout cas, au grand mouvement romantique européen. Stendhal était allé le voir à Florence. Sa renommée avait traversé les frontières. Mais la santé fragile de Leopardi, ses difficultés relationnelles inextricables avec sa famille, ses prises de position politiques qui le rendaient suspect en Italie interdisaient de longs déplacements. Admiré et même vénéré par ses contemporains, il publia peu de son vivant. Il mourut avant la publication intégrale de ses poèmes qui parurent dans plusieurs éditions partielles, avant que son compagnon, Antonio Ranieri, n'assure une édition posthume. Connu comme philologue et comme philosophe, Leopardi ne gagna sa véritable stature de génie poétique qu'après sa mort. Ses poèmes ont des tonalités diverses, qui vont du pamphlet politique, chargé d'ironie et d'insolence, contre une Italie que les guerres napoléoniennes ont épuisée et qui s'étiole dans sa conquête d'unité, à l'élégie amoureuse et nostalgique, en passant par la fable allégorique, la description de la vie quotidienne des humbles, l'apologue antique, l'épigramme politique et la rêverie métaphysique. Rédigés dans un style extraordinairement concis et fort, ils portent la marque d'une pensée philosophique intense et ramassée. Jamais mièvres, même dans la nostalgie, ils manifestent une conscience aiguë de la fonction poétique et font preuve d'une force d'évocation unique dans la poésie italienne. Il faudra attendre Pier Paolo Pasolini pour retrouver la même liberté d'esprit et la même émotion.
Cette nouvelle traduction tente de respecter la prosodie du poète, parfois libre, parfois contraignante, parfois archaïsante, parfois moderne, mais toujours naturelle. En même temps que sa traduction, René de Ceccatty (qui a déjà publié chez Rivages Philosophie pratique, une sélection du Zibaldone de Leopardi) fait paraître, aux éditions Flammarion, Noir souci, Giacomo Leopardi et son ami, récit de l'amitié passionnée du poète pour Antonio Ranieri, de la genèse de son oeuvre poétique et de ses derniers jours, à Naples, pendant l'épidémie de choléra. La vie trop brève de Giacomo, l'importance de son oeuvre dans les champs philosophique, politique et poétique ont suscité en Italie un culte de Leopardi égal à celui de Rimbaud ou Mallarmé en France.
" ce sont les premières heures de ma présence en inde, et je ne sais pas dominer la bête assoiffée, en moi emprisonnée, comme en cage.
Je persuade moravia de faire du moins quelques pas près de l'hôtel et de respirer quelques bouffées de cet air, d'une première nuit en inde... " en 1961, pasolini fit un voyage avec alberto moravia et elsa morante. le livre intensément lyrique qu'il en rapporta n'est pas vraiment un récit, mais une " odeur " respirée au cours de ses errances nocturnes. les visions de l'extrême misère, les spectacles d'une étrange spiritualité sont pour lui comme autant d'étapes d'une descente au sein d'une humanité primitive, moins éloignée qu'on ne pourrait le croire du décor des ragazzi ou d'une vie violente.
Ô vous qui empruntez le chemin de l'amour, Observez s'il existe un mal au mien pareil.
Je vous prie de souffrir de m'écouter me plaindre.
Ne suis-je pas de tous les tourments le relais ?
Dante Alighieri (1265-1321) a moins de trente ans quand il écrit ce récit autobiographique, entrecoupé de sonnets, de chansons, de ballades et de commentaires. Il y raconte son amour pour Beatrice Portinari qui, dans La Divine Comédie, apparaît comme l'intermédiaire privilégiée entre le voyageur céleste et Dieu. Si La Vita Nuova a revêtu une telle importance dans l'histoire de la littérature, ce n'est pas seulement parce qu'il contient des poèmes d'amour rivalisant avec ceux de Pétrarque, mais parce que ce texte, de passion, puis de deuil, ne cesse de poser la question de la vérité, de la transparence, de l'allégorie. Comme dans la plupart des éditions italiennes, sont adjointes les autres poésies circonstancielles et retrouvées de Dante, du moins celles qui passent pour authentiques. La traduction inédite ici proposée est en alexandrins, hexasyllabes et le plus souvent, sur le modèle des Amours de Ronsard et des quelques vers écrits par Dante directement en français, en décasyllabes.
Monument de la poésie universelle, oeuvre fondatrice du lyrisme amoureux qui inspira si intensément les poètes français de la Pléiade et au-delà influença toute la littérature européenne de la psychologie amoureuse, le Canzoniere de Pétrarque (1304-1374), demandait assurément pour que le lecteur moderne accède à sa beauté formelle et à son chant profond la nouvelle et magnifique traduction en vers de René de Ceccatty, aussi érudite qu'alerte et fluide. Écrit tout au long de sa vie, sans cesse augmenté, composé et recomposé par le poète italien, le Canzoniere qui rassemble 366 poèmes, sonnets, chansons, madrigaux, ballades et sextines, s'il fait entendre la passion sublime et désespérée du poète pour Laure de Noves, son amour impossible, est aussi une longue méditation sur les contradictions en l'homme entre la pulsion du désir et la raison, la sensualité et l'idéalisation, la précarité du corps et l'éternité du sentiment. La mort de Laure, intervenant comme une césure au mitan de l'oeuvre, ouvre par ailleurs une réflexion sur la mort et l'absence, alliée au sentiment de solitude, à la conscience de la fragilité du destin humain et donc de la vanité de la gloire et peut-être même de l'écriture.
On saura gré à René de Ceccatty de nous avoir rendu proches ces préoccupations en sauvant par sa traduction franche et rythmée la poésie de Pétrarque du maniérisme dont on l'a souvent affublée.
« Pendant des années, j'ai eu une vie sociale et la facilité avec laquelle je rencontrais les gens ou je leur parlais se reflétait dans mes livres. Jusqu'à ce que je connaisse un homme, et peu à peu, toute cette mondanité a disparu. C'était un amour violent, très érotique, plus fort que moi, pour la première fois. J'ai même eu envie de me tuer, et ça a changé ma façon même de faire de la littérature : c'était comme de découvrir les vides, les trous que j'avais en moi, et de trouver le courage de les dire. La femme de Moderato Cantabile et celle de Hiroshima mon amour, c'était moi : exténuée par cette passion que, ne pouvant me confier par la parole, j'ai décidé d'écrire, presque avec froideur. » Entre 1987 et 1989, après le succès foudroyant de L'Amant qui fait d'elle un écrivain mondialement reconnu, Marguerite Duras se confie en toute liberté à une jeune journaliste italienne sur sa vie, son oeuvre, son obscurité, puis sa gloire, la politique, la passion. Ce dialogue a paru une fois en langue italienne et avait disparu, ignoré des admirateurs de Duras qui vont ici réentendre sa voix.
Un vieil écrivain, Shunsuké, est fasciné par la beauté exceptionnelle de Yûichi, un jeune homosexuel. Shunsuké, dont l'oeuvre est connue, mais déjà achevée, a consacré toute sa vie à l'esprit et à la création.
En Yûichi, c'est la liberté du corps, l'esthétique réduite à sa pure apparence physique et à la jouissance immédiate, que le romancier découvre. Yûichi, conscient de sa sexualité, hésite à épouser Yasuko, dont l'écrivain est amoureux. Il se confie au vieillard qui, au terme d'un pacte diabolique, l'incite à se marier. Shunsuké pourra dès lors manipuler le jeune homme comme une marionnette, comme un personnage incarné d'un roman qu'il n'écrira jamais. Sa misogynie déclarée, sa rancoeur à l'égard des femmes qui l'ont fait souffrir durant toute sa vie trouvent ainsi un cruel assouvissement. Mais c'est compter sans l'intervention d'autres manipulateurs et surtout croire qu'il peut lui-même échapper à la séduction de Yûichi.Rédigé entre 1950 et 1953, Les amours interdites décrit avec audace et sincérité l'univers homosexuel du Tôkyô d'après-guerre. Mais c'est surtout le roman où Mishima entreprend d'exposer sans fard sa conception de la sexualité, des rapports familiaux et sociaux, et ses théories esthétiques et philosophiques. À propos des Amours interdites, l'auteur devait écrire : «J'ai formé le projet insolent de transformer mon tempérament en un roman et d'ensevelir le premier dans le second.»
«La religion de mon temps» sort en mai 1961, au moment Pasolini commence sa carrière cinématographique. Il revient d'Inde où il s'est rendu avec Alberto Moravia et où l'a rejoint Elsa Morante. C'est à elle qu'il le dédie. Son amie est mystique, et même catholique. Il a, lui, avec la religion un rapport plus complexe, dont témoigne en particulier ce recueil. Comme dans tous ses recueils, Pasolini utilise la poésie de plusieurs façons : intime, politique, descriptive, sociale, provocatrice, réflexive. Invectives et prières, clamées ou murmurées, confessions et dénonciations, contemplations et méditations, récits et dialogues alternent dans ces poèmes animés comme il aimera le dire plus tard d'une « vitalité désespérée ». Témoin, compagnon, amoureux des pauvres, il tente de décrire un monde de la nuit et de la misère, riche d'une lumière qu'il ne sait pas avoir.
Jirô, jeune employé sans histoire, doit rejoindre à osaka un de ses amis pour une promenade dans la campagne japonaise.
Il en profite pour rendre visite à un parent de sa mère et se voit contraint de s'intéresser à des problèmes familiaux dont il espérait se détacher. son ami n'est pas au rendez-vous : hospitalisé d'urgence, il doit annuler ses vacances. ce contretemps révèle alors à jirô les multiples drames qui sont habituellement cachés par la réalité quotidienne.
Le très subtil auteur de oreiller d'herbes nous invite aux entrelacs sentimentaux d'un monde étroit et nous révèle la jalousie avec une violence presque insoutenable.
Chaud et froid, stimulant.
Monique gehler, l'evénement du jeudi.
Les poèmes recueillis dans Poésie en forme de rose (1964) sont parmi les plus célèbres de Pasolini. Ce recueil publié au sommet de la gloire de Pasolini, pendant le tournage de L'Évangile selon saint Matthieu et après celui de La Ricotta, fait réapparaître un Pasolini secret (plusieurs poèmes sont des journaux tenus pendant des tournages et des repérages) découvrant un autre monde (Israël, l'Afrique), alors que ses précédents recueils étaient profondément tournés vers l'Italie. Pasolini présentait ce recueil comme un « ensemble de prophéties, de journaux intimes, d'interviews, de reportages, de projets en vers, un roman autobiographique, une lutte inégale contre une longue campagne de diffamation, le moment d'un isolement moral et politique subi et délibéré ». On ne peut pas séparer la création poétique de Pasolini de ses autres activités.
«Rome aurait-elle été la plus belle ville du monde si, en même temps, elle n'était pas la plus laide ville du monde?» Une partie de ballon, un vendeur de marrons, une conversation à la terrasse d'un café, le marché de la Porta Portese le dimanche matin, mais aussi le vol à l'étalage, la misère et la mort - ville de contrastes, Rome offre à Pasolini un décor étonnant pour ces quatorze nouvelles savoureuses et poétiques.
"Crac, voici l'histoire. Vraie ou fausse, qui le sait ? Mais comme c'est une vieille histoire, il faut que tu l'écoutes en croyant qu'elle est vraie, même si elle est fausse. D'accord ? - Oui !" Il était une fois un village au fond d'une vallée, dans l'île de Shikoku. C'est là que jadis se sont rassemblés des fuyards, bannis hors de la ville du château. Ils ont fondé, après un long périple, une société autonome de rebelles.
La forêt les entoure et, dans la forêt, des forces mystérieuses : les "merveilles". Une rivière capable de détruire une armée entière. Un déluge qui dévaste la terre. Un chef, surnommé le "destructeur" , des jeunes femmes appelées les filles de l'île des "pirates" , des villageois qui ressemblent aux démons de l'enfer bouddhiste, une géante, des vieillards qui ne savent plus s'ils vivent un rêve ou rêvent leur vie et qui disparaissent dans les nuées au clair de lune et un enfant qui est né avec une malformation qui semble la marque fatale des "merveilles de la forêt" .
Dans ce roman complexe et magique, Kenzaburô Oé prend le ton d'un conteur. Il nous raconte, dans un style envoûtant, l'histoire mythique de son village natal, telle que la psalmodiait sa grand-mère. A travers les légendes et les anecdotes venues de son enfance, il tente de tisser le fin réseau de l'histoire et du rêve, autour de ce signe mystérieux : M/T. La nostalgie émerveillée est ici accompagnée d'une réflexion brillante sur la structure des révoltes, sur les sociétés autarciques et sur les mythologies régionales.
Et surtout, l'auteur du Jeu du siècle offre à son fils, Hikari, qui est, depuis longtemps, le centre de son oeuvre, un bouleversant témoignage d'amour.
Dans une usine de Tokyo, quatre femmes travaillent de nuit. Leurs maris sont tous infidèles ou violents, et détestés. Lorsque Yayoi finit par étrangler son conjoint, c'est une véritable descente aux enfers qui commencent pour elle et ses complices. Leur route croise celle de Mitsuyoshi, un ancien homme de main hanté par le supplice qu'il a fait subir à... une femme. S'engage très vite une terrifiante lutte à mort.
Homme inclassable, Pier Paolo Pasolini a choisi la poésie comme voix première. Réunissant des poèmes inédits en français, cette anthologie se veut le reflet vibrant de son inspiration de jeunesse, toujours ample et touchée par la grâce. Sensualité des paysages frioulans et engagement politique s'entrelacent, chant de l'intime et poésie de l'engagement s'enchevêtrent. Habité par la révolte et par le sens du sacré, il lutte contre l'hypocrisie et donne à ses visions toute leur dimension mystique.
J'ai beaucoup risqué en écrivant actes impurs et amado mio.
Je ne sais pas si les sujets si scabreux de ces deux récits sont suffisamment nécessaires et objectivés ; je suppose même que certains, si je disais le nom du péché... ne liraient peut-être même pas la première page du livre. paolo et desiderio luttent-ils assez contre leur amour ? il est vrai, tant que la passion les consume, leur péché se consume avec eux ; mais au-delà de cette passion, où il n'y a que sensualité, qu'est-ce qui les justifie ? l'anormalité de leur amour est déjà une peine assez lourde, une "condamnation à vie", c'est vrai ; mais suffit-il de souffrir pour se racheter ?
Une femme disparaît.
Emmenée à l'aube en ambulance. Hospitalisation forcée ? Enlèvement ? Fugue d'adultère ? Son mari enquête, de plus en plus certain d'être privé de son libre arbitre. Dans les souterrains d'un hôpital labyrinthique, structuré comme une ville fantôme sous surveillance électronique, entre des ruines de fondations, au milieu des préparatifs tragicomiques d'une sinistre fête de commémoration, 1'« homme » ne cesse d'errer, tout en rédigeant minutieusement des cahiers d'enquête.
Un cheval qui mène l'opération. Une secrétaire nymphomane, conçue in vitro. Une fillette prostituée et mourante qui rétrécit d'heure en heure. Les figures que le narrateur croise appartiennent à un monde dominé par le sexe, l'angoisse, les manipulations scientifico-policières, le grotesque. Dosant avec une fascinante maîtrise l'absurde et le rationnel, Kôbô Abé signe avec Rendez-vous secret un roman policier, un livre pornographique, une fable poétique, un exercice de style de haute virtuosité.
La comédie hyperréaliste du désespoir.
Sa vie durant, Moravia a placé la poésie au plus haut. Pourtant, le romancier célébré dans le monde entier n'a jamais publié de recueil de son vivant. Les poèmes rassemblés dans cette édition bilingue, commentée par deux grands spécialistes de Moravia, constituent des documents exceptionnels qui témoignent, par la puissance de leurs images et leur concision formelle, d'une maîtrise de l'art poétique au coeur de l'entreprise autobiographique et de l'engagement politique de l'écrivain. Né en 1907, Alberto Moravia connaît un succès retentissant dès la publication de son premier roman en 1929, Les Indifférents. Une trentaine d'ouvrages suivront jusqu'à sa mort en 1990, parmi lesquels Le Conformiste, L'Ennui ou encore Le Mépris, chefs-d'oeuvre qui l'imposent comme l'un des maîtres incontestés des lettres italiennes.