Dans une ville d'eaux allemande se croisent aristocrates et aventuriers venus de toute l'Europe, dont une famille de Russes désargentés, prise dans des querelles d'héritage, qui espère se refaire grâce à la roulette. Le héros, lui, commence à jouer par amour, pour sauver une jeune fille d'une dette qui l'écrase. Bientôt, il cède au vertige du casino et se perd dans le jeu... Ce roman exprime toute l'obsession morbide du joueur qui, comme le montrera Freud, se punit lui-même d'une irrationnelle culpabilité en jouant et rejouant toujours. Rédigé en même temps que Crime et Châtiment, Le Joueur est une superbe variation sur le vice et la punition.
«Je posai le revolver et le recouvris d'un journal. Je m'approchai de la porte et l'ouvris. C'était la soeur de ma femme, une veuve à la fois bonne et stupide ...
- Vassia, va la voir. Ah ! c'est affreux, dit-elle.
"Aller la voir ?" m'interrogeais-je. Aussitôt je me répondis qu'il fallait aller la voir, que probablement cela se faisait toujours. Quand un mari, comme moi, avait tué sa femme, il fallait certainement qu'il aille la voir. "Si cela se fait, il faut y aller, me dis-je. Et si c'est nécessaire j'aurai toujours le temps", songeai-je à propos de mon intention de me suicider...
- Attends, dis-je à ma belle-soeur, c'est bête d'y aller sans bottes, laisse-moi au moins mettre mes pantoufles.»
Les Pauvres Gens est le premier roman publié par Dostoïevski, celui qui le rendit d'emblée célèbre. Il a raconté comment l'idée lui en était venue : en se promenant un soir d'hiver dans Pétersbourg. Toute la ville lui apparut comme une rêverie fantastique. «C'est alors que m'apparut une autre histoire, dans quelque coin sombre, un coeur de conseiller titulaire, honnête et pur, candide et dévoué à ses chefs, et avec lui, une jeune fille, offensée et triste, et leur émouvante histoire me déchira le coeur.»Toute la littérature du XX? siècle est dans la dernière phrase : «Vous savez, je ne sais même plus ce que j'écris, je ne sais plus rien, je ne me relis même pas, je ne me corrige pas. J'écris seulement pour écrire, pour m'entretenir avec vous un peu plus longtemps...»
«À dater de ce jour, prit fin mon roman avec mon mari ; l'ancien sentiment devint un souvenir précieux, perdu à jamais, et un nouveau sentiment d'amour pour mes enfants et pour le père de mes enfants posa les bases d'une nouvelle vie heureuse, mais cette fois d'une tout autre façon...» Que reste-t-il de l'amour, après des débuts passionnés, quand apparaissent au sein du couple de profondes divergences et que le sens d'une vie commune s'en trouve altéré à tout jamais? Raviver la flamme d'antan est-il possible?
Dans ce récit, Tolstoï livre une réflexion essentielle sur ce qu'est l'amour à deux, le bonheur, ses tenants, sa fragilité mais aussi sa pérennité.
«Un des plus grands exploits d'Anna Karénine : la mise en lumière de l'aspect a-causal, incalculable, voire mystérieux, de l'acte humain.» Milan Kundera, L'Art du roman
« Chestov [...] démontre sans trêve que le système le plus serré, le rationalisme le plus universel finit toujours par buter sur l'irrationnel de la pensée humaine. Aucune des évidences ironiques, des contradictions dérisoires qui déprécient la raison ne lui échappe.
Une seule chose l'intéresse et c'est l'exception, qu'elle soit de l'histoire du coeur ou de l'esprit. À travers les expériences dostoïevskiennes du condamné à mort, les aventures exaspérées de l'esprit nietzschéen, les imprécations d'Hamlet ou l'amère aristocratie d'un Ibsen, il dépiste, éclaire et magnifie la révolte humaine contre l'irrémédiable. Il refuse ses raisons à la raison et ne commence à diriger ses pas avec décision qu'au milieu de ce désert sans couleurs où toutes les certitudes sont devenues pierres. » Albert Camus