Un panorama de la scène graphique underground contemporaine à travers les expositions, les nombreux projets collectifs et les oeuvres de plus de cinquante artistes internationaux associés à l'histoire de la mythique galerie parisienne Arts Factory (de Nine Antico à Willem en passant par Charles Burns, Stéphane Blanquet, Hervé Di Rosa, Kiki & Loulou Picasso, Killoffer et Pierre La Police).
Installée à Paris dès 1996, la galerie Arts Factory explore depuis 25 ans la scène graphique contemporaine, au carrefour du dessin, de la bande dessinée et de l'illustration. Réalisé en étroite collaboration avec ses fondateurs, Effi Mild et Laurent Zorzin, ce livre revient sur un projet de vie et une passion commune. Fidèles à leurs choix souvent précurseurs, les deux galeristes dévoilent au fil des pages une direction artistique très personnelle ; généreuse, inspirante, parfois déstabilisante, mais toujours accessible au plus grand nombre...
Après la fin de la guerre d'Espagne et plusieurs mois d'enfermement dans le camp français de Septfonds, François Tosquelles (1912-1994), psychiatre catalan, est appelé à l'hôpital de Saint-Alban-sur-Limagnole, en Lozère, en 1940. Bientôt il en fait le creuset d'une révolution psychiatrique et sociale, basée sur l'humanisation des soins et une transformation de la vie collective, où cohabitent patients, soignants, intellectuels, artistes et résistants. Ils sont nombreux à être associés à cette aventure : les pensionnaires et créateurs Auguste Forestier et Marguerite Sirvins, les soignants Paul et Germaine Balvet, Lucien Bonnafé, Frantz Fanon, Gaston Ferdière ou encore les écrivains et artistes Antonin Artaud, Jean Dubuffet, Paul et Nusch Éluard, Tristan Tzara, et bien d'autres.
Cette histoire et les pratiques expérimentales de Tosquelles sont au coeur de l'exposition que ce catalogue accompagne, questionnant les rapports entre art, exil et psychiatrie, et la notion de création dans le contexte de l'exclusion, de l'enfermement ou de l'hospitalisation, à la croisée de l'histoire de la psychiatrie, de la politique, de l'art moderne, du surréalisme et de l'art brut ou encore du cinéma d'avant-garde, célébrant ce « droit au vagabondage » du corps et de l'esprit.
Un livre pour aborder autrement ce qui s'enseigne et s'apprend en école supérieure d'art et de design.
À travers cette (immense) question « Comment devient-on créateur / créatrice ? », ce livre tente de transmettre un état d'esprit, ce souffle de liberté, de création, d'exploration, d'innovation que les écoles entretiennent et chérissent. Aider les jeunes qui envisagent des études artistiques à s'y projeter, leur proposer une incitation, voire une invitation. Accompagner celles et ceux qui suivent déjà un cursus artistique comme celles et ceux qui les construisent dans l'interrogation sur leur pratique.
Du témoignage à la réponse spéculative ou graphique, voire humoristique, enseignants et étudiants répondent de manière forcément personnelle et de l'intérieur, c'est-à-dire depuis l'école (ou tout juste sortis, le diplôme en poche).
Pour enrichir le regard et échapper à l'entre soi, il était indispensable d'ajouter des paroles extérieures qui connaissent bien le monde des écoles supérieures d'art et de design (pour en être issu, y avoir enseigné et/ou les avoir dirigées). Marc Partouche revient sur la généalogie des écoles d'art et leur genèse, en réaction à une forme d'enseignement artistique sclérosée au XIXe siècle et souligne l'importance des artistes dans le développement d'alternatives. Arnaud Labelle-Rojoux rappelle que les écoles d'art et de design sont des lieux de production où la technique joue un rôle fondamental, pourvu qu'elle reste articulée à l'expérimentation et à la réflexion critique. Matali Crasset nous ouvre les coulisses et prémisses de son devenir designer, de l'enfance rurale à l'ENSCI-les ateliers en passant par Berlin et Vienne. Interrogé par Anaël Pigeat, Ange Leccia revient sur son parcours, des premières années en Corse au Pavillon du Palais de Tokyo, les rencontres avec des intercesseurs, avant de le devenir luimême.
Peut-être qu'on devient créateur / créatrice, quand on ne peut se satisfaire du monde comme il est, dans l'irrépressible désir de voir d'autres formes apparaître. Peut-être qu'on devient créateur / créatrice pour interroger quand même l'impérieux « Parce-que » de l'art, et de toute forme de création, comme le montre les travaux des diplômés du DNSEP (MASTER) dans le dernier chapitre.
Publication de référence sur la pratique de Lubaina Himid, figure de proue du British Black Art depuis les années 1980.
En quatre décennies, l'oeuvre puissante et poétique de Lubaina Himid a fait d'elle une figure influente de l'art contemporain - depuis son rôle central au sein du mouvement du British Black Art dans les années 1980 jusqu'à l'obtention du Turner Prize en 2017. Tout au long de sa carrière, Lubaina Himid a exploré et élargi les possibilités de la peinture et de la narration, attirant l'attention autant sur des aspects occultés de l'histoire que sur des moments extraordinaires du quotidien.
Les textes inédits réunis ici sont des essais et des conversations autour de son travail, mais aussi des écrits de l'artiste elle-même sur ses divers sujets d'inspiration, de la scénographie théâtrale et opératique au fonctionnement de l'atelier, en passant par la créativité des femmes, l'architecture, le vêtement, les motifs textiles, le son et le travail en collaboration. Inspirés de son travail d'artiste et de militante de la culture, ces textes stimulants nous incitent à réfléchir aux décisions qui façonnent nos vies.
Publié à l'occasion des expositions de Lubaina Himid à la Tate Modern, Londres, et au Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne/Plateforme 10, en 2021-2022.
En 2020, Julien Blaine, né en 1942, dresse l'inventaire (et fait don) de ce qui reste dans un atelier d'artiste à la fin d'une vie de création. Le grand dépotoir rassemble essais, lettres et réflexions sur sa vaste entreprise poétique depuis ses débuts, constituant une mise en perspective aussi bien qu'une introduction complète à sa démarche sacrilège.
Le but est donc le suivant :
Montrer tout ce qui me reste dans mes ateliers :
Absolument tout !
Les choses seront déposées dans les pièces et sur les cimaises de l'expo de ci de là à l'emporte-pièce (le mot composé est doublement juste).
L'exposition durera un mois, durant ce mois le public pourra venir choisir les oeuvres qu'il désire emporter gratuitement et qu'il emmènera aussitôt après son choix.
Et à la fin, le mois étant écoulé, ce qui reste de l'expo composera un beau feu de joie à moins que tel musée le récupère dans ses réserves... !
Et je ne produirai plus que du texte dans des livres ou des revues.
Plus aucune toile, dessin, sculpture, installation, plus rien pour les collectionneurs, les galeries et les musées.
Et pas loin de passer au stade octogénaire, je cesserai aussi de me produire en chair et en os et en public.
Dès le début des années 1960, Julien Blaine (né en 1942 à Rognac, vit et travaille à Marseille) propose une poésie sémiotique qui, au-delà du mot et de la lettre, se construit à partir de signes de toutes natures. Forcément multiple, il se situe à la fois dans une lignée post-concrète (par son travail de multiplication des champs sémantiques, en faisant se côtoyer dans un même espace des signes - textuels, visuels, objectals - d'horizons différents) et post-fluxus (dans cette attitude d'une poésie comportementale, où est expérimentée à chaque instant la poésie comme partie intégrante du vécu). Mais avant tout, la poésie s'expérimente physiquement : elle est, d'évidence, performative. Ses performances sont nombreuses, qui parfois le mettent physiquement en péril (Chute, en 1983, où il se jette du haut des escaliers de la gare Saint-Charles à Marseille : violence de cette dégringolade incontrôlable, et la réception, brutale, au sol, quelques centaines de marches plus bas... puis Julien Blaine met son doigt sur la bouche et, sous l'oeil d'une caméra complice cachée parmi les badauds médusés, murmure : « chuuuuut ! »). Mise en danger du corps, et mise en danger du poète, qui toujours oscille entre grotesque et tragique, dans une posture des plus fragile, car « le poète aujourd'hui est ridicule ». Performances, livres, affiches, disques, tract, mail-art, objets, films, revues, journaux... sa production est multiple, mêlant éphémère et durable, friable et solide. Pas un outil, un médium qui ne lui échappe. Mais rien qui ne soit achevé, arrêté. Car pour Julien Blaine la poésie est élémentaire, tout ce qu'il produit est fragment, indice d'un travail toujours en cours, document d'un chantier poétique à chaque instant renouvelé. Tous ces « résidus » doivent être lus en soi et en regard de ce qui nous entoure.
Catalogue de la double exposition consacrée à Pattern & Decoration, mouvement artistique novateur initié dans les années 1970 sur les marges d'un modernisme hégémonique, blanc, mâle et légitime, cherchant à mettre l'accent sur des formes d'art et d'artisanat considérées comme décoratives et qui semble néanmoins servir de socle à nombre de pratiques actuelles. Avec de nombreuses archives inédites.
Pattern, Crime & Decoration présente un mouvement artistique américain novateur qui débuta au milieu des années 1970 pour disparaître au cours des années 1980. Établi par des artistes, souvent considéré comme le dernier mouvement artistique organisé du XXe siècle, il chevauche chronologiquement la fin du modernisme et le début du postmodernisme, en rejetant les préceptes rigides du formalisme moderniste et en adoptant avec enthousiasme motifs décoratifs et formes d'art non-occidentales. Profondément ancré dans le féminisme, il inclut de nombreuses artistes femmes, cherchant à mettre l'accent sur des formes d'art et artisanat souvent négligées et considérées comme appartenant à la sphère domestique ou décorative, comme la tapisserie, le patchwork, les papiers peints ou la broderie.
En réagissant face au contexte puriste et normatif des formes d'art dominantes de l'époque, tels l'art minimal et l'art conceptuel, Pattern & Decoration donne le signal de fin de la trajectoire réductive du modernisme et celui du début d'une ère nouvelle, en empruntant librement et de façon subversive des éléments du répertoire formel des arts de l'Islam, des cultures mexicaines ou indiennes, en passant par les mosaïques romaines ou byzantines. Il détourne la rigidité de la grille minimaliste pour créer des motifs répétés, mettant hardiment en relief composantes figuratives, couleurs bariolées, volutes, arabesques et kitsch.
Le mouvement, rassemblé autour des textes de la critique d'art Amy Goldin (1926-1978), était soutenu par les galeristes Holly Solomon à New York et Bruno Bischofberger en Suisse. Bien que Pattern & Decoration ait connu un succès critique et commercial dès ses débuts, il s'estompa progressivement dans les années 1980. Rétrospectivement, on peut maintenant considérer ce mouvement comme précurseur de nombreux courants artistiques qui suivirent, avec son emploi de formes flottantes et déconstruites, son intérêt pour les arts non-occidentaux, ses couleurs chatoyantes et ses mélanges d'éléments décoratifs répétés dont l'usage servira à rejeter le cadre eurocentrique et patriarcal du modernisme, tel qu'il s'incarne dans Ornement et crime, le texte d'Adolf Loos (1910).
Les artistes du mouvement Pattern & Decoration sont ici présentés en compagnie du précurseur de George Sugarman (1912-1999), mais également d'autres artistes américains et européens dont le travail partage des préoccupations formelles similaires.
Cette publication présente un panorama actuel des initiatives privées dans le monde muséal. À travers les contributions de collectionneurs et de fondateurs de musées internationaux, l'ouvrage couvre la diversité des problématiques liées à l'essor des institutions privés dans l'art contemporain.
Des institutions privées comme la Menil Collection à Houston, la Fondation Maeght à Saint-Paul de Vence, ou le Louisiana Museum of Modern Art à Humlebaek existent depuis longtemps. Au cours de la dernière décennie, de nombreux nouveaux musées privés ont été créés dans le monde entier, en particulier des musées d'art contemporain.
À Athènes, Jakarta, Los Angeles, Mexico, Milan et Paris, de grands collectionneurs ont construit ou projettent de construire de nouveaux musées d'envergure. Ces projets sont souvent salués comme des initiatives généreuses qui combinent la présentation d'une collection individuelle avec une architecture innovante, et offrent une grande visibilité à l'art contemporain. Parfois, ils sont également considérés comme des concurrents pour les institutions publiques, les deux structures rivalisant pour obtenir des fonds et attirer des visiteurs. Faisant suite à la publication à succès Museum of the Future par les mêmes éditeurs, The Private Museum of the Future examine le développement actuel des initiatives privées, une question centrale de la muséologie et de la société contemporaine.
Rendu possible grâce à la contribution de fondateurs de musées internationaux et de collectionneurs d'art, l'ouvrage cartographie la diversité du domaine et des approches en termes d'échelle, de contenu, d'objectifs et de structures. En outre, il aborde des questions telles que la motivation des collectionneurs privés à construire un musée ; leur relation avec les autres institutions ; les stratégies d'avenir pour leurs musées ; leur contribution au renouvellement des manières de voir l'art contemporain ; leur avantage sur les autres institutions et leur relation avec le public et la société de façon plus large. Entretiens et contributions de Ziba Ardalan, Christian Boros, Eli Broad, Gil Bronner, Dimitris Daskalopoulos, Jens Faurschou, Soichiro Fukutake, Ingvild Goetz, Dakis Joannou, Grazyna Kulczyk, Savina Lee, Eugenio López, Philippe Méaille, Leonid Mikhelson, Judith Neilson, Bernardo Paz, Lekha Poddar, Nadia Samdani, Patrizia Sandretto Re Rebaudengo, Mario Saradar, Bernar Venet, Lu Xun, Anita Zabludowicz et Jochen Zeitz. Les essais des éditeurs et de Chris Dercon, ancien directeur de la Tate Modern à Londres (2011-2016), explorent les relations entre les institutions publiques et privées et les musées du monde entier.
Ce livre collectif consacré au travail de Sammy Baloji explore comment l'artiste, né en RDC en 1978, tente de « rétablir les connexions défaites ». Comment penser la mémoire passée au crible de la violence coloniale ? Quels effets induit l'extraction minière d'hier et d'aujourd'hui au Katanga et ailleurs sur le projet d'un devenir commun ? Comment la forme fait histoire au-delà de l'effacement ?
Avec un entretien de Lotte Arndt et Sammy Baloji et des textes de Julien Bondaz, Baptiste Brun, Jean-François Chevrier, Dominique Malaquais et Fiston Mwanza Mujila.
Conçu par le master Métiers et arts de l'exposition de l'université Rennes 2, ce livre est publié à la suite de l'exposition « Sammy Baloji. Arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse », Galerie Art & essai, Rennes, du 30 mars au 30 avril 2018.
Nouvelle monographie, s'inscrivant dans la collection publiée avec Les presses du réel en lien avec les expositions du Palais de Tokyo, avec des vues d'exposition et une sélection d'oeuvres emblématiques, une discussion entre Ulla von Brandenburg, Laure Fernandez et Yoann Gourmel ainsi que deux essais par Merel van Tilburg et par Léonor Delaunay et Manuel Charpy.
Nourrie de littérature, d'histoire des arts et de l'architecture, mais aussi de psychanalyse, de spiritisme et de magie, Ulla von Brandenburg emprunte aussi bien aux codes et aux mécanismes du théâtre qu'aux rituels ésotériques et aux cérémonies populaires afin d'explorer la construction de nos structures sociales. Pour son exposition au Palais de Tokyo, elle a imaginé un projet total et évolutif, inspiré du théâtre, de son imaginaire et de ses conventions. Autour de la notion de rituel, l'artiste invite le public à prendre part à une expérience immersive et renouvelée des thèmes, des formes et des motifs qui irriguent son oeuvre : le mouvement, la scène, la couleur, la musique, le textile...
Cette monographie comprend une riche iconographie, intégrant des vues de l'exposition au Palais de Tokyo, une conversation entre l'artiste, Laure Fernandez, chercheuse en arts du spectacle et Yoann Gourmel, commissaire de l'exposition, ainsi que deux essais inédits de l'historienne de l'art Merel van Tilburg sur le travail d'Ulla von Brandenburg et des historien·ne·s Léonor Delaunay et Manuel Charpy sur l'histoire du rideau de scène.
Publié à l'occasion de l'exposition personnelle d'Ulla von Brandenburg « Le milieu est bleu » au Palais de Tokyo, du 21 février au 17 mai 2020.
Cette monographie de référence, la première en français sur Marc Camille Chaimowicz, retrace les développements conceptuels, sensibles et critiques mis en oeuvre par l'artiste depuis les années 1970. Conçue par le graphiste Zak Kyes sous la direction artistique de Chaimowicz et d'Anna Clifford, écrite en collaboration étroite avec Marc Camille Chaimowicz entre la fin de l'année 2016 et 2020, elle comporte un essai de Marie Canet sur l'ensemble de son oeuvre.
Un ruban dessiné par l'artiste est inséré en marque-page.
Publié à l'occasion de l'exposition « Marc Camille Chaimowicz - Zig Zag and Many Ribbons... » au MAMC Saint-Etienne en 2022-2023.
Cet ouvrage est le résultat d'un travail de recherche historiographique mené pour revivre les temps forts du Centre d'Art Contemporain Genève depuis sa création en 1974 à nos jours. Articulé en deux sections, le livre retrace, à travers près de 500 pages richement illustrées, l'histoire singulière, les coups d'éclats et les moments de grâce de la première Kunsthalle de Suisse romande.
La première partie, un essai approfondi de François Bovier et Adeena May, revient sur les grandes périodes de l'institution, alors que la seconde partie nous livre une histoire plus personnelle de la vie de l'institution, qui se compose d'une série d'entretiens passionnants menés par Andrea Bellini, directeur actuel du Centre avec les directrices et directeurs qui l'ont précédés mais aussi de grandes figures artistiques qui ont partagé une relation très forte avec le Centre, à l'image de Silvie Defraoui, John Armleder ou encore Olivier Mosset.
Enfin, une chronologie exhaustive des expositions et événements culturels révèle la diversité et la grande qualité des projets développés par le Centre depuis ses débuts. Cet ouvrage montre combien l'histoire particulière du Centre fait écho à la grande histoire de l'Art depuis les années 1970.
Avec Vito Acconci, Francis Alÿs, Laurie Anderson, Carl Andre, Nobuyoshi Araki, John M Armleder, Art Orienté Objet, Richard Artschwager, Ed Atkins, John Baldessari, Stephan Balkenhol, Matthew Barney, Yto Barrada, Robert Barry, Francis Baudevin, Vanessa Beecroft, Lynda Benglis, Joseph Beuys, Mel Bochner, Alighiero Boetti, Christian Boltanski, Pauline Boudry & Renate Lorenz, Louise Bourgeois, Martin Boyce, George Brecht, Candice Breitz, Olaf Breuning, Genesis P-Orridge, Marcel Broodthaers, Stefan Brüggemann, Angela Bulloch, Erik Bullot, Luis Buñuel, Chris Burden, Daniel Buren, Victor Burgin, Balthasar Burkhard, Williams S. Burroughs, Jean-Marc Bustamante, John Cage, Sophie Calle, Valentin Carron, Luciano Castelli, Maurizio Cattelan, Charlemagne Palestine, Marc Camille Chaimowicz, Jerome Charyn, Henri Chopin, Francesco Clemente, Claude Closky, Tony Conrad, Tony Cragg, Martin Creed, Enzo Cucchi, Chris Cunningham, Roberto Cuoghi, Haroldo de Campos, Richard Deacon, Philippe Decrauzat, Peter Downsbrough, Wang Du, Marcel Duchamp, Marlene Dumas, Latifa Echakhch, Tracey Emin, Brian Eno, Valie Export, Fischli & Weiss, Sylvie Fleury, Lucio Fontana, Peter Friedl, Ryan Gander, Dora Garcia, Vidya Gastaldon, General Idea, Isa Genzken, Jochen Gerz, HR Giger, Gilbert & George, Philip Glass, Jean-Luc Godard, Nan Goldin, Felix Gonzalez-Torres, Douglas Gordon, Dan Graham, Rodney Graham, Renée Green, Giorgio Griffa, Fabrice Gygi, Hans Haacke, Jens Haaning, Mona Hatoum, Raphael Hefti, Louise Hervé & Chloé Maillet, Dick Higgins, Thomas Hirschhorn, Damien Hirst, Jenny Holzer, David Hominal, Roni Horn, Alfredo Jaar, Derek Jarman, Nam June Paik, Anish Kapoor, Alex Katz, On Kawara, Mike Kelley, William Kentridge, Anselm Kiefer, Karen Kilimnik, Scott King, Martin Kippenberger, Joachim Koester, Rem Koolhaas, Jeff Koons, Joseph Kosuth, Jannis Kounellis, Elke Krystufek, David Lamelas, Sigalit Landau, Bertrand Lavier, Louise Lawler, Ange Leccia, Sherrie Levine, Mark Lewis, Sol LeWitt, Glenn Ligon, Sarah Lucas, Alvin Lucier, John Lurie, Urs Lüthi, Piero Manzoni, Robert Mapplethorpe, Christian Marclay, Gordon Matta-Clark, Paul McCarthy, Mario Merz, Annette Messager, Monolake, Malcom Morley, Robert Morris, Olivier Mosset, Gianni Motti, Jean-Luc Moulène, Matt Mullican, Maurizio Nannucci, Bruce Nauman, Max Neuhaus, Oscar Niemeyer, Cady Noland, Richard Nonas, Amy O'Neil, Claes Oldenburg, Luigi Ontani, Gabriel Orozco, Auguste Orts, Jean Otth, Tony Oursler, Martin Parr, Giuseppe Penone, Mai-Thu Perret, Raymond Pettibon, Michelangelo Pistoletto, Sigmar Polke, Richard Prince, Laure Prouvost, Yvonne Rainer, Man Ray, Tobias Rehberger, Delphine Reist, Gerhard Richter, Terry Riley, Pipilotti Rist, Ugo Rondinone, Martha Rosler, Dieter Roth, Sterling Ruby, Thomas Ruff, Ed Ruscha, Sarkis, Scanner, Zineb Sedira, Yann Serandour, Andres Serrano, Shirana Shahbazi, Cindy Sherman, Roman Signer, Kiki Smith, Josh Smith, Robert Smithson, Michael Snow, Beat Streuli, Wolfgang Tillmans, Jean Tinguely, Rirkrit Tiravanija, Niele Torini, Rosemarie Trockel, Tatiana Trouvé, Richard Tuttle, Francesco Vezzoli, Gisèle Vienne, Bill Viola, Kelley Walker, Jeff Wall, Lawrence Weiner, Andro Wekua, Franz West, Christopher Wool, Iannis Xenakis, Heimo Zobernig...
49 artistes invités à présenter des oeuvres créées pendant ou après le confinement, avec la contrainte de devoir tenir sur une petite table : un projet mettant en lumière les pratiques artistiques intimes et domestiques à travers les diverses créations qui naissent sur des plans de travail, consoles ou autres dessertes ordinaires.
Conçue dans les interstices du confinement lié à la crise sanitaire du printemps 2020, l'exposition La vie des tables invite des artistes à exposer sur une multitude de tables placées dans un même espace. Sous l'influence des expositions et des textes produits par la critique d'art américaine Lucy R. Lippard (née en 1937) et prenant le parti de soutenir la création contemporaine, La vie des tables se construit en collaboration étroite avec les membres de l'équipe du Crédac, ses adhérent·e·s et les artistes avec lesquel·le·s, pour la plupart, le Crédac collabore étroitement depuis de longues années.
Publié suite à l'exposition La vie des tables au Crédac, Centre d'art contemporain d'Ivry, du 20/09/2020 au 19/03/2021, avec Boris Achour, Pierre Ardouvin, Ethan Assouline, Marcos Ávila Forero, Nour Awada, Eva Barto, Eric Baudart, Katinka Bock, Roxane Borujerdi, Simon Boudvin, Anne Bourse, Flora Bouteille, Tiphaine Calmettes, Corentin Canesson, Ali Cherri, Gaëlle Choisne, Delphine Coindet, Mathis Collins, Morgan Courtois, Koenraad Dedobbeleer, Mimosa Échard, Aurélien Froment, Dominique Ghesquière, Louise Hervé & Clovis Maillet, Sheila Hicks, Ana Jotta, Véronique Joumard, Kiösk, Kapwani Kiwanga, Jonathan Loppin, Liz Magor, Paul Maheke, Charlotte Moth, Gyan Panchal, Estefanía Peñafiel Loaiza, Nelson Pernisco, Jean-Charles de Quillacq, Hugues Reip, Soraya Rhofir, La Ribot, Bojan Šarcevic, Jorge Satorre, Shimabuku, Noé Soulier, Thomas Teurlai, Sarah Tritz, Francisco Tropa, Victor Yudaev, Raphaël Zarka.
Nouvelle monographie, centrée sur la grande série de paysages marins de Loïc Raguénès - des monochromes troublés par un motif de vagues déclinant subtilement une palette de nuances, de halos et de contrastes, avec lesquels l'artiste explore l'expression même de la peinture -, présentée aux côtés de plusieurs autres oeuvres récentes, peintures de planètes et scènes d'intérieur.
Publié suite à l'exposition de Loïc Raguénès « Extra Sweet Harmony (The Room of the Octopus) » à C L E A R I N G, Bruxelles, en 2021.
Les actes des assises nationales des écoles supérieures d'art publiques organisées en 2015 par l'ANdÉA, l'Association nationale des écoles supérieures d'art.
Plus de 450 personnes ont débattu de la situation et de l'horizon de ces institutions complexes et passionnantes, nécessaires et fragiles, à la croisée du champ de l'enseignement supérieur et de la création artistique, des politiques territoriales et de la politique nationale. L'enjeu de cette publication n'est pas seulement de témoignage ou de restitution ; il est aussi de contribuer à la prise de conscience de tous du rôle fondamental des écoles d'art.
« Régulièrement, des groupes humains partageant des préoccupations, des valeurs et des activités communes aspirent à se réunir pour débattre, faire le point et dégager l'horizon de leur action. Parfois une publication en témoigne, qui vise à restituer et rendre public ce temps de réflexion. C'est là ce qu'on appelle communément - et étrangement quand on y songe - des actes. Ainsi en va-t-il de ce volume, qui s'attache à rendre publics les interventions et les débats qui eurent lieu pendant les deux journées, les 29 et 30 octobre 2015, où nous fûmes réunis en assises à l'initiative de l'ANdÉA | Association nationale des écoles supérieures d'art, sur le site de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon et des Subsistances, autour de l'intitulé «Demain l'école d'art».
Derrière ce «nous», ce sont 450 personnes qui vinrent prendre la parole, dresser l'oreille et échanger sur la situation et l'horizon de ces institutions complexes et passionnantes, nécessaires et fragiles, positionnées à la croisée du champ de l'enseignement supérieur et de la création artistique, des politiques territoriales et de la politique nationale, que sont les écoles supérieures d'art publiques. Il y avait là bien sûr la communauté des écoles d'art, composée de professeurs, d'étudiants, de directeurs, d'administrateurs, de techniciens et de représentants des différents services qui composent nos établissements : études, recherche, bibliothèques, relations internationales, communication, insertion professionnelle, gestion, développement. Étaient présents également d'autres acteurs qui, s'ils ne partagent pas le quotidien de l'école d'art, partagent du moins un intérêt majeur pour celle-ci : des présidents de nos conseils d'administration, qui sont ou bien des élus territoriaux ou bien des personnalités qualifiées, des artistes et des designers, des commissaires d'exposition, des critiques d'art, des représentants de centres d'art, de galeries, de fondations ou de services culturels, des intellectuels, des universitaires, des représentants du ministère de la Culture et la Ministre elle-même, Fleur Pellerin, qui nous fit l'honneur de venir clore nos assises. [...] Si l'inquiétude est sensible dans les discours, ce n'est pas pour autant sous le signe de l'alarme que furent placées ces assises, mais plutôt sous celui de l'explication, au double sens du mot. Explication de ce qu'est l'école d'art tout d'abord, comme on pourra en juger par le souci de déplier celle-ci dans toutes ses dimensions, pédagogique, scientifique, administrative, sociale et politique. Explication avec ses tutelles et partenaires ensuite, avec la conscience claire que les écoles d'art ne sont pas des institutions hors-sol, mais qu'elles font partie intégrante des politiques territoriales et nationale, aux divers titres de l'enseignement supérieur, de la culture, de l'économie et de l'attractivité des territoires. [...] L'enjeu de cette publication, on l'aura compris, n'est pas seulement de témoignage ou de restitution, il est aussi de contribuer à la prise de conscience de tous du rôle fondamental des écoles d'art. » Extrait de « Passage aux actes », Emmanuel Tibloux, préface à l'édition Publié suite aux assises nationales des écoles supérieures d'art à l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Lyon et des Subsistances, du 29 au 30 octobre 2015
La collaboration interdisciplinaire et transfrontalière entre l'architecte belge Inessa Hansch et l'artiste allemande Susanne Kühn : un travail associant architecture et peinture, autour de l'espace et de sa représentation, qui interroge l'idée de l'intérieur et de l'extérieur.
Inessa Hansch, architecte belge basée à Paris, et Susanne Kühn, artiste allemande basée à Fribourg, réalisent ensemble des oeuvres associant architecture et peinture. À l'occasion de leur exposition au FRAC Alsace, ce catalogue éclaire pour la première fois cette collaboration unique et interdisciplinaire, et rassemble images et textes autour des réflexions partagées par les deux artistes lors de la conception de leurs oeuvres communes.
L'architecture d'Inessa Hansch introduit l'idée d'« intériorité », la conception d'un environnement qui amène le spectateur à prendre conscience de la spécificité de chaque lieu. Quant aux mondes visuels fantastiques de Susanne Kühn, ils sondent les possibilités picturales de représenter l'espace et le temps, et incluent le lieu et le spectateur dans la conception de l'oeuvre.
Par leur collaboration, les peintures de Susanne Kühn réagissent dynamiquement aux qualités architecturales des structures en forme d'objets d'Inessa Hansch, prenant en compte intérieur et extérieur, lumière et ombre, texture et échelle. Les oeuvres explorent également la signification de la figure humaine, tant pour le monde pictural que pour l'architecture, et révèlent les possibilités d'une peinture au-delà des limites bidimensionnelles dans lesquelles le spectateur devient partie intégrante de l'oeuvre.
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme au FRAC Alsace, Sélestat, en 2018-2019.
Carnet basé sur le dernier dernier film d'Ursula Biemann, Acoustic Ocean, une expédition dans les profondeurs de l'océan Arctique à la recherche de communications interespèces (photogrammes accompagnés d'un essai d'Yvonne Volkart).
Dans cette narration semi-fictionnelle, l'aquanaute - interprétée par la chanteuse et activiste du peuple des Samis Sofia Jannok - tente de capter les sons d'animaux et de micro-créatures. Se mêlent ainsi dans le récit la mémoire de cette vie stockée dans l'eau et la perspective d'un futur climatique incertain.
La tâche de l'aquanaute est de sonder l'espace acoustique océanique et autres formes d'expression biologiques à l'aide de toutes sortes d'hydrophones, micro-paraboliques et divers appareils d'enregistrement. Etant donné la pénombre abyssale qui règne dans les eaux profondes, les manifestations sonores représentent des moyens de communication, de navigation et de survie essentiels pour la plupart des espèces.
Tourné dans les îles Lofoten au nord de la Norvège, Acoustic Ocean est une quête constituée d'un assemblage d'éléments humains, marins, mécaniques, organiques, climatiques et digitaux parfaitement interdépendants. Un fil technoorganique semble relier le corps de l'aquanaute avec l'environnement sonore qu'elle explore. Dans ce voyage scientifique, aucune forme de distance critique entre la chercheuse et son sujet, ils grandissent ensemble. Les hydrophones se répandent comme des tentacules sur la roche sombre, s'appropriant des caractéristiques des créatures abyssales. Cette figuration posthumaine et féministe suggère une porosité et une connexion entre le corps humain, l'eau et les nombreuses formes de vie qu'elle contient.
Publié à l'occasion des expositions d'Ursula Biemann « Acoustic Ocean » au Centre Culturel Suisse, Paris, et « Savoirs indigènes » au MAMAC, Nice, en 2020.
Le catalogue de la première exposition en France du collectif de performeurs japonais contact Gonzo, septième volet de Transphère - série d'expositions qui ouvre le champ aux imaginaires d'artistes émergents et de talents confirmés originaires du Japon ou inspirés par ce pays.
Le catalogue débute par une galerie de photographies des installations que Yuya Tsukahara a créées pour l'événement : un tapis roulant sur lequel sont posés des mains et des pieds en silicone, de vieilles baskets, des dinosaures en plastique... Mais aussi un étrange mannequin-robot, des objets scotchés au mur ou encore des vidéos.
Dans son essai, Aomi Okabe, la commissaire de l'exposition, présente contact Gonzo, ses vidéos de performances entre bagarre et chorégraphie, sa transgression des codes de la danse contemporaine, sa volonté de redécouvrir la dimension sauvage du corps.
L'artiste Fabrice Hyber nous livre dans son texte ses impressions sur sa récente rencontre avec contact Gonzo lors d'un festival à Ishinomaki, ville ravagée par le séisme de 2011.
Un entretien avec Yuya Tsukahara est l'occasion de retracer son parcours et d'évoquer ses activités en solo, notamment de scénographe.
Le catalogue se termine sur des photographies des collages, des grandes bâches illustrées et des vidéos de contact Gonzo présentées dans l'exposition.
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme à la Maison de la Culture du Japon à Paris, du 29 janvier au 28 mars 2020.
Paul-Armand Gette met en lumière la violence de l'acte de censure à travers un hommage à la Diane chasseresse de Jean-Antoine Houdon (1741-1828), dont le sexe apparent fut rebouché lors de son entrée au Musée du Louvre.
Ce livret, tiré à 300 exemplaires numérotés, est publié à l'occasion de l'exposition éponyme de Paul Armand Gette à la galerie Satellite, en février-mars 2021. Cette exposition est dédiée à l'artiste Jean-Antoine Houdon, auteur de la statue Diane chasseresse « dont le sexe jugé trop naturaliste fut rebouché et comblé par des tiges de bronze puis martelé en 1829 lors de l'entrée de l'oeuvre dans les collections nationales » (PAG). Cette exposition revient sur la violence de cet acte de censure et, plus généralement, sur les résurgences moralistes actuelles, qu'elles soient religieuses ou politiques.
Première publication en français sur la pratique de John Latham, cet ouvrage souligne les rapports contradictoires qu'entretient l'artiste avec le savoir et le langage, à travers une sélection de textes traduits et des images de certains de ses projets, le tout articulé autour d'un glossaire de termes spécifiques à Latham, compilant ses propres définitions et celles d'autres auteurs.
Personnage cryptique et controversé, l'artiste britannique John Latham manifestait une méfiance assumée à l'égard des livres : il leur reprochait de figer la connaissance dans une forme définitive. Ses performances au cours desquelles il les découpait, les remplissait de mousse polyuréthane, voire même les brûlait, ne l'ont pourtant pas empêché d'en produire. Publier un recueil de textes autour de John Latham s'avère finalement cohérent face aux contradictions inhérentes à sa pratique.
Cet ouvrage est le premier en français consacré à son travail. Il rassemble une sélection d'écrits de l'artiste, ainsi que ceux d'autres auteurs à son sujet. Ils sont accompagnés des versions originales des textes anglais et d'un glossaire visant à éclairer un champ lexical propre à Latham, composé de termes qui, selon lui, « existent depuis longtemps mais ne se sont pas manifestés dans le langage pour la simple et bonne raison que c'est le langage même qui fait défaut... ».
Publié suite à l'exposition Fabriques de contre-savoirs à 49 Nord 6 Est - Frac Lorraine, Metz, en 2018-2019.
Peinture : obsolescence déprogrammée - Licences libres poursuit l'exploration des relations complexes entre les pratiques picturales contemporaines et leur environnement numérique en s'attachant à un aspect particulier de ces échanges, autour de l'idée de licence et des stratégies d'appropriation poussées à leur paroxysme par l'accès illimité aux ressources numériques, après le premier volet Peinture : obsolescence déprogrammée - La peinture dans l'environnement numérique qui constituait un état des lieux ouvert et une introduction à ces interactions.
L'exposition, Licences libres, poursuit l'exploration des interactions entre les pratiques picturales actuelles et leur environnement numérique, après un premier état des lieux présenté au musée d'art moderne et contemporain des Sables d'Olonne du 17 octobre 2021 au 16 janvier 2022.
Réunies par une logique d'appropriation des images, les oeuvres présentées au Musée de l'Hospice Saint-Roch d'Issoudun, contemporaines de l'avènement du World Wide Web, ne se contentent pas d'extraire leurs sources du flux numérique, mais questionnent et radicalisent le procédé lui-même.
Dans notre société comparée à un « Supermarché des images », les logiciels sous licence disputent aux logiciels libres et aux archives ouvertes les parts d'un marché dans lequel la circulation des images et des données représente un enjeu stratégique majeur, tant financier que politique. Favorisant les régimes de surveillance et de voyeurisme, l'économie visuelle numérique se fonde sur une infinité d'images immédiatement disponibles, qui mêle les clichés anonymes exposant publiquement l'intimité librement diffusés aux images automatisées (caméras de surveillance, satellites, drones, intelligences artificielles, etc.). Dans ce contexte, l'idée de licence n'engage pas le seul point de vue juridique, définissant le droit de disposer et de manipuler les images, mais en appelle également à leur pouvoir de transgression et de subversion.
L'ouvrage est introduit par un essai de l'historienne, critique d'art et commissaire d'exposition Jill Gasparina, intitulé Le surréalisme et la peinture (reboot) qui développe une réflexion particulièrement stimulante sur la notion d'automatisme, à travers une analogie féconde entre l'imaginaire surréaliste et les images contemporaines produites par des artistes mettant en jeu des intelligences artificielles.
Une plongée dans le travail de l'artiste portugaise Isabel Carvalho, entre pratique plastique et pratique d'écriture, à partir d'un projet mené autour de l'histoire du centre d'art Le Lait, Albi.
Au cours des dernières années, le travail artistique d'Isabel Carvalho a continuellement réuni pratiques plastiques et pratiques d'écriture. Il y réside une forte composante de recherches qui croisent les approches scientifiques et spéculatives comme méthodologie. En 2017, elle a notamment monté un projet de revue intitulée Leonorana qui déploie à l'occasion ce type d'explorations. Ce qui intéresse principalement Isabel Carvalho, c'est d'établir des relations significatives entre la pratique de l'art contemporain, le langage, l'économie, la politique et la sexualité. Solidement entrelacés, ces points se manifestent différemment au gré des occurrences formelles et spatiales. Nourrie par des références croisées, Isabel Carvalho questionne des espaces du réel. Héritière d'une certaine tradition portugaise issue d'une forte relation entre les arts plastiques et le format livresque, le texte, la lecture, l'écriture sont aux fondements de sa recherche. Elle aime penser alors l'agencement de ses travaux en relation avec le contexte dans lequel ils se déploient.
À partir de l'histoire du centre d'art Le Lait, Albi, hébergé dans une ancienne bibliothèque de la ville - précédemment demeure de l'Amiral de Rochegude dès 1787 -, Isabel Carvalho a imaginé pour l'exposition « Langages tissés » une série de pièces inédites qui propose de nouer son travail sur le langage avec la singularité d'Albi et de cet hôtel particulier. Elle s'est tout particulièrement intéressée à son ancien propriétaire, Henri Pascal de Rochegude et à sa passion pour la littérature. Rompu aux études philosophiques et sociales, Rochegude se retira de son mandat de maire d'Albi et de la vie publique à l'âge de 58 ans. Sa bibliothèque personnelle contenait une grande variété d'ouvrages dont quelques uns, jugés subversifs, furent brûlés en 1834 par les héritiers de la famille, ce afin de lui assurer des obsèques religieuses.
Isabel Carvalho a exploré le contenu de cette bibliothèque en s'intéressant à l'existence de ces ouvrages interdits, notamment celui d'un auteur italien dont elle a retrouvé la trace, Gianfrancesco Straparola, avec son plus célèbre recueil de contes de fées grivois et fantastiques, intitulé Les nuits facétieuses. À partir de cette lecture, elle s'est intéressée à une autre référence italienne qu'elle convoque comme antithèse à Straparola, à savoir Urania de Giulia Bigolina, sorte de roman qualifié de proto-féministe qui, au travers de la prose et de la poésie, offre un contrepoint à la représentation féminine volontairement misogyne que l'on trouve chez Straparola. Ces deux références, datant toutes deux du 16e siècle, ont chacune eu une importance dans l'histoire de la littérature et celle de leur genre. C'est précisément en tissant des liens avec les formes langagières que l'artiste a construit une série de réponses formelles s'appuyant sur ces deux références littéraires et leur potentiel expérimental à leurs époques. Cet espace dialogal est suggéré par deux installations successives. La première, illustrant une forme de logorrhée à la Straparola, se compose d'éléments en verre qui émettent un son sans retenue, traversant la salle au gré des courants d'air, tandis que la seconde, représentant un doigt levé inspiré de l'iconographie médiévale, se tient en attente d'une possible déclamation par Bigolina. Dans la dernière salle, c'est la figure de Sainte Cécile, icône de la cathédrale d'Albi et patronne des musiciens, qui propose une alternative au dialogue verbal par la puissance de communication du chant comme art supérieur. Plutôt qu'une opposition, Sainte Cécile se pose une alternative à la question de la représentation et à la puissance verbale.
Partant de l'exposition pensée et réalisée pour le centre d'art, cet ouvrage est une plongée dans le travail d'Isabel Carvalho et le processus de fabrication qu'elle lui a orchestré en mettant à jour des points de vue selon différents degrés de proximité avec le projet : la curatrice, Estelle Nabeyrat, propose une introduction et décrive sa genèse ; l'artiste elle-même invite le lecteur le temps d'une visite guidée. Et, à distance de l'exposition, Ricardo Nicolau en fait le commentaire après une traversée subjective de son oeuvre.
Publié suite à l'exposition éponyme au centre d'art Le Lait, Albi, en 2021.
L'exposition de Tarek Atoui au Mudam Luxembourg - Musée d'Art Moderne Grand-Duc Jean, Waters' Witness, s'appuie sur le projet au long cours I/E, initié en 2015, avec lequel Atoui documente les réalités humaines, écologiques, historiques et industrielles de villes côtières telles qu'Athènes, Abu Dhabi, Singapour, Beyrouth ou Porto au moyen d'enregistrements sonores. Travaillant sous l'eau ou à proximité, l'artiste, menant ses recherches en collaboration avec les musiciens et compositeurs Chris Watson et Éric La Casa, utilise différentes techniques d'enregistrement pour capturer les sons de la mer, des docks et de matériaux tels que le métal, la pierre ou le bois. Avec Waters' Witness, Tarek Atoui compose un paysage sonore qui relie des réalités géographiquement et symboliquement distinctes. Il crée ainsi un espace et une temporalité spécifique qui favorisent de nouvelles rencontres, de nouveaux échanges et, par-dessus tout, de nouvelles connexions immatérielles, à l'image d'une ville portuaire qui, par définition, est au croisement de plusieurs influences et un indicateur précieux quant à la croissance et l'évolution d'une ville.Prolongeant l'exposition, Waters' Witness #02, le troisième volume d'une série initiée par le Musée Serralves consacrée à ce projet ambitieux et collaboratif, explore les différentes façons dont le son peut être vécu.Cette publication comprend un entretien entre Tarek Atoui et son collaborateur de longue date Éric La Casa; une contribution visuelle du photographe Alexandre Guirkinger; une riche iconographie incluant des vues de l'exposition et une introduction des commissaires Sarah Beaumont et Joel ValabregaPublié à l'occasion de l'exposition éponyme au Mudam Luxembourg en 2022-2023.