« Enfin elle, je l'aimais et ne pouvais par conséquent la voir sans ce trouble, sans ce désir de quelque chose de plus, qui ôte, auprès de l'être qu'on aime, la sensation d'aimer. »
Le Temps retrouvé est Le dernier livre de La Recherche, il se compose du séjour à Tansonville chez Gilberte, de M. de Charlus pendant la guerre et de la matinée chez la princesse de Guermantes ; cette dernière partie, seule, mérite exactement le titre du volume, les deux autres n'étant que des préparations à la découverte finale.
La première section s'ouvre sur le retour à Paris du Narrateur, qui constate son absence de dons littéraires. Mais dans la cour de l'hôtel de Guermantes, c'est le coup de théâtre : butant sur des pavés inégaux, le Narrateur ressent un bonheur semblable à celui que lui avait procuré la madeleine. Il retrouve alors le temps perdu, et comprend que l'oeuvre d'art est le seul moyen d'interpréter ces signes. Il développe ce que sera son esthétique : les matériaux de son oeuvre seront constitués par sa vie passée.
Il a été remasterisé pour former un coffret de 5 CD MP3 d'une excellente qualité sonore.
Récit d'une journée de printemps, marquée par les sonneries du clocher de Big Ben et les états d'âme de Mrs Dalloway, une promenade dans Londres comme une exploration de l'être, des sensations et des réminiscences qui résonnent sur l'horloge de la vie.
PROUSTUn amour de Swann (André Dussollier-Lambert Wilson) " Et avec cette muflerie intermittente qui paraissait chez lui dès qu'il n'était plus malheureux et que baisser du même coup le niveau de sa moralité, il s'écria en lui-même : " Dire que j'ai gâché des années de ma vie, que j'ai voulu mourir, que j'ai eu mon plus grand amour pour une femme qui me plaisait pas, qui n'était pas mon genre ! "
Paul et Virginie est un roman de Bernardin de Saint-Pierre, écrit en 1787.
Ce texte est aujourd'hui un grand classique réunissant les thèmes de l'amour impossible et de l'ailleurs exotique et sublimé.
Deux femmes se retrouvent par le hasard de la vie à l'île de France, et doivent élever seules leurs enfants. Elles décident qu'ils grandiront ensemble, et ainsi Paul et Virginie sont comme frère et soeur. Mais l'innocence et la pureté des lieux les engagent à l'adolescence vers des sentiments d'une plus grande profondeur.
Face à cette situation, la mère de Virginie envoie sa fille en France pour étudier. Le jour où Virginie doit revenir, Paul l'attend, mais le bateau fait naufrage devant ses yeux.
Crime et Châtiment est un des romans les plus connus de Dostoïevski, où sont développés les thèmes chers à l'auteur : la morale, la religion, la conscience et les arrangements heureux et malheureux de chaque homme avec ses crimes. Avec cette humanité et cette délicatesse propres à l'auteur, on suit les affres du remord d'un jeune étudiant meurtrier à Saint-Pétersbourg.
Sur la lecture est un petit texte de Marcel Proust, qui servit de préface à la traduction du livre Sésame et les lys de Ruskin. Il propose une introduction à la lecture, par le biais de la description d'une journée d'enfance en compagnie d'un « livre préféré ». Proust refuse de voir dans la lecture une communication avec le monde, un accès à l'extérieur, c'est au contraire la rencontre avec soi-même que met en place la confrontation avec les mots d'un autre.
Découvrez Lettres à Reynaldo Hahn avec 3 CD audio, le livre de Marcel Proust. Marcel Proust avait vingt-trois ans lorsqu'il rencontra le musicien Reynaldo Hahn dans le salon parisien de Mme Madeleine Lemaire, en 1894. Les deux jeunes gens ignoraient alors qu'ils deviendraient pour le premier, l'un des plus grands écrivains français et pour l'autre, l'un des compositeurs les plus courus du XXe siècle. Pendant deux ans, ils vont s'aimer, et ils garderont toute leur vie une amitié et une intimité indéfectibles. Ce livre audio contient une sélection des lettres de Marcel Proust à Reynaldo Hahn.
Jupien revint, suivi par le baron. Celui-ci, décidé à brusquer les choses, demanda du feu au giletier, mais observa aussitôt: "Je vous demande du feu mais je vois que j'ai oublié mes cigares." les lois de l'hospitalité l'emportàrent sur les règles de la coquetterie. "Entrez, on vous donnera tout ce que vous voudrez", dit le giletier, sur la figure de qui le dédain fit place à la joie. La porte de la boutique se referma sur eux et je ne pus plus rien entendre.
Mon père nous avait raconté qu'il savait maintenant par A. J. où allait M. de Norpois quand il le rencontrait dans la maison (...) « Le père Norpois m'a dit que Mme de Villeparisis t'aimait beaucoup et que tu ferais dans son salon la connaissance de gens intéressants. Il m'a fait un grand éloge de toi, tu le retrouveras chez elle et il pourrait être pour toi d'un bon conseil même si tu dois écrire. Car je vois que tu ne feras pas autre chose... »
Je dis à ma mère: "Je sais la peine que je vais te faire D'abord au lieu de rester ici comme tu le voulais, je vais partir en même temps que toi. Mais cela n'est encore rien. Je me porte mal ici, j'aime mieux rentrer. Mais écoute-moi, n'aie pas trop de chagrin. Voici, je me suis trompé, je t'ai trompée de bonne foi hier, j'ai réfléchi toute la nuit. Il faut absolument, et décidons-le tout de suite, parce que je me rends bien compte maintenant, parce que je ne changerai plus, et que je ne pourrais pas vivre sans cela, il faut absolument que j'épouse Albertine."
Lu par Robin Renucci, Guillaume Gallienne.
Le roman s'oppose à Du côté de chez Swann comme le monde de la campagne et de la petite bourgeoisie à celui de l'aristocratie. Le thème général est en effet la traversée des hautes classes de la société par le Narrateur. Tout commence avec l'emménagement de la famille du Narrateur dans un appartement de l'hôtel de Guermantes à Paris. On découvrira la haute société du spectacle, l'affaire Dreyfus, qui fait sa première apparition dans ce livre...
Il a été remasterisé pour former un coffret de 5 CD MP3 d'une excellente qualité sonore.
Sodome et Gomorrhe revient sur la fin de Guermantes : le Narrateur, observant un insecte dans la cour de l'hôtel, surprend le malaise de Charlus avec le tailleur Jupien.
C'est la révélation de l'inversion : un exposé sur la «race des hommes-femmes» fait suite , M. de Charlus et Jupien formeront un couple. Sur l'horizon mondain des Guermantes à Paris, des Verdurin à Balbec, évoluent les homosexuels qui justifient le titre du roman ; au premier plan, les progrès de la liaison du Narrateur avec Albertine, et l'affirmation des «intermittences du coeur».
Il a été remasterisé pour former un coffret de 5 CD MP3 d'une excellente qualité sonore.
Victor Hugo publie en 1827 sa pièce Cromwell qu'il présente comme le premier drame romantique. S'inspirant de l'art théâtral de Shakespeare, il propose une démarche nouvelle débarrassée des conventions passéistes de la tragédie, dont principalement celle de l'unité de temps, de lieu et d'action. Le drame raconte une histoire réelle, les héros sont humains et le vil côtoie le noble. L'espoir peut se transformer en actions, en tentatives de jouer son propre destin, mais le héros romantique est souvent maudit car la société et le peuple, qui font alors leur entrée en scène, imposent une forme de fatalité et empêchent les hommes de réaliser leurs désirs.
La Préface à Cromwell est un texte court qui rappelle les différents âges de la littérature et signe la rupture définitive qu'opère le Romantisme tel que Victor Hugo le fonde ici par écrit, et tel qu'il se révèlera lors de la bataille d'Hernani, en 1830. C'est le mouvement littéraire qui réunira sous son drapeau des auteurs tels que Chateaubriand, Musset, Sand, ou encore Nerval...
"Parmi les chambres dont j'évoquais le plus souvent l'image dans mes nuits d'insomnie, aucune ne ressemblait moins aux chambres de Combray, saupoudrées d'une atmosphère grenue, pollinisée, comestible et dévote, que celle du Grand Hôtel de la Plage, à Balbec, dont les murs passés au ripolin contenaient, comme les parois polies d'une piscine où l'eau bleuit, un air pur, azuré et salin." Marcel Proust, Noms de pays : le nom Situé à la fin d'Un Amour de Swann, "Noms de pays : le nom" raconte l'adolescence du narrateur à Paris, ses souvenirs de Combray et de Balbec et son amour naissant pour Gilberte Swann.
De simples gens élégants peuvent défendre leur porte trop envahie. Mais celle des Guermantes ne l'était pas. Un étranger n'avait presque jamais l'occasion de passer devant elle. Pour une fois que la duchesse s'en voyait désigner un, elle ne songeait as à se préoccuper de la valeur mondaine qu'il apporterait, puisque c'était chose qu'elle conférait et ne pouvait recevoir. Elle ne pensait qu'à ses qualités réelles, Mme de Villeparisis et Saint-Loup lui avaient dit que j'en possédais. Et sans doute ne les eut-elle pas crus, si elle n'avait remarqué qu'ils ne pouvaient jamais arriver à me faire venir quand ils le voulaient, donc que je ne tenais pas au monde, ce qui semblait à la duchesse le signe qu'un étranger faisait partie des « gens agréables ».
« Enfin elle, je l'aimais et ne pouvais par conséquent la voir sans ce trouble, sans ce désir de quelque chose de plus, qui ôte, auprès de l'être qu'on aime, la sensation d'aimer. »
« Comme je quittai l'église, je vis devant le vieux pont des filles du village qui sans doute parce que c'était un dimanche se tenaient attifées, interpellant les garçons qui passaient. Moins bien vêtue que les autres, mais semblant les dominer par quelque ascendant - car elle répondait à peine à ce qu'elles lui disaient -, l'air plus grave et plus volontaire, il y en avait une grande qui assise à demi sur le rebord du pont, laissant pendre ses jambes, avait devant elle un petit pot plein de poissons qu'elle venait probablement de pêcher. Elle avait un teint bruni, des yeux doux, mais un regard dédaigneux de ce qui l'entourait, un nez petit, d'une forme fine et charmante. Mes regards se posaient sur sa peau et mes lèvres, à la rigueur pouvaient croire quelles avaient suivi mes regards. Mais ce n'est pas seulement son corps que j'aurais voulu atteindre, c'était aussi la personne qui vivait en lui. »
"Dès le matin, la tête encore tournée contre le mur et avant d'avoir vu, au-dessus des grands rideaux de la fenêtre, de quelle nuance était la raie du jour, je savais déjà le temps qu'il faisait."
"Il en est malheureusement des commencements d'un mensonge de notre maîtresse, comme des commencements de notre propre amour, ou d'une vocation. Ils se forment, se conglomèrent, ils passent, inaperçus de notre propre attention..." marcel proust
"Oui, il fallait partir, c'était le moment. Maintenant que la vie avec Albertine était redevenue possible, je sentais que je ne pourrais en tirer que des malheurs puisqu'elle ne m'aimait pas. Mieux valait la quitter sur la douceur de son consentement que je prolongerais par mon souvenir. Oui, c'était le moment."
Mme de Guermantes s'avança décidément vers la voiture et redit un dernier adieu à Swann. « Vous savez, nous reparlerons de cela, je ne crois pas un mot de ce que vous dites, mais il faut en parler ensemble. On vous aura bêtement effrayé, venez déjeuner, le jour que vous voudrez (pour Mme de Guermantes tout se résolvait toujours en déjeuners), vous me direz votre jour et votre heure », et relevant sa jupe rouge elle posa son pied sur le marchepied. Elle allait entrer en voiture, quand, voyant ce pied, le duc s'écria d'une voix terrible : « Oriane, qu'est-ce que vous alliez faire, malheureuse. Vous avez gardé vos souliers noirs ! Avec une toilette rouge ! Remontez vite mettre vos souliers rouges... » « Hein, nous M. de Guermantes, les pauvres maris, on se moque bien d'eux, mais ils ont du bon tout de même. Sans moi, Oriane allait dîner en souliers noirs »
"Longtemps je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n'avais pas le temps de me dire : « Je m'endors. » Et une demi-heure après, la pensée qu'il était temps de chercher le sommeil m'éveillait ; je voulais poser le volume que je croyais avoir dans les mains et souffler ma lumière..."
Tandis que je lisais au jardin, ce que ma grand'tante n'aurait pas compris que je fisse en dehors du dimanche, jour où il est défendu de s'occuper à rien de sérieux et où elle ne cousait pas. Un jour de semaine, elle m'aurait dit «comment tu t'amuses encore à lire, ce n'est pourtant pas dimanche...» Marcel Proust