Cet entretien entre Jean Baudrillard et Jean-Louis Violeau.
Date de 2001. Dans le cadre de sa thèse d'État Jean-Louis Violeau étudie les groupes radicaux des années soixante-dix, notamment en France ceux de la mouvance conseilliste, dont le groupe Utopie dont fit partie Jean Baudrillard, qui n'avait jamais commenté son adhésion à ce groupe dont il était l'un des cinq fondateurs (pas plus d'ailleurs qu'il n'a jamais expliqué ses engagements dans ceci ou dans cela, Jean Baudrillard accompli plus qu'il ne commente).
Le titre Rendez-vous sur tes barres flexibles donné à cet ouvrage est emprunté à un poème de René Char datant de 1986. Dédié au couple de danseurs étoiles que Wilfride Piollet forme avec son mari Jean Guizerix, ce poème ouvre les pages d'un ouvrage empli de documents photographiques pris lors de leur parcours scénique. Aidée de la pensée érudite de Gérard-Georges Lemaire, Wilfride Piollet propose dans ce livre de mettre en présence la sensibilité du regardspectateur et l'imaginaire de l'artiste-interprète.
"Dans ces dialogues (dialogues où je tiens le rôle du néophyte) Wilfride Piollet nous invite à réfléchir sur le fondement, l'exécution et la finalité de chaque figure. Elle nous montre de quelle façon chaque partie du corps devient un instrument signifiant de la très subtile architecture qui est dictée par la philosophie de la danse. Ce sont les prolégomènes à toute intelligence future de cet art et aussi les premiers fondements d'un enseignement original qui concilie tradition et révolution. En tirant la somme de cette partie de son existence qu'elle a consacrée à la sévère et aride discipline de son art, à une passion qui ne s'épuise au grand jamais, elle sait que cette réflexion porte sur ce qu'elle a gagné après être passée sous les fourches Caudines d'une éducation dure, ingrate, faite d'abnégation et de souffrance. Et ce qu'elle a gagné, c'est la liberté, la jouissance et la maîtrise permettant de dépasser la technique et d'atteindre ce qui est d'atteinte."
"Canjuers", nom d'emprunt, mode de l'époque (les années soixante), d'un jeune diplômé en géographie qui prend le nom d'un vaste plateau qui devient l'une des bases militaires les plus célèbres, premier camp de la guerre moderne des fusées.
P. Canjuers a commis avec Guy-Ernest Debord Les Préliminaires pour une définition de l'unité révolutionnaire qui fut l'un des textes fondateurs de la tendance politique qui bientôt dominera l'I.S. (même si elle se révélera plus un jeu qu'un enjeu...). Canjuers-Blanchard jusqu'alors plutôt inconnu du brouhaha situationniste (hormis d'un groupe quelque peu initié) n'a jamais eu un quelconque démêlé ni avec G.-E. D. ni avec quiconque de l'I.S., un peu à la manière d'Asger Jorn. Il connut G.-E. D. à Socialisme ou Barbarie, la future bête noire de l'I.S. C'était la période pétillante, fondatrice du mouvement. Il s'en éloigna sans se renier, ce qui en quelque sorte lui permet aujourd'hui d'être toujours le même. Pour la première fois depuis qu'il cessa le compagnonnage avec l'I.S. Blanchard dit qu'il est Canjuers, et à sa façon, ce que fut et reste Debord. H. T.
l'idée d'etat-nation est soutenue par le principe de souveraineté, populaire d'abord, nationale ensuite.
or, par une analyse très originale de la liberté politique, qui prend à contre-pied l'évidence d'une assimilation du pouvoir politique à l'exercice d'une souveraineté, hannah arendt démontre l'incompatibilité des principes de liberté et de souveraineté. l'extraordinaire portée de cette critique, qui prend naissance dans l'examen de l'etat-nation mais en excède la seule dimension pour inviter à repenser le politique dans son concept, reste encore sous-estimée.
Ce livre se propose de chercher, à al fois avec et contre heidegger, à la fois au-delà et en deçà de lui, et à la fois avec et contre une certaine tradition heideggerienne, la possibilité d'une politique heideggerienne pour aujourd'hui, ou, comme l'écrit frédéric neyrat, ne sorte d'ontologie, mais transie par la politique.
Une telle démarche prend sens d'abord dans le constat que heidegger serait le premier à avoir véritablement commencé à penser le développement de la technique comme destruction progressive du monde, c'est à dire comme une perte de sens, de la présence, de ce qui fait monde, et comme orientation mondiale vers un " non-monde ", c'est à dire vers un espace où plus rien n'est en tant qu'être, où toute substance se réduit à une subsistance.
Il s'agit du premier ouvrage qui dans le troisième quart du vingtième siècle analyse la transformation de la démocratie et de la politique.
Après avoir été fait de lutteurs, d'électeurs, de sociaux, de consommateurs les masses absorbent toute l'électricité du social et du politique et la neutralisent en retour. Et l'auteur d'ajouter : la masse est caractéristique de notre modernité, à titre de phénomène hautement implosif. Éditions antérieures de ce texte : première publication 1978 (aux éditions Les cahiers d'Utopie), parution en livre de poche (1983, Denoël), réédition chez Sens&Tonka en juin 1997.
Pliages et autres variations sur rayures de 87 mm de large.
Couleurs : Pantone bleu 300 U sur blanc. Pantone yellow U sur blanc. Pantone rouge 185 U sur blanc. Pantone vert 3395 U sur blanc.
Bivouac : spectacle de rue - dix ans de parcours dans le monde entier - est une création de la Générik Vapeur.
Une histoire simple, 16 comédiens qui se multiplient à l'envi jusqu'à grossir la troupe de 20 voire 50, voire une centaine de personnages supplémentaires, 102 bidons, 4 musiciens... Et la fin d'une journée ordinaire en centre ville, quand, soudain, sur étendard sonore, un déboulé de petits hommes et femmes bleus... " ils prennent la ville à revers et détournent les rues, les fontaines, les bancs publics et les statues.
Ils cherchent un lieu qui leur ressemblent, une pyramide, quelque part, signalétique du rassemblement puis du dépassement. Ils s'évanouissent comme ils sont arrivés, dans la musique. "
Faut pas prendre les enfants du cardinal pour des enfants du Bon Dieu ! Connectez-vous sur CM-Free, le premier syndicat virtuel ! Joyeux Noël ! Et ce mardi 15 décembre 1998 à 11 h 30, la bombe explose.
CM-Free était sur tous les écrans. J'entendais des bribes de paroles, " d'où ça peut venir ? ", " Ça vient de l'extérieur ", " oh putain... ", " Georges c'est le pseudo du mec ", " Ils y vont pas de main morte ", " ils ont raison sur toute la ligne ", " ils sont sûrement plusieurs ", c'est super ! ". J'entrai dans la cafétéria raide comme un automate. Elle était vide. J'allumai une cigarette et m'efforçai de respirer calmement.
Jean baudrillard, observateur de notre société contemporaine, est aussi un observateur de la pensée théorique.
Au lieu de se lamenter sur la perte de la pensée et l'absence de la théorie il "reverse" la question en montrant que cette " perte " est en quelque sorte naturelle à la pratique sociale et que contrairement à ce que l'on pense cette "absence" indique une présence que le regret, la pensée nostalgique, le remord occultent, et que les exigences n'ont pas à disparaître ni à se dissoudre dans la morale.
La pensée radicale consiste à pousser à son extrême le système qui guide les jugements et les goûts, et tend à démontrer que l'analyse ad hominem du système permet d'exercer non plus une " critique critique " mais une attitude qui ignore tous ressentiments et toutes nostalgies au profit d'une réalité radicale, " l'ennui avec la réalité, c'est qu'elle va au-devant des hypothèses qui la nient ". de plus, dans l'ouvrage présenté ici, jean baudrillard jette un beau regard ironique sur les concepts qu'il a exploités, comme le simulacre, le symbolique et la simulation par exemple.
" Le " marxisme " qui est mis en cause ici est essentiellement le dogmatisme de ses interprétations restrictives, comme économisme pur, par toutes les bureaucraties social-démocrate et soviétique.
La pensée révolutionnaire globale - et d'abord celle de Marx - est plus libre et riche. Et le changement de toutes les conditions existantes sera l'oeuvre des producteurs eux-mêmes, devenant créateurs. " A J
Qu'est-ce qu'un trickster ? Je livrerai en vrac quelques unes de ses ententes plus immédiates et intuitives : homme aux mille ruses, passe-muraille, criminel divin, scanner cronenbergien, joueur télépathe, et j'en passe.
Sauf les péjoratives : le trickster serait un faux-cul purement et simplement. Donc faux-cul, jésuite, hystérique, petit malin. Autant marquer le pas d'office sur ce qui cloche dans le trickster, il prête son flanc à la facilité, à la lâcheté et à l'aporie.
Les auteurs développent une thèse qui, partant de points de vue différents, vise le même objet qui est que l'îlot de liberté non prévu, non volontaire, non conçu mais bien réel, bien pratiqué est en train de se réduire par la mondialisation, et que le premier acte n'est pas de réduire ou de détruire mais d'instrumentaliser une pensée, la pensée-Internet, comme d'autres ont pu dire pour réduire à zéro l'espoir d'une époque : la pensée-68.
Les auteurs font preuve d'un savoir encyclopédique qui puise ses racines tout aussi bien dans les origines de la communication de la pensée et la construction de la liberté (l'imprimerie) que dans les textes (parfois négligés) des philosophes qu'ils mettent au service d'une nouvelle et évidente compréhension du phénomène de la Toile.
La chose est simple, on tombe. On tombe sur le trottoir. Comme le dit l'auteur, le plus difficile c'est le rejoindre, « l'embrasser », mais une fois qu'on y est c'est lui qui vous enserre. À partir de ce moment-là « vous voyez des pieds », vous êtes vu par des regards de reproches, de jugements, et vous n'y pouvez plus rien, vous appartenez au béton et à sa puanteur « d'urine séchée » où vous-même vous puez à ne plus supporter les mauvaises odeurs. Vous oe?, oui nous, pourquoi pas un jour SDF ou clochard.
Propriété privée, travail, capital, ouvrier et capitaliste, prix et profit: que disent ces mots ? Qu'expriment-ils des hommes, de leur rapports sociaux et de leurs liens avec le monde ? Que les individus en usent pour décrire leur réalité personnelle et collective, cela ne va pas de soi.
Cette langue de l'économie qu'ils parlent quand ils veulent de l'objet et de leur activité, de l'autre homme, dire l'essentiel, elle ne leur est pas innée. Ils l'ont apprise. Ils ont appris à dire marchandise, plutôt qu'objet, travail au lieu d'activité, propriété privée pour désigner une étendue de terre. Pour ces hommes, l'autre sens possible de ces mots s'est effacé. L'autre, voilà aussi ce qui s'annonce avec l'effacé.
Autant dire qu'au moment où nous le nommons, il aura déjà disparu. Il a été, voilà notre seule certitude. A.-J. Chaton livre, ici, une nouvelle lecture des fameux "Manuscrits" dits de 1844 du jeune Marx (Karl).
Le second jour, c'est celui qui naît et se déploie entre la lampe et la page,
et qui dure invisiblement dans la clarté ambiante de la journée; c'est le lieu où
demeure celui qui écrit.Le second jour, c'est également une autre journée, un autre temps, en regard d'un jour initial et oublié, où les choses ont été ressenties pour la première fois dans la fraîcheur muette de leur apparition, encore dépourvues des noms qui leur seront donnés le second jour - désormais perdues à jamais, oubliées elles aussi, mais reconnues, retrouvées, réinventées à travers le langage et l'écriture. Ne faut-il pas nommer "poésie" la parenté énigmatique qui, en dépit de leur étrangeté foncière, met en résonance la parole et le monde, les langues et la réalité qu'elles appellent, et relie toute image à d'autres images dans le miroir sans fin de la ressemblance ? Les textes réunis dans Le Second jour s'y succèdent dans l'ordre chronologique inverse de leur composition. À partir des motifs de l'image et de la ressemblance qui trament et organisent la première partie du livre, le lecteur est reconduit vers ceux du signe et d'un oubli antérieur à toute parole. Cette dialectique de l'image et du signe, de la ressemblance et de l'oubli, constitue également dans un tout autre registre, le thème d'un essai sur la peinture du même auteur, Le Tain des choses, publié en 2004 aux éditions Sens&Tonka