Dans ce nouveau volume de la collection Visions d'Afrique, vous découvrirez une vaste collection d'objets authentiques issus d'une culture traditionnelle d'Afrique équatoriale ainsi qu'une reconstitution des routes migratoires qui pourrait expliquer un corpus d'objets apparemment hétérogène.
Ceil Pulitzer a entamé son parcours de collectionneuse d'art africain il y a plus de trente ans. Son esprit artistique l'a conduite vers toutes les formes de culture et d'expression humaines, sans limites spatiales ou temporelles. En peintre consciencieux, elle n'a cessé d'aiguiser son regard en étudiant l'art et l'histoire de l'art, et en collectionneuse d'art moderne, elle comprit que l'art africain avait influé sur la trajectoire de l'art du XXe siècle. Par la suite, à Paris, elle fit la connaissance de Charles Ratton, expert vénérable et légendaire marchand d'art africain. Lors d'une brève rencontre, il lui déclara : « Vous avez l'oeil. » Cette rencontre nourrit sa passion et sa quête de l'excellence en matière d'art africain classique. La Fondation Ceil and Michael Pulitzer a initié et soutenu nombre d'initiatives philanthropiques en Afrique et au sein des grandes institutions qui promeuvent l'art africain et les actions humanitaires sur le continent noir.
Les We vivent dans les forêts de la frontière occidentale de la Côte d'Ivoire. Leur nom signifie « les hommes qui pardonnent facilement ». Dans la vie sociale de ce peuple, la cellule familiale joue un rôle important. Chaque famille est conduite par un patriarche, révéré pour sa sagesse et sa richesse, à qui incombe de superviser la vie du clan. Il organise les mariages, règle les conflits et influence la vie religieuse.
Longtemps désignés sous d'autres appellations (Guere, Wobe, Kran), les We vivent de part et d'autre de la frontière entre le Liberia et la Côte d'Ivoire - et sont de ce fait considérés, dans les deux pays, comme une population « périphérique ». Il s'agit d'une civilisation de masques, aux antipodes d'autres sociétés qui en sont dépourvues (tels les Ashanti, au Ghana).
Leurs masques, pourtant, par leur hardiesse plastique, furent parmi les premiers à subjuguer les artistes cubistes en Occident. Kahnweiler, le célèbre marchand d'art de Picasso, racontait que l'artiste possédait un masque wobe et que c'est justement son étude qui poussa Picasso vers des évolutions si innovantes.
Insolites, exubérants, fantasmagoriques, leurs masques surprirent par leur diversité et leur éblouissante inventivité formelle. Ils ont également influencé les oeuvres de peuples voisins. Au point que leur art, loin d'être isolé, à l'écart, perdu dans la forêt, apparaît comme une clé de voûte, un pivot - si l'on cesse de croire que la création obéit aux découpages coloniaux.
Avec ce constat majeur : il s'agit bien d'une civilisation de masques, tant ils sont abondants dans chaque village. Régissant tous les domaines (juridique, mystique, agricole), ils participent aux multiples phases de la vie. Cet art évolutif, mobile, implique une différence capitale par rapport aux créations d'autres peuples, chez lesquels la morphologie détermine aisément le sens, la portée, le type de cérémonies : chez les We, la forme ne permet jamais vraiment d'inscrire l'oeuvre dans une catégorie.
L'art aborigène peut être considéré comme la forme d'expression artistique la plus ancienne, puisque son existence remonterait à 60 000 ans. Une expression qui sert depuis toujours à transmettre traditions et croyances sous des manifestations les plus hétéroclites qui soient :
De la peinture à l'incision, de la sculpture à la teinture, sans oublier la céramique et, plus récemment, l'image photographique.
Le thème central de ce type de production artistique reste le lien entre l'humain et la terre, l'héritage des ancêtres dont l'écho résonne encore aujourd'hui. Ce n'est pas un hasard si « Before time began » (« Avant le début des temps ») est l'une des devises qui revient souvent chez les artistes aborigènes d'Australie centrale pour évoquer la création du monde du point de vue onirique. Il s'agit du fil rouge qui relie les diverses oeuvres d'art du présent ouvrage. Se plonger dans ce parcours et le suivre permet au lecteur d'explorer avant tout l'aspect narratif lié au songe et au passage du temps, autant d'éléments qui dénotent la dimension temporelle des différentes sociétés. Mais le lecteur peut aussi par ce biais découvrir les origines de l'art contemporain dans le contexte aborigène grâce aux oeuvres réalisées au début des années 1970, en terre d'Arnhem et dans les territoires de Papunya, ainsi que les peintures plus récentes des artistes résidents dans les territoires APY (Anangu Pitjantjatjara Yankunytjatjara).
Ce sont surtout ces derniers témoignages qui mettent particulièrement bien en évidence la fusion entre l'art contemporain et les moyens d'expression traditionnels, ainsi que les savoirs ancestraux et les éléments liés à l'inévitable progrès.
L'importance de ce livre réside non seulement dans la vue d'ensemble qu'il offre sur cette forme artistique, mais également dans le fait qu'il signe la première grande exposition mise en place par la toute nouvelle Fondation Opale (Lens/Crans-Montana, 2018), qui s'appuie sur la collection de sa fondatrice, Bérengère Primat.
Alors que beaucoup de sociétés congolaises furent autrefois réputées pour leurs sorties de masques impressionnantes et pour leurs maisons de chefs sculptées, c'est seulement parmi une poignée de populations, dont les Pende font partie, que ces phénomènes ont été étudiés comme traditions vivantes. Elaboré à partir de recherches de terrain de nombreux chercheurs depuis les années 1950, l'ouvrage offre un aperçu unique de l'environnement dynamique de la performance tant en ce qui concerne les mascarades que la sculpture en Afrique centrale. Autant que faire ce peut, le texte privilégie les témoignages des Pende afin de comprendre les différences qui existent entre la pratique rituelle et la forme esthétique. Soucieux du contexte historique, il relate aussi comment ces pratiques artistiques ont répondu (parfois de manière imprévisible) aux pressions coloniales et post-coloniales. Les nombreuses photographies reprennent des oeuvres emblématiques et en proposent d'autres, inédites, sélectionnées pour illustrer l'éventail complet de l'expression pendé.
Z. S. Strother est professeur au département d'Histoire de l'art de la « University of California » à Los Angeles. Sur la base de 32 mois de recherche de terrain (1987-1989), elle a publié de nombreux écrits sur les Pende et notamment Inventing Masks:Agency and History in the Art of the Central Pende qui reçut le «Arnold Rubin Outstanding Publication Award » décerné pour une étude originale publiée entre 1998 et 2000.
Situé dans le centre ouest de l'Inde, dans l'Etat du Maharashtra, le site d'Ellora évoque une île heureuse en pleine nature, à quelques kilomètres d'un autre site très intéressant, les grottes d'Ajanta. Classé au Patrimoine mondial de l'humanité depuis 1983, Ellora est un complexe rupestre d'une telle importance qu'il est devenu un lieu de pèlerinage pour les trois grandes religions qui y sont représentées : le bouddhisme, le brahmanisme et le jaïnisme.
Trente-quatre lieux de culte (des temples, des monastères et parfois des chapelles) y ont été creusés dans la roche entre le Ve et le Xe siècle, sur une superficie d'environ deux kilomètres carrés. Les différents monuments s'encastrent et se mêlent, témoignage d'un savoir-faire artisanal et d'une harmonie religieuse inattendus. Les constructions présentent des détails architecturaux et décoratifs variés qui en soulignent la richesse et l'inventivité : colonnades, escaliers monumentaux, reliefs sculptés, stucs et vestiges picturaux.
Malheureusement, de par leur nature rupestre, l'architecture et les reliefs sculptés sont longtemps restés dans l'ombre, l'obscurité plus ou moins dense qui les enveloppe ayant jusqu'ici rendu impossible toute campagne photographique susceptible de révéler leur splendeur au grand jour. Iago Corazza, muni d'un matériel ultra-sensible, permet enfin aux passionnés et aux simples curieux de pénétrer dans ce site unique en son genre.
La voix experte de Gilles Béguin éclaire les visions qui émergent des parois rocheuses. Après la publication de Khajuraho, les amateurs d'art indien peuvent une nouvelle fois entrer, sous la conduite de guides d'exception, dans un site d'une beauté extraordinaire, dont les superbes photographies dévoilent des détails inédits.
Figurines des Kulango. Les Esprits mystérieux de la brousse se propose de faire connaître les ?uvres miniatures créées par les Kulango, au nord-est de la Côte d?Ivoire, jadis les vassaux des deux royaumes que le pays a comptés (Bouna et Gyaman). Peu connu, leur art, étonnamment varié, intrigue et déconcer te. Leurs créations en métal sur tout, d?une saisissante liber té d?expression, rompent avec les codes iconographiques qui régissent leur statuaire en bois.
Délivrés du hiératisme, les corps semblent réinventer le mouvement en adoptant parfois une gestuelle presque chorégraphique, une grâce aérienne, des lignes sinueuses. Ou bien, dans une tension frémissante, ils exhibent des torsions inattendues, de provocantes cambrures, ou ils s?allongent jusqu?au paroxysme, avec des raccourcis virtuoses, des volumes stylisés. D?autres sont plus étranges encore, comme ces siamois, ces triplés indissolubles, ces créatures sans tête ou dotées d?une tête unique sur deux torses, d?une seule jambe, de quatre jambes, de pieds palmés, de bras-ailerons, de corps annelés. Qui sont ces êtres énigmatiques dont les yeux globuleux scrutent l?invisible? Les choix plastiques se limitent-ils à ces quelques exemples ?
Statuettes de divination, poids à peser l?or. Introduites dans notre univers par la métamorphose ressuscitées ressurgissent, telles des apparitions d?un autre monde.
Une présentation très complète des appuie-nuque africains, des objets personnels précieux, qui permettent de mieux connaître l'expression sociale et culturelle des communautés africaines qui les ont créés.
Les appuie-nuque sont des objets utilitaires d'une grande simplicité. Leurs propriétaires les utilisent pour dormir, pour reposer leur nuque, pour s'asseoir ou pour protéger leur coiffure élaborée. À première vue, ils semblent dépourvus de toute signification symbolique. Pourtant, ils ne sont pas aussi simples qu'il y paraît. Ce sont aussi des marqueurs sociaux, qui permettent de distinguer les chefs des gens ordinaires, les riches des pauvres, les devins des guérisseurs, les fermiers des bergers et les sédentaires des nomades.
Ce livre est un voyage à travers l'ethnologie, l'anthropologie, l'esthétique, la créativité, la tradition et la spiritualité.
Eduardo López Moreno est collectionneur et expert en art africain. Ancien directeur de recherche pour le Programme des Nations unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), il a donné de nombreuses conférences dans des universités prestigieuses, en Belgique, aux États-Unis et au Mexique.
Les qualités esthétiques des oeuvres produites par les Bamana du Mali (aussi appelés Bambara) séduisent depuis longtemps le regard occidental.
L'ouvrage présente ces objets d'art religieux tout en permettant au lecteur de retrouver leurs dimensions sociales et culturelles. En effet, toute création plastique met en action un réseau de valeurs complexes, parfois seulement accessibles à quelques initiés, mais toujours profondément ancrées dans un système de pensée et un mode de vie que seule la recherche anthropologique de terrain peut tenter d'approcher et d'étudier.
Pour replacer les oeuvres dans leur contexte local, l'ouvrage passe en revue les initiations des jeunes et les funérailles, rites de passages fondamentaux auxquels on ne peut se soustraire. Pour le déroulement des rituels, chacune de ces associations met en scène un nombre important de productions artistiques. Leurs qualités esthétiques sont des critères d'appréciation essentiels que les Bamana recherchent afin que leurs pouvoirs religieux et politiques soient sublimés dans une logique alliant efficacité formelle et conceptuelle.
Les amateurs d'art connaissent bien les oeuvres des différents groupes de populations que l'on a pris l'habitude d'appeler « Guro » et qui se trouvent dans le centre de la Côte d'Ivoire.
À proximité des Wan, des Baule, des Yaure et des Bete, ces groupes ont entretenu de nombreux contacts avec leurs voisins et les in#uences mutuelles se perçoivent dans les différentes créations plastiques. Les masques, notamment, ont une importance qui va bien au-delà de celle qu'ils ont acquise sur le marché de l'art. Alors que la colonisation française a largement contribué à affaiblir le prestige des hommes dont le pouvoir résidait dans les pratiques de guerre et de chasse, le maintien de rituels complexes impliquant des sorties de masques a permis à la classe masculine de préserver une forme de contrôle politique et religieux. En diversi(ant les catégories de masques entre ceux qui reçoivent des sacri(ces sanglants en l'honneur d'entités spirituelles, d'une part, et ceux, centrés sur le divertissement, qui interviennent lors de funérailles, de manifestations de propagande politique et de festivals touristiques, d'autre part, les Guro ont réinventé, redynamisé et réadapté des rituels parfaitement intégrés à une société contemporaine en mutation permanente.
Dans cette publication, la sensibilité de l?objectif et l?acuité du regard du photographe d?art Luigi Spina nous permettent de découvrir neuf des créations hemba les plus accomplies, leur style classique ayant entraîné des comparaisons avec quelques sculptures kouroï de la Grèce antique. Les interprétations photographiques de Luigi Spina nous aident à comprendre pourquoi ces statues d?ancêtre aux proportions équilibrées, de conception symétrique, suscitent l?admiration des passionnés d?art africain du monde entier.
Les Yaka, qui vivent à la pointe sud-ouest de la République démocratique du Congo, produisent depuis plus d'un siècle des statuettes figuratives, des masques et autres objets qui ont fasciné les explorateurs, les agents commerciaux, les officiers coloniaux, les missionnaires et les collectionneurs d'art africain. Ce livre rassemble quelques-uns des spécimens les plus anciens et aussi les plus remarquables sur le plan visuel, et les situe dans leur contexte en rappelant leur usage dans les rituels de guérison et de cérémonie - investiture des chefs, « institutions d'affliction », initiation et rites de passage à l'âge adulte (nkhanda). L'auteur revient aussi sur leur interaction avec les objets d'art premier et sur les concepts fondateurs de la société yaka, tels que l'organisation du pouvoir, la divination et la sorcellerie. De plus, les objets d'art sont replacés dans l'histoire d'un peuple qui présente des exemples d'artefacts à la fois plus anciens et plus récents, et des changements subtils de la matrice sociale, conséquences notamment des influences du colonialisme et des mouvements religieux hostiles au fétichisme.
Aux XIXe et XXe siècles, on collectionne des «curios» - ainsi nommés, à juste titre, puisqu'ils suscitent la «curiosité». Ces objets exotiques en provenance de Chine ou du Japon, ornés de décors fantaisistes, façonnés dans divers matériaux, dont certains encore méconnus, subjuguent les Occidentaux. Ils provoquent un engouement pour l'Asie, envoûtent les amateurs et influencent profondément les arts graphiques européens. Cette fascinante période suscite les vocations: celle de collectionneur pour Alfred Baur (1865-1951), et celle de créateurs pour Alfred Cartier (1841-1925) et ses trois fils, Louis (1875-1942), Pierre (1878-1964) et Jacques (1884-1941). Si les pièces à façon asiatique du joaillier parisien sont généralement connues, leur contexte historique et culturel l'est beaucoup moins. Ainsi, l'idée de confronter ces joyaux aux collections de la Fondation Baur, Musée des arts d'Extrême-Orient de Genève, a-t-elle germé.
Au fil de l'exposition, une Asie rêvée se dessine lentement, comme une chasse au trésor. Pagodes et pavillons endiamantés, lettrés affairés sous des cieux constellés, clairs de lune nacrés, phénix chatoyants, dragons de jade ou gemmes multicolores fleurissant comme des prunus décrivent une contrée imaginaire. La magie Cartier opère et séduit. Face à ces créations, porcelaines impériales, laques saupoudrés de métaux précieux, soieries brodées, jades, émaux colorés, netsukes, ornements de sabre et estampes de la Fondation Baur racontent, eux-aussi, la Chine et le Japon merveilleux, instaurant un dialogue inédit.
Un nouveau volume d'une collection à succès, « Visions d'Afrique ». Consacré aux arts de l'Afrique, chaque volume de cette collection, écrit par un spécialiste du domaine, s'intéresse à un groupe ethnique différent.
Le peuple mossi du Burkina Faso a une histoire riche et complexe, qui se retrouve dans les différents types et styles de figures et de masques qu'il crée depuis toujours. Les Mossi sont entrés dans l'histoire vers l'an 1500 de notre ère, lorsqu'une troupe imposante de cavaliers, venant du nord-est de ce qui est désormais le Ghana, a envahi la vallée de la Volta et entrepris la conquête des communautés locales. Les descendants de ces conquérants sont devenus chefs de tribu et ont réalisé des figures royales, usant de l'art politique pour légitimer leur pouvoir, tandis que les descendants des communautés locales ont formé une classe dédiée au culte des esprits et sculpté des masques représentant les esprits de la nature.
Christopher D. Roy est professeur d'histoire de l'art et professeur associé de la chaire Elizabeth M. Stanley d'histoire de l'art africain à l'université de l'Iowa. Il a écrit de nombreux ouvrages et articles sur l'art africain en général et sur l'art du Burkina Faso en particulier.