« De quoi s'agit-il dans les Fondements de la métaphysique des moeurs et dans la Critique de la raison pratique? Du fondement du discours moral, d'un discours cohérent, absolument valable pour tous les êtres doués de raison, obligeant tout ce qui est fini et raisonnable. Il ne s'agit pas d'une morale au sens traditionnel du terme, d'un système de règles de conduite pour des situations concrètes, de prescriptions précises, d'interdictions à observer. Ce que cherche Kant, c'est exactement ce qu'indique le titre du premier de ces écrits : un fondement de la métaphysique des moeurs, non celle-ci. Des morales, l'histoire et le présent en sont remplis, sans qu'aucun des systèmes prônés puisse prétendre à une validité universelle : la morale reste à fonder ».
E. Weil, Problèmes kantiens, p. 149.
Lorsque Ferdinand Alquié rassembla ce recueil, il livra en quelque sorte son testament d'historien de la philosophie. Le lecteur y trouvera de précieuses analyses, souvent comparatives, où Alquié envisage le rapport de Descartes à la philosophie, à la religion autant qu'à la science de son siècle, mais aussi un questionnement sur la possibilité d'une lecture cartésienne de la Critique de la raison pure. Pour cette réédition, ont été ajoutés à l'édition de 1983 quelques textes tardifs, dont sa contribution à la querelle de la folie menée par Michel Foucault et Jacques Derrida, et en clôture, les hommages posthumes de Henri Gouhier et Jean-Luc Marion, ainsi qu'une bibliographie primaire et secondaire de son oeuvre.
Les études réunies dans cet ouvrage datent des années 1945-50, à l'exception de la dernière.
Depuis quarante ans l'auteur n'a pas ignoré les découvertes et les révolutions conceptuelles dans les sciences biologiques. une nouvelle connaissance de la vie a été esquissée en 1966 dans les etudes d'histoire et de philosophie des sciences, aussi bien que dans le normal et le pathologique (2e partie : nouvelles réflexions . ).
Elle a été poursuivie, en 1977, par idéologie et rationalité dans l'histoire des sciences de la vie.
L'auteur n'a donc pas répugné à reconnaître l'archaïsme de certaines de ses premières positions et propositions. mais il maintient que "nouvelle connaissance" n'entraîne pas, pour le philosophe, l'abandon du projet inspirateur de la connaissance de la vie : s'interroger sur l'étonnant opportunisme de la relation des vivants avec leur milieux, sur l'originalité de cette présence au monde qu'on nomme la vie, alors même que, selon un grand biologiste français, "on n'interroge plus la vie aujourd'hui dans les laboratoires".
" la nostalgie d'une philosophie vivante a conduit de nos jours à bien des renaissances.
Nous demandons : la seule renaissance vraiment féconde ne consisterait-elle pas à ressusciter les méditations cartésiennes, non certes pour les adopter de toutes pièces, mais pour dévoiler tout d'abord la signification profonde d'un retour radical à l'ego cogito pur, et faire revivre ensuite les valeurs éternelles qui en jaillissent ? c'est du moins le chemin qui a conduit à la phénoménologie transcendantale.
Ce chemin, nous l'allons parcourir ensemble. en philosophes qui cherchent un premier point de départ et n'en possèdent pas encore, nous allons essayer de méditer à la manière cartésienne ".
Le 27 mai 1978, Michel Foucault prononce devant la Société française de Philosophie une conférence où il inscrit sa démarche dans la perspective ouverte par l'article de Kant Qu'est-ce que les Lumières? (1784), et définit la critique, de manière frappante, comme une attitude éthico-politique consistant dans l'art de n'être pas tellement gouverné. Ce volume en présente pour la première fois l'édition critique.
Il présente également la traduction d'une conférence inédite intitulée La culture de soi, prononcée à l'Université de Californie à Berkeley le 12 avril 1983. C'est le seul moment où, en définissant son travail comme une ontologie historique de nous-mêmes, Foucault établit un lien significatif entre ses réflexions sur l'Aufklärung et ses analyses de l'Antiquité gréco-romaine. Au cours du même séjour en Californie, Foucault participe aussi à trois débats publics où il est amené à revenir sur plusieurs aspects de son parcours philosophique, et dont on trouvera les textes à la suite de la conférence.
Tandis que la tendance générale de la pensée antique et médiévale était de glorifier la guerre ou, à tout le moins, de défendre ce qu'il était alors convenu d'appeler "la juste guerre", l'idée de paix, depuis le xviie siècle, a préoccupé les esprits au point de devenir un philosophème puissant.
[... ] C'est seulement avec le XVIIe siècle que l'homme, dont le bon sens et la raison sont alors déclarés "la chose du monde la mieux partagée", comprend enfin le prix de la paix. cela ne signifie pas la disparition des guerres. Mais tandis que les ouvrages de droit ne parlent plus seulement du jus belli, mais du "droit de la guerre et de la paix", se succèdent et se multiplient les "projets de paix", d'une paix que l'on considère même généralement comme pouvant être "perpétuelle".
(S. Goyard-Fabre, Les difficultés invincibles des "projets de paix perpétuelle" in L'Année 1796, sur la paix perpétuelle, Vrin, 1998).
Pourquoi les êtres humains ont-ils besoin des vertus ? Telle est la question essentielle à laquelle répond Peter Geach dans cet ouvrage incisif, qui a marqué la philosophie morale depuis la seconde moitié du XXe siècle. L'éthique trouve son fondement dans la métaphysique, à travers l'examen des trois vertus théologales (foi, espérance et charité) et des quatre vertus cardinales (prudence, justice, tempérance et courage). Rejetant certains des courants dominants de la philosophie morale contemporaine, mais attentif à Aristote, Thomas d'Aquin et Schopenhauer, Geach retrouve l'éthique chrétienne des vertus, fondée sur la nature humaine et la loi naturelle. Pour les créatures que nous sommes, la meilleure vie morale et le salut de notre âme sont étroitement liés, même s'ils ne sont pas la même chose. Ce qui vaut aussi pour les relations entre la philosophie morale et la théologie philosophique : si elles sont distinctes, elles sont cependant intrinsèquement liées.
Oeuvre capitale d'Aristote, la Métaphysique rentre dans la classe des écrits destinés au public philosophique. La métaphysique ou Philosophie première, occupe le sommet de la hiérarchie des sciences théorétiques, en raison de l'absolue réalité de son objet, qui est la forme pure, immobile, éternelle et séparée.
Oeuvre capitale d'Aristote, la Métaphysique rentre dans la classe des écrits destinés au public philosophique. La métaphysique ou Philosophie première, occupe le sommet de la hiérarchie des sciences théorétiques, en raison de l'absolue réalité de son objet, qui est la forme pure, immobile, éternelle et séparée.
Quelle place doit tenir une mouche dans la tête d'un philosophe?
Derrière cette étrange question se profile une virulente polémique qui opposa les philosophes du XVIIIe siècle : l'animal n'est-il qu'un automate perfectionné, ou bien serait-il un être sensible capable d'un certain type d'intelligence? Dans son Traité des animaux (1755), Condillac apporte certes de nouveaux éléments à la discussion traditionnelle sur l'âme des bêtes et s'explique sur ce qui l'oppose à Descartes ou à Buffon, mais l'animal lui sert avant tout de prétexte pour traiter de l'homme et de Dieu.
Cette édition modernisée et annotée, en format poche, propose aux étudiants et aux amateurs une redécouverte de la pensée novatrice de Condillac. Une introduction présente les données historiques, le plan du texte et quelques thèmes directeurs propres à faciliter la lecture; elle est suivie d'un dossier composé d'extraits de Buffon et des auteurs évoqués.
Best-seller en son temps, la Recherche sur le sublime et le beau d'Edmund Burke marqua le XVIIIe siècle. Il s'agissait en effet du premier texte d'esthétique, en un siècle où la discipline n'était pas encore constituée; mais il s'agissait aussi du premier texte d'un tout jeune auteur de 19 ans, où les thèses sur l'art croisent celles de notre rapport au monde et à autrui.
Témoin des goûts esthétiques de son temps, Burke définit la beauté comme ce qui est petit, lisse, délicat, de couleurs claires et brillantes, à l'image des portraits poudrés de l'époque : il livre ici un essai précieux et spirituel sur notre rapport à la beauté et à l'art. (Existe en grand format, 35 €)
" nous voyons que toute cité est une sorte de communauté, et que toute communauté est constituée en vue d'un certain bien (car c'est en vue d'obtenir ce qui leur apparaît comme un bien que tous les hommes accomplissent toujours leurs actes) : il en résulte clairement que si toutes les communautés visent un bien déterminé, celle qui est la plus haute de toutes et englobe toutes les autres vise aussi, plus que les autres, un bien qui est le plus haut de tous.
Cette communauté est celle qui est appelée cité, c'est la communauté politique. " (aristote, la politique, 1252 a 1-7 - trad. j. tricot)
Hume poursuit - dans L'histoire naturelle de la religion (1757) - une intention avant tout politique. La question de la religion fut en effet un sujet d'actualité dans la Grande-Bretagne du XVIIIe siècle. L'accent ne porte alors pas tant sur le fondement de la religion dans la raison que sur son origine dans la nature humaine, autrement dit, sur l'explication causale des religions à partir des principes premiers que sont les passions. L'écrit retrace ainsi l'histoire de la religion du polythéisme jusqu'au théisme, avant de procéder à une comparaison de ces deux religions sous leur forme populaire.
Cette nouvelle édition bilingue de L'histoire naturelle de la religion contient également les deux essais Du suicide et De l'immortalité de l'âme qui interrogent de manière critique la vie respectivement avant la mort et après la mort.
En 1966, Noam Chomsky publie sa Linguistique cartésienne, sous-titrée Un chapitre de l'histoire de la pensée rationaliste. Il y appuie historiquement son geste polémique sur des textes peu connus de Descartes. Malgré les maintes différences qui persistent entre les deux auteurs, le présent ouvrage montre l'intérêt du travail de Chomsky sur la pensée cartésienne, et notamment ses enseignements méthodologiques et philosophiques fondamentaux, mettant en lumière les ressources conceptuelles que nous réserve encore la philosophie de l'âge classique. Il en ressort toute la complexité du concept cartésien de l'homme, mais aussi l'innéisme de la créativité linguistique qui caractérise le propre projet de Chomsky ; un innéisme qui est déjà présent chez Descartes, attentif au lien étroit qu'on peut établir entre le langage et la pensée.
La Physique d'Aristote institue le cadre, qui restera celui de la tradition scientifique européenne en dépit de toutes les évolutions et ruptures, selon lequel les transformations des corps naturels sont explicables par des régularités universellement valides, produites par des causes inhérentes à leur constitution même, sans qu'il soit nécessaire de les justifier par un ordre de réalité supérieur. Aristote y met en évidence les conditions de possibilité de tout changement, et se demande quel type d'existence il faut accorder aux choses qui semblent nécessaires pour en rendre compte, comme le temps, le lieu, l'infini, le continu et le vide. Cette pièce maîtresse de son oeuvre fait ainsi le lien entre l'ontologie générale et les sciences plus régionales telles que la cosmologie ou la biologie.
La présente traduction, profondément revisée par rapport aux éditions précédentes, cherche à serrer au plus près le texte grec tout en offrant la plus grande clarté possible à l'expression française. Elle est accompagnée de notes destinées avant tout à rendre la lecture plus accessible, mais aussi à fournir aux spécialistes une discussion approfondie des choix de traductions et d'interprétations.
" si cette recherche sur la nature de l'entendement permet de découvrir ses pouvoirs (leur portée, ce à quoi ils sont plus ou moins adaptés, les cas oú ils font défaut), je crois que cette recherche peut être utile : elle permettra de maîtriser l'esprit agité de l'homme, d'être plus prudent quand il traite de choses qui excèdent sa saisie, de s'arrêter quand il est arrivé en bout de laisse et de se satisfaire d'une tranquille ignorance concernant les choses que l'examen révèle hors d'atteinte pour ses capacités.
alors, peut-être, serons-nous moins pressés, sous prétexte de connaissance universelle, de soulever des problèmes et de nous inquiéter (nous-mêmes et autrui) de débats sur des objets auxquels notre entendement n'est pas adapté, des objets dont nous ne pouvons élaborer dans notre esprit aucune perception claire ou distincte, ou dont nous n'avons absolument aucune notion (ce qui sans doute est arrivé trop souvent).
si nous pouvons découvrir jusqu'oú l'entendement peut porter son regard, jusqu'oú ses facultés lui procurent de la certitude, et dans quels cas il ne peut que juger et conjecturer, alors nous pourrons apprendre à nous contenter de ce qui nous est accessible dans l'état oú nous sommes ". john locke.
La déduction transcendantale des concepts purs de l'entendement n'est pas seulement au coeur de la Critique de la raison pure, mais elle constitue peut-être l'un des textes les plus importants de la philosophie transcendantale en général. Elle tente de résoudre l'aporie suivante : comment connaître les conditions de possibilité de toute connaissance ? Il s'agit ici d'exposer les arguments décisifs de la première et de la deuxième édition du chef d'oeuvre de Kant. L'auteur n'aborde pas le sujet exclusivement sous l'angle d'une exégèse immanente du texte, mais aussi d'un point de vue résolument phénoménologique, compris comme un retour aux choses mêmes. Il saisit en effet l'occasion de mettre en jeu les interprétations de Kant proposées par Heidegger et par Fink et parvient ainsi à relier le travail d'immersion dans le texte kantien à une vue d'ensemble de la chose même à interpréter.
Dans ces Dialogues, Hume met en scène le débat de Cléanthe, partisan du théisme expérimental, de Déméa, représentant du dogmatisme, et du sceptique Philon, sur la religion naturelle confrontée aux limites de la raison.
La présente édition présente le texte anglais en regard de la traduction et offre ainsi au lecteur un outil essentiel à la lecture du philosophe anglais.
Les études réunies ici témoignent de la découverte de la philosophie analytique par les philosophes français de l'après-guerre : dans les années 1950, Pierre Hadot fut en effet l'un des premiers à s'intéresser aux rapports entre logique et langage dans la pensée de Wittgenstein. Ces études pionnières sont suivies d'une lettre d'Elisabeth Anscombe à Pierre Hadot, et de la traduction d'un texte de Gottfried Gabriel sur la signification de la forme littéraire chez Wittgenstein.
L'humour provoque-t-il toujours le rire ? La philosophie est-elle incompatible avec l'humour ? Si l'humour est une caractéristique personnelle, un trait de caractère ou une disposition de la personne, les philosophes n'en sont pas nécessairement dépourvus non plus. On trouve ainsi bien des passages amusants dans les oeuvres philosophiques, mais surtout une réflexion sur l'humour qui plonge ses racines dans la théorie des humeurs de l'Antiquité grecque. Les réponses données à la question « Qu'est-ce que l'humour ? » se partagent alors entre trois thèses principales, présentées en détail dans le présent ouvrage : la thèse de la supériorité (l'humour comme mépris), la thèse du soulagement (l'humour comme fuite) et la thèse de l'incongruité (l'humour comme surprise et étonnement).
L'acte de la philosophie japonaise est celui d'un évidement de soi : acte d'accueil des traditions philosophiques du monde, acte en résonance, créateur d'une terminologie, d'une logique, d'une conceptualité originales, s'alimentant aux sources d'une pensée mythique jamais tarie. Les textes présentés ici en feront sentir l'inclassable nouveauté : cette philosophie n'est ni purement shintoïste, bouddhique, chrétienne, néoconfucianiste; elle n'est ni « orientale » ni « occidentale », mais proprement japonaise.
Avec des textes de Dôgen, Izutsu Toshihiko, Motoori Norinaga, Nakae Chômin, Nishi Amane, Nishida Kitarô, Ogyû Sorai, Ômori Shôzô, Tanabe Hajime, Tosaka Jun.
Hobbes, se voulant savant, entreprit le grand projet des Éléments de la philosophie couvrant les trois grands domaines de la science utile : le corps, la nature humaine et la vie civile. Une physique, une anthropologie, une science politique, unies par une même méthode de ratiocinatio. Mais la Guerre civile anglaise et la singularité de plus en plus apparente de la doctrine politique le conduisirent à considérer plus en profondeur la possibilité, puis la nécessité d'établir sur des fondements propres une philosophie politique ; et il offrit ainsi dans le Léviathan la théorie de l'État la plus décisive qui soit pour l'époque moderne.
Ce cours, qui n'a d'autre ambition que d'introduire à la lecture de Husserl, prend pour fil conducteur la corrélation a priori et universelle entre l'étant transcendant et ses modes subjectifs de donnée. L'évidence naïve selon laquelle le monde est tel qu'il nous apparaît a en effet une portée surprenante : tout étant est essentiellement relatif à des apparitions subjectives et la conscience enveloppe, par là même, un rapport nécessaire à l'étant transcendant. De l'aveu même de Husserl, l'effort de la phénoménologie consiste à élaborer cet a priori, c'est-à-dire à penser l'être de la conscience et de la réalité en tant que, radicalement distincts, ils sont néanmoins relatifs l'un à l'autre. Or, l'élaboration de cet a priori s'expose au risque permanent d'une réification de la conscience, qui procède elle-même d'une caractérisation encore naïve du sens d'être de la réalité : tant que la conscience est pensée sur le modèle de la chose, son pouvoir de faire apparaître l'étant demeure incompréhensible.
On présentera donc l'élaboration progressive de la pensée de Husserl - des Recherches logiques à la phénoménologie transcendantale des Leçons sur le temps et des Idées directrices - comme une tentative continuée de se libérer de toute forme de réalisme. Parce qu'elle est de part en part motivée par le souci d'échapper à la naïveté - ce qui exige d'abord de la reconnaître sous ses formes les plus sophistiquées -, la phénoménologie, telle que Husserl la fonde, apparaît comme l'accomplissement même de l'exigence philosophique.