Du grand orateur qu'était fronton (vers 95-166 ap.
J.-c.), il ne reste qu'un ensemble de lettres, redécouvert et publié au xixe siècle. parmi elles, les plus belles sont celles adressées à l'empereur marc aurèle dont fronton était le précepteur. la correspondance entre les deux hommes nous touche par sa dimension affective. elle revêt aussi et surtout un caractère pédagogique. ainsi les éloges paradoxaux, dont l'eloge de la négligence est le meilleur exemple, font partie de l'éducation rhétorique de l'empereur.
Fronton craint - d'abord chez l'élève laborieux trop plein de zèle - et ensuite, chez l'empereur ennemi du repos et du divertissement, un dangereux penchant au dogmatisme. fronton déploie dans ces textes toute sa verve rhétorique avec légèreté et finesse d'esprit.
Ce petit chef-d'oeuvre, écrit à partir de 62 de notre ère, quatre ans avant la mort du philosophe, pose le problème de la retraite intérieure, du loisir lettré, de l'arrêt de l'activité civique.
Tel est le sens de la notion d'otium qui occupe le traité. l'auteur s'y justifie d'abandonner la politique au profit d'une contemplation de la nature ; il montre que contempler, c'est agir, et que participer aux affaires publiques n'est pas une obligation absolue. il exalte les architectures divines, prouvant que ce regard sur le cosmos est une façon pour l'homme de se grandir.