Nous sommes en 29 avant notre ère:Octave, le futur empereur, vient de se rendre maître du monde grâce à sa victoire sur Antoine et Cléopâtre, et Virgile publie ses Géorgiques, dédiées à Mécène, un proche d'Octave. Le contenu des quatre chants, tel qu'annoncé dans les premiers vers, laisse attendre un traité d'agriculture. Virgile semble donc soutenir les efforts d'Octave en faveur de l'agriculture italienne et encourager comme lui les Romains à se faire paysans.Mais Virgile est un poète, peut-être le plus grand poète latin, et Les Géorgiques sont bien autre chose qu'un simple traité. Elles proposent, avec un souffle et une ampleur rarement égalés, une morale fondée sur l'effort et le travail comme conditions de l'élévation de l'homme, en même temps qu'une réflexion sur la place de celui-ci dans la nature. Comme toute grande oeuvre, elles questionnent également le lecteur sur leur sens et l'interprétation qu'il est possible de leur apporter.Dossier1. Les Géorgiques ou l'éloge du travail de la terre2. Travail du paysan, travail du poète3. La question des excursus et le sens des Géorgiques4. Postérité de l'oeuvre.
Quatrième de couverture Dumas séduit, fascine, intéresse, amuse, enseigne. - Victor Hugo. - Tout le monde connaît la verve prodigieuse de M. Dumas, son entrain facile, son bonheur de mise en scène, son dialogue spirituel et toujours en mouvement, ce récit léger qui court sans cesse et qui sait enlever l'obstacle et l'espace sans jamais faiblir. Il couvre d'immenses toiles sans jamais fatiguer ni son pinceau, ni son lecteur. - Sainte-Beuve. - Les Trois Mousquetaires... notre seule épopée depuis le Moyen Age. - Roger Nimier. - Les Trois Mousquetaires forment le plus divertissant des romans d'aventures. Leurs personnages, Athos, Porthos, Aramis et d'Artagnan sont sortis des bibliothèques pour descendre dans la rue. Ils ont enseigné l'insolence et l'amitié à beaucoup de jeunes Français qui ont aussi découvert les fatalités de l'amour en rêvant aux belles épaules de Milady et à ses regards de perdition. - Kleber Haedens.
« Des entrailles prédestinées de ces deux familles ennemies ;
A pris naissance, sous des étoiles contraires, un couple d'amoureux ;
Dont la ruine néfaste et lamentable ;
Doit ensevelir dans leur tombe l'animosité de leurs parents...
Car jamais aventure ne fut plus douloureuse ;
Que celle de Juliette et de son Roméo. » Dans une Vérone déchirée par les affrontements entre clans, cette pièce intemporelle, composée vers 1595, conte l'histoire de deux amants nés sous une mauvaise étoile, de dynasties rivales et d'une soif de vengeance que seul le sang versé pourra étancher.
Par la grâce du génie poétique de Shakespeare, le succès de Roméo et Juliette ne s'est jamais démenti. Depuis des siècles, ces amants maudits incarnent toute la tragédie de la jeunesse révoltée au nom de l'amour contre le conformisme.
Une journée dans la vie d'une femme. Vivant dans la haute société anglaise, au lendemain de la Première Guerre mondiale, l'héroïne s'interroge sur ses choix - pourquoi n'a-t-elle pas épousé l'homme qu'elle aimait vraiment, qui lui rend visite ce jour-là? -, ses souvenirs, ses angoisses - pourquoi est-elle si frappée par la mort d'un ancien militaire qui ne s'est pas remis de la guerre, pourtant un parfait inconnu pour elle? Crise existentielle qui mène à un dédoublement de personnalité, aux portes de la folie. Ce grand monologue intérieur exprime la difficulté de relier soi et les autres, le présent et le passé, le langage et le silence, mais aussi de se reconnaître soi-même. Comment s'émanciper du carcan social, comment assumer son identité? Publié en 1925, Mrs Dalloway est le chef-d'oeuvre de Woolf et l'un des piliers de la littérature du XX? siècle. Dans ce roman poétique, porté par la musique d'une phrase chantante et d'une narration incisive, les impressions deviennent des aventures.
Pourquoi Hamlet n'a-t-il pas été écrit par une femme? À cette question, faussement naïve et vraiment provocante en 1929, Woolf répond:car une femme n'aurait pas eu «un lieu à elle» pour écrire. De quel lieu s'agit-il? Espace concret de la pièce de travail où s'isoler; espace temporel où les femmes sont libérées des tâches domestiques; espace mental où elles sont libres de penser. Espace de liberté économique, aussi, qui leur permette de s'assumer seules. C'est enfin l'espace qui reste à créer dans la tête des hommes (et des femmes) pour admettre que oui, les femmes peuvent travailler, penser et écrire à l'égal des hommes. Impeccable démonstration historico-sociale sur les obstacles qui ont conduit les femmes à demeurer dans un état de minorité face aux hommes, Un lieu à soi est un texte hybride, tout à la fois essai, récit autobiographique, fiction utopique et manifeste idéologique. Woolf met sa finesse et son ironie au service d'une cause toujours actuelle.
Le premier chef d'oeuvre de la littérature grecque et européenne. L'Iliade raconte le siège de Troie par les armées grecques, qui dura dix ans. L'oeuvre a nourri vingt siècles de littérature et d'art. L'abondance des personnages, le romanesque des situtations, les nombreuses tragédies que renferme l'épopée, l'alliance des dieux et des hommes, les leçons politiques, la violence des conflits, la beauté des scènes, la poésie font la richesse d'une oeuvre de près de 15 000 vers qui se lit sans reprendre haleine.
HAMLET Voici l'heure sinistre de la nuit, L'heure des tombes qui s'ouvrent, celle où l'enfer Souffle au-dehors sa peste sur le monde.
Maintenant je pourrais boire le sang chaud Et faire ce travail funeste que le jour Frissonnerait de voir. Mais, paix ! D'abord ma mère.
Oh, n'oublie pas, mon coeur, qui elle est. Que jamais Une âme de Néron ne hante ta vigueur!
Sois féroce mais non dénaturé.
Mes mots seuls la poignarderont ; c'est en cela Que mon âme et ma voix seront hypocrites ;
Mon âme! aussi cinglantes soient mes paroles, Ne consens pas à les marquer du sceau des actes!
(Acte III, scène II).
Un scientifique découvre une formule d'invisibilité qu'il essaie sur lui-même. Profitant de son nouvel état, il commet des vols en tout anonymat. Mais il ne parvient pas à trouver l'antidote : le voilà condamné à demeurer invisible. Dès lors, comment vivre en marge de la société ?
L'Homme invisible se fonde sur une utopie scientifique. Un rêve ancien : celui de pouvoir réaliser ses fantasmes à l'insu de tous. Voir sans être vu. Mais le rêve se heurte aux lois de la science et aux règles de la société. Griffin, le héros (qui est albinos), se verra rejeté par tous, traité comme un paria. Le roman raconte une tragédie de la solitude et de la différence. Inadapté à la société, Griffin est un apprenti sorcier, qui finira captif de son rêve. Misanthrope et grotesque, ce héros négatif ne cesse pourtant de nous fasciner.
Roman haletant, tragi-comique, L'Homme invisible (1897) est une inépuisable source d'inspiration pour la culture populaire, rejoignant les grands mythes de l'humanité.
Traduction neuve de «La Divine Comédie» entreprise par Danièle Robert, qui prend enfin en compte, dans notre langue, l'intégralité de la structure élaborée par Dante. Animée d'un souffle constant, ne se départant jamais, dans sa fidélité même, de la valeur poétique, cette traduction permet d'aller plus avant dans la découverte de la beauté inventive, de la puissance, de la modernité de ce chef-d'oeuvre universel.
« Et le divin Ulysse émergea des broussailles. Sa forte main cassa dans la dense verdure un rameau bien feuillu qu'il donnerait pour voile à sa virilité. Puis il sortit du bois. Tel un lion des monts, qui compte sur sa force, s'en va, les yeux en feu, par la pluie et le vent, se jeter sur les boeufs et les moutons, ou court forcer les daims sauvages ; c'est le ventre qui parle. Tel, en sa nudité, Ulysse s'avançait vers ces filles bouclées : le besoin le poussait... Quand l'horreur de ce corps tout gâté par la mer leur apparut, ce fut une fuite éperdue jusqu'aux franges des grèves. Il ne resta que la fille d'Alkinoos : Athéna lui mettait dans le coeur cette audace et ne permettait pas à ses membres la peur. Debout, elle fit tête... »
Une longue complicité unit Max et Martin, deux associés marchands d'art. En 1932, Martin retourne
Il était une fois un monde où la liberté n'existait pas, où chacun était sous le contrôle de tous, et surtout d'un seul : le Grand Frère.
Il était une fois un monde où la vérité répondait aux intérêts de quelques-uns. Où le passé était réécrit selon les besoins du présent. Où le principe de non-contradiction n'avait plus cours. Ce qui était faux hier est vrai aujourd'hui. 2 + 2 = 5.
Dans ce monde, ni nos rêves ni nos désirs ne nous appartiennent plus. « Ils ne peuvent pas entrer dans notre tête », se dit le héros. L'histoire montera que si, ils le peuvent.
Mil neuf cent quatre-vingt-quatre est le récit de la résistance d'un homme ordinaire face à une machine de mort indestructible. Paru en 1949, le roman est une satire des totalitarismes, déguisée en une farce tragique, d'une glaçante actualité. Par son pouvoir de prémonition, Mil neuf cent quatre-vingt-quatre est de ces chefs-d'oeuvre qui nous marquent à jamais.
Écrit sous un pseudonyme masculin, paru en 1847, Hurlevent est le premier et le seul roman d'Emily Brontë, qui mourra un an plus tard. Ce livre aux péripéties violentes, qui fit scandale et fascina des générations d'écrivains - de Virginia Woolf à Patti Smith, en passant par Georges Bataille -, raconte l'histoire d'un amour maudit, dont l'échec pèse sur toute une famille et sur deux générations, jusqu'à l'apaisement final.
«Emily était pareille à un petit volcan qui, endormi, aurait pourtant bouillonné sans arrêt et aurait craché sa lave dans les mots et les actions des personnages qu'elle avait choisis. [.] Son esprit sans entrave n'a pas créé un monde propret. En écrivant Hurlevent, elle n'a pas offert ce que les gens souhaitaient : elle a offert ce qu'elle avait.» Patti Smith.
Féru de littérature épique, Alonso Quixada se proclame « Chevalier Don Quichotte ». Pour vérifier si les romans de chevalerie disent vrai, le voilà parti en quête d'exploits, affublé d'une armure rouillée, d'un piètre destrier et de Sancho Panza, son fidèle écuyer. Dans sa frénésie, il prend les auberges pour des châteaux, les moulins à vent pour des géants et les paysannes pour de nobles dames...
Avec Don Quichotte de la Manche (publié ici dans une nouvelle traduction), Miguel de Cervantes (1547-1616) a inventé le roman moderne.
Si tu veux que la gloire et les succès t'accompagnent, ne perds jamais de vue la doctrine, le commandement, la discipline, la prévoyance. Car celui qui excelle à résoudre les difficultés le fait avant qu'elles ne surviennent ; celui qui maîtrise autant l'approche directe et indirecte que la ruse triomphera. Voilà l'art de l'affrontement.
Connais-toi toi-même et connais ton ennemi, ta victoire ne sera jamais mise en danger. Connais le terrain, connais le temps, ta victoire sera alors totale.
Traduit du chinois par le père Amiot
« Tu tires des récits de tes vices, tu rêves des doubles pour tes démons » : c'est ainsi que Nathan Zuckerman, la créature de papier de Philip Roth, décrit son entreprise d'écriture dans La Leçon d'anatomie. Apparu sous la plume de l'écrivain Peter Tarnopol dans Ma vie d'homme (1974), ce double assumé du fictif Tarnopol et de Roth, lequel les invente tous deux en vertu d'un processus de création fait de reflets et de répliques, prend pour ainsi dire vie dans le premier cycle romanesque qui lui est consacré, Zuckerman enchaîné.
Cette série de romans - une trilogie et son épilogue - offre à Roth l'occasion d'exposer les métamorphoses de la subjectivité. Elle met en scène quatre moments-clefs de la carrière de Zuckerman : la relation de l'aspirant écrivain avec son mentor (L'Écrivain fantôme, 1979) ; le romancier devenu une célébrité et la victime de son succès (Zuckerman délivré, 1981) ; l'homme souffrant de douleurs mystérieuses en pleine crise de la quarantaine, rattrapé à la fois par la complexité de sa vie amoureuse et sexuelle et par la mort de ses parents (La Leçon d'anatomie, 1983) ; l'homme de lettres privilégié face aux intellectuels de l'Europe de l'Est communiste (L'Orgie de Prague, 1985).
On retrouvera Zuckerman dans La Contrevie (1986), un « labyrinthe de miroirs » (Philippe Jaworski), et un chef-d'oeuvre de virtuosité, qui est en quelque sorte la réponse de Roth au postmodernisme américain incarné notamment par Thomas Pynchon. Un brouillon donne à penser que le roman aurait pu être intitulé Tu dois changer ta vie ; « Tout peut arriver, et c'est précisément ce qui arrive : tout. » Pendant la période de création couverte par ce volume, Roth explore la frontière poreuse entre réalité et fiction. S'il occupe le devant de la scène jusqu'en 1986, Zuckerman n'est pas l'unique alter ego de l'auteur. Émerge en effet un nouveau personnage (de fiction ?) nommé Philip ou Philip Roth. Il dialogue avec Zuckerman dans Les Faits (1988), sous-titré « Autobiographie d'un romancier » ; avec des femmes dans Tromperie (1990), roman tout entier construit en dialogues - « la bande-son d'un roman sans images », selon Ph. Jaworski -, tandis que Patrimoine (1991), récit de la maladie et de la mort du père (non plus celui de Zuckerman, celui de Roth), est présenté comme « Une histoire vraie ».
Les faits seraient-ils enfin débarrassés de leur gangue de fiction ? À la fin de la lettre que le Roth des Faits écrit à son lecteur Zuckerman, il admet que les « faits » sont en réalité des souvenirs déjà retravaillés. Ses expériences personnelles et son passé ne prennent forme et sens qu'une fois racontés. Et c'est à un personnage de fiction, l'inévitable Zuckerman donc, que Roth confie le soin de porter un jugement sur son manuscrit « autobiographique ». L'autobiographie est sans doute « le genre le plus manipulateur dans toute la littérature », estime Zuckerman. C'est le moins que l'on puisse dire. Toute tentative de figer la frontière entre réalité et fiction est ici vouée à l'échec.
1605 - 1615 : dix ans séparent la publication des deux tomes de Don Quichotte. Entre temps, Cervantes a fait du Chevalier à la triste figure un homme bien réel, fou à ses heures, sage dès qu'on ne lui parle pas de chevaliers... Aux yeux des personnages qu'il croise chemin faisant - et qui ont lu le récit de ses aventures ! -, il est désormais devenu un héros de roman. A la lucidité critique de l'humaniste se surimpose l'imagination débridée de l'écrivain.
Avec Don Quichotte de la Manche (publié ici dans une nouvelle traduction), Miguel de Cervantes (1547-1616) a inventé le roman moderne.
L'immense succès de Jane Eyre (1847) fait de Charlotte Brontë une romancière reconnue. L'élaboration de son nouveau roman sera douloureuse : en l'espace de huit mois, Branwell, Emily et Anne disparaissent, faisant d'elle la seule survivante d'une exceptionnelle fratrie d'écrivains. Shirley paraît en 1849. En toile de fond, la lutte des ouvriers du textile contre la mécanisation. Au premier plan, deux héroïnes se disputant l'attention de Robert Moore : une héritière cultivée et fougueuse, et une orpheline douce et timide ; la première est inspirée d'Emily, la seconde d'Anne. L'ouvrage voit resurgir les héros des oeuvres de jeunesse (Napoléon, Nelson, Wellington), oeuvres dont on ne dira jamais assez l'importance. Il propose de magnifiques portraits de femmes cherchant leur place dans une Angleterre patriarcale.
Pour Villette, qui suit en 1853, Charlotte fait appel aux souvenirs de son séjour à Bruxelles en 1842-1843. Élève puis professeur dans un pensionnat, elle avait été séduite (intellectuellement) par Constantin Heger, qui donnait des cours de rhétorique dans l'établissement tenu par son épouse. Elle transpose cette expérience dans le personnage de Lucy Snowe, qui s'éprend d'un confrère revêche. Certains contemporains ont jugé « pervers » l'humour de la romancière, mais le ton caustique et l'extraordinaire vivacité de la langue font aujourd'hui le charme du livre, où se mêlent réalisme et gothique - un gothique d'artifice, décalé. Aussi important que méconnu, Villette, qui fait la part belle aux non-dits et aux ellipses, et dont le dénouement est laissé à l'interprétation du lecteur, est un grand livre à la modernité troublante.
Ils ne sont pas légion, les écrivains auteurs d'un livre devenu plus célèbre qu'eux, si célèbre, à vrai dire, qu'il rayonne bien au-delà du cercle de ses lecteurs et touche des personnes qui, sans jamais l'avoir ouvert, en connaissent la trame et en utilisent les mots-clefs. De ce club fermé d'écrivains George Orwell est, aux côtés de Swift (qu'il a lu de près), un membre éminent. Le regard porté sur son oeuvre en a été profondément modifié. Ses deux derniers romans, La Ferme des animaux et plus encore Mil neuf cent quatre-vingt-quatre, ont en quelque sorte requalifié ses écrits antérieurs, hissant leur auteur au rang de classique anglais du XXe siècle, sans pour autant mettre fi n aux débats: l'éventail des jugements portés sur Orwell demeure grand ouvert, et il va du dédain à l'idolâtrie.
Sans tomber dans aucune de ces extrémités, il faut reconnaître la cohérence de l'oeuvre, tout entière fondée sur une ambition : « faire de l'écriture politique un art véritable ». « Un homme à la colère généreuse », « une intelligence libre », « le genre que haïssent également toutes les orthodoxies malodorantes qui s'affrontent aujourd'hui pour la possession de nos âmes » : ces traits empruntés à son portrait de Dickens dessinent l'autoportrait d'Orwell. Dans ses articles, ses essais, ses récits-reportages, ses romans mêmes, celui-ci fait partager ses convictions et ses refus. Ses écrits se nourrissent de ses engagements personnels, de sa démission d'un poste de fonctionnaire de la Police impériale des Indes (En Birmanie), de son intérêt pour la condition des indigents des deux côtés de la Manche (Dans la dèche à Paris et à Londres) ou pour le sort des mineurs du Yorkshire (Wigan Pier au bout du chemin), de son séjour dans l'Espagne en guerre (Hommage à la Catalogne) et de sa guérilla incessante contre les mensonges et les crimes staliniens. Mais ce sont donc ses deux derniers romans qui ont fait sa gloire ; l'allégorie animalière et la dystopie déguisée en farce tragique forment une sorte de diptyque dont la cible est la barbarie du totalitarisme.
Il reste que Mil neuf cent quatre-vingt-quatre occupe une place à part parmi les dystopies, si tant est que le livre ait réellement à voir avec ce genre. C'est que la puissance des scènes et des images inventées par Orwell demeure sans égale, qu'il s'agisse de l'affiche géante du Grand Frère, de l'oeil toujours ouvert du télécran, des minutes de Haine, et surtout, et avant toute chose, de cette langue, le néoparle (newspeak), créée pour éradiquer les pensées « hérétiques », autant dire toute pensée. Elle est véritablement au coeur du roman, et au centre des enjeux de sa traduction française. Comme tous les textes inscrits au sommaire de ce volume, Mil neuf cent quatre-vingt-quatre est proposé ici dans une nouvelle version, fidèle au style à la fois vif et rugueux de son auteur. L'ensemble, tous genres confondus, se lit comme l'almanach d'un quart de siècle de bruit et de fureur rédigé par un écrivain qui a toujours considéré qu'il n'existe pas de réalité sans observateur.
George Eliot, de son vrai nom Mary Ann Evans, est l'une des figures dominantes de la littérature anglaise du XIX? siècle. Politiquement «radicale», passionnée de problèmes philosophiques et sociaux, vivant en union libre avec un homme marié, George Eliot incarne aussi le premier refus de la condition «surnuméraire» de la femme et de tous les tabous de la société victorienne. Histoire d'un tisserand, d'un «coeur simple» qui meurt et renaît à l'amour, Silas Marner nous introduit au coeur le plus profond, savoureux et sensible, de l'Angleterre rustique, avec ses commères, ses auberges, ses libertins de village et ses illuminés.
Peut-on être sérieux et drôle à la fois ? Quelle « substantifique moelle » se cache sous la fantaisie des apparences ? Publié en 1534, Gargantua, qui narre la vie « très horrifique » d'un géant né par l'oreille de sa mère et inventeur du torchecul, est aussitôt interdit. Mais, par-delà la satire, le récit se colore d'humanisme : quelles méthodes d'enseignement adopter pour former l'habile homme ? Quelles doivent être les vertus du prince chrétien, en particulier en temps de guerre ? Puisé aux bonnes sources, le savoir est une gourmandise, tandis que les appétits guerriers, rendus vils et grotesques, sont balayés par une fin utopique.
Si rire est encore « le propre de l'homme », la langue du XVIe siècle ne nous est plus familière. La présente édition accompagne le texte de Rabelais d'une translation en français moderne, afin que tout lecteur puisse s'y plonger avec l'agilité de Gargantua quand il « nageait en eau profonde, à l'endroit, à l'envers, de côté, de tout le corps, des seuls pieds, une main en l'air tenant un livre».
Dossier 1. Utopies et perfections de l'éducation humaniste 2. Idéaux humanistes sur la guerre et la paix
Quand il commence Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche a déjà une importante oeuvre critique derrière lui. Ce travail d'examen des valeurs culturelles ne constitue cependant qu'un aspect de sa mission de philosophe. Il sait aussi qu'une oeuvre affirmative doit suivre. Ainsi naît la figure de Zarathoustra, double grandiose de son auteur, porte-parole des vertus qu'il entend exalter.
Livre « à part », comme son auteur le nomma lui-même. Livre où apparaissent pour la première fois des thèmes comme la volonté de puissance ou le surhomme. Ces idées, diversement comprises, et quelquefois à contresens, comptent au nombre de celles qui ont le plus fortement marqué la pensée de notre siècle.
La ville de Thèbes est ravagée par la peste. Son souverain, oedipe, mène l'enquête. Il découvre que l'homme qu'il a tué jadis, Laïos, était son père, et qu'il a épousé sa propre mère, Jocaste, dont il a eu quatre enfants. Elle se suicide, il se crève les yeux et s'exile.
Une des plus belles tragédies de l'Histoire, modèle de l'enquête policière et de son suspens, de la peinture de la destruction de soi, et des relations troubles qui tissent les liens familiaux, grande interrogation jetée au destin, cette pièce est à l'origine de nombreuses imitations (jusqu'à Gide et Cocteau) et de nombreux commentaires (jusqu'à Freud ou Jean-Pierre Vernant).
«Ô lumière c'est la dernière fois que je te vois, je suis né de qui je ne devais pas, je suis uni à qui je ne dois pas, j'ai tué qui je n'aurais pas dû.» oedipe roi, IIIe épisode.
De la naissance à la mort d'Arthur.
De son mariage avec Guenièvre.
à la trahison de son ami Lancelot.
De la mort de son père Uther Pendragon.
à son éducation par Merlin.
De l'union de la Table Ronde.
à la quête du Graal.
Ce livre est leur histoire.
Unique traduction intégrale en français du classique de la littérature anglaise Le Roman du roi Arthur et de ses chevaliers de la Table ronde.