Qu'on soit enfant ou adulte, on n'arrête pas de nous demander d'obéir. Alors, pour quoi, en vue de quoi ? Quand est-ce qu'obéir nous sauve, et quand est-ce qu'obéir nous piège ? Quand est-ce qu'obéir nous préserve du pire... ou nous prive du meilleur ? Nous donne de l'espace ou nous immobilise ? Comment s'opère le glissement entre le fait d'être contraints d'obéir (dans les espaces carrément disciplinaires) et celui d'être libres d'obéir (dans les espaces qui sont les nôtres, les espaces « normaux » du commerce et de la communication) ? De fil en aiguille, Georges Didi-Huberman, dans cette Petite conférence lumineuse, en arrive à cet avertissement philosophique (qu'il faudra tenter de justifier, bien sûr) : ne vous précipitez pas sur les « promotions », elles sont des ordres déguisés !
Beaucoup de ceux qui connaissent les animaux pensent qu'ils écrivent, à leur manière... Ils se parlent entre eux et avec d'autres. Les chiens laissent des messages pour les autres chiens sur les arbres et les réverbères, les chats le font aussi, ils disent quantité de choses dans les odeurs qu'ils laissent un peu partout. Ainsi le font également les loups, les sangliers, les poulpes avec leur encre, les chèvres des montagnes, les fourmis... Tous laissent des traces, des marques, des signatures, et chaque animal apprend à les lire. Bien sûr, les rats écrivent aussi. Et si nous imaginions qu'un jour nous aussi serons capables de les lire ? Un texte formidable, passionnant, étonnant, par la grande philosophe Vinciane Despret.
Lorsque nous nous promenons au coeur d'une forêt « sauvage », l'oreille attentive, l'une des premières constatations que nous faisons, c'est qu'elle est habitée par une grande diversité de sons : chants d'oiseaux, cliquetis et vrombissements d'insectes, polyphonies d'amphibiens, murmures aquatiques....Qu'est-ce qui peut expliquer cette diversité ? Pourquoi les animaux chantent-ils ? Est-il abusif de les qualifier de musiciens? Les bruits des hommes ont-ils vraiment un impact sur la vie sauvage ? L'érosion de la biodiversité et les changements climatiques ont-ils modifié l'univers sonore de la forêt ?
Pourquoi nos très lointains ancêtres ont-ils déposé leurs pensées dans des grottes et, afin de mieux les voir, ont-ils inventé le dessin ? Et pourquoi les animaux les fascinaient-ils autant ? Serait-ce qu'ils étaient des dieux, ou des hommes plus puissants de posséder de tels corps, capables de courir si vite et même de voler ? Lorsque l'on parle de l'art de la préhistoire, on pense aussitôt aux grottes de Lascaux ou de Chauvet. Il en est d'autres, merveilleuses, en Afrique australe, en Namibie et au Zimbabwe, en Afrique du Sud et au Botswana. Leurs auteurs en étaient les San, premiers habitants de cette vaste région du monde, chasseurs-cueilleurs nomades qui ont peint ou gravé sur la roche de leurs abris la faune qui partageait leur vie. Venez les rencontrer en images.
L'infini : une notion qui peut être religieuse, mathématique, physique et, bien sûr, philosophique. Depuis très longtemps, une discussion s'impose : l'homme est fini, puisqu'il meurt, alors comment un être fini peut-il comprendre ce qui est infini ? Alain Badiou donne deux définitions du fini : comme limite dans l'espace et comme terme dans le temps. La vie humaine a un terme dans le temps et une limite dans l'espace. L'infini, quant à lui, est « le contraire de la mort » , c'est-à-dire ce qu'il ne connaît pas de terme dans le temps et n'a pas de limite dans l'espace. Cette Petite conférence commence par une analyse linguistique, puis traite de la mort, des mathématiques, de l'univers, de l'art... et se termine par des considérations sur le bonheur, et sur l'être humain, qui possède la propriété d'être fini et infini.
Dans cette petite conférence très vivante et pleine de fantaisie, Pierre Judet de La Combe présente deux personnalités bien différentes.
Deux héros, deux destins, deux manières d'être, de vivre. Le premier est en colère, affronte ses ennemis, bouscule les dieux, les hommes et gagne.
Sans méfiance aucune, il aime passionnément ses amis, souffre pour eux, et laisse un souvenir lumineux, mais il meurt. L'autre ruse, fuit, invente mille tours, se méfie de tout le monde, s'échappe toujours et parvient à revenir chez lui, mais à quel prix ? Faut-il choisir entre ces deux voies ?
Une formidable réflexion sur ce que dit de nous la mythologie.
Partout dans le monde, nous voyons les lieux et les êtres qui les peuplent en fonction des habitudes reçues de notre éducation, des paysages auxquels nous sommes accoutumés et des manières de vivre qui nous sont familières depuis l'enfance Cette diversité est sans doute un gage de richesse, mais elle rend la coexistence plus difficile des peuples différents par leurs langues, leurs coutumes, les milieux qu'ils occupent et la façon de les percevoir vivent ils dans un monde commun et peuvent ils se comprendre
L'Europe, depuis 1945, avait exporté ses guerres. Elle importe aujourd'hui une épidémie qui sème la confusion. Le coronavirus, produit de la mondialisation, déclenche une mécanique de forces techniques, économiques, dominatrices et du même coup remet en question le modèle de croissance. Cette crise sanitaire provient de nos conditions de vie, d'alimentation et d'intoxication. Ce qui était « divin » est devenu humain - trop humain comme dit Nietzsche. La loupe virale grossit les traits de nos contradictions et de nos limites. C'est un principe de réel qui cogne à notre porte. La mort, que nous avions exportée avec les guerres, elle que nous pensions confinée à quelques autres virus et aux cancers, la voilà qui nous guette au coin de la rue. Nous nous découvrons humains, mais sûrement ni surhumains ni transhumains. Trop humains ? Ou bien ne faut-il pas comprendre qu'on ne peut jamais l'être trop ? Une puissante et salutaire réflexion du plus grand philosophe français.
Chacun naît dans la ou les langues qu'on parle autour de lui. Mais qu'est-ce qu'une langue maternelle ? Et qu'arrive-t-il quand on en apprend une autre ?
Si chaque langue dessine un monde, qu'est-ce qui se dessine quand on en parle plusieurs ? Passer d'une langue à l'autre, en apprenant, en traduisant, c'est s'aventurer dans une autre manière de faire passer le sens. Toutes ces manières, quand on les frotte les unes aux autres, s'enrichissent : on comprend mieux ce que l'on essaie de dire quand on sait que cela se dit autrement, dans une autre langue, avec des mots qui ne disent peut-être pas tout à fait la même chose. Un texte fort et passionnant, par la récente académicienne.
Notre existence n'est elle qu'une petite lumière au coeur de l'obscurité ? Il ne va pas de soi de penser que l'enfant - et tout être humain donc - vienne du néant, du rien. Socrate enseigne que la vérité est déjà en lui. Les sages du Talmud font baigner l'enfant à naître dans la lumière originelle. Pour ces pensées, pourtant très différentes, l'âme humaine est irréductible à un pur effet de la matérialité. L'autre pôle de notre finitude - la mort - a bien davantage été pensée par les philosophes et les théologiens. Vie et mort ne sont pas deux contraires, mais deux forces, l'une de création et l'autre de décréation, elles concernent tous les champs de l'existence. Dans ce texte de réflexion puissant et lumineux, Catherine Chalier invite à penser la mort autrement. Pas seulement en constatant les effractions du mal, de la souffrance ; pas seulement non plus donc en méditant sur notre destinée ultime, que ce soit avec mélancolie, sagesse, voire espérance, mais plus simplement, de façon plus grave, en faisant en sorte que la pensée de la mort insuffle en nous une nouvelle urgence dans notre amour de la vie.
« J'ai peur que nous ayons les yeux plus grands que le ventre, et plus de curiosité, que nous n'avons de capacité : nous embrassons tout, mais nous n'étreignons que du vent. » Montaigne Étymologiquement dérivée de cura, le soin, la curiosité apparaît tantôt comme un louable désir de connaître, tantôt comme la recherche insatiable de vaines nouveautés ou de vérités hors de portée de la condition humaine.
Les auteurs rassemblés dans ce petit recueil, de Sénèque à Rousseau, en passant par Voltaire et Montaigne, oscillent en permanence entre un éloge de la bonne curiosité, celle qui mène à l'apprentissage des sciences naturelles et des sciences de l'homme, et une profonde réflexion sur les limites de la connaissance. Cet appétit de savoir, soupçonné d'être le ferment de l'orgueil et de faire oublier la priorité de la foi, doit être bridé, voire censuré parfois, pour se recentrer sur l'essentiel.
Le temps passe et nous emporte, mais il est aussi le sel de toute vie. Il y a la « flèche du temps » et la linéarité du temps comptable, mais il y a aussi quantité de chemins par lesquels le temps, au lieu de nous échapper, nous revient, et comme un bien malléable et une manne dont on peut disposer. Prendre en considération le temps, le « voir venir » et l'accueillir au lieu de l'enfourcher, ce n'est pas seulement s'opposer à sa consommation effrénée, c'est surtout inventer d'autres manières de le vivre, et de vivre tout court. Le projet à l'origine de ce livre n'est pas de donner des recettes d'emploi du temps mais de réfléchir à la possibilité d'un ralentissement généralisé, en phase avec les exigences de notre époque. Cet ouvrage collectif très original, cohérent et réjouissant, regroupe onze intellectuels connus, sous la direction de Jean-Christophe Bailly.
Dans ce livre, Marie-José Mondzain, connu pour son travail sur les Pères de l'église et les iconoclastes, remontait à la scène primitive : l'homme face aux premières images produites par sa main. Que joue cette première scène et que nous apprend-elle de notre rapport aux images ? Comme le rappelle l'auteur dans une préface inédite, il est urgent en effet de comprendre l'énergie en jeu dans ces opérations qu'il nous faut aujourd'hui sauver de la communication toute-puissante pour préserver notre vie politique au-delà du commerce des marchandises. Il nous reste à comprendre et à imaginer les opérations susceptibles de former une communauté vivante, capable de reprendre à son compte la formule de Cocteau : « Nous ne savions pas que c'était impossible, alors nous l'avons fait. »
La crise de notre modèle politique éveille le plus grand pessimisme. Face à cette peur de l'avenir, Guillaume le Blanc nous propose une hypothèse détonante, aussi ludique qu'originale : l'hypothèse Charlot.
Chaplin invente le témoin précaire de son temps, celui qui, au bord de la désintégration, parvient néanmoins à survivre. Charlot appartient à une humanité vulnérable qui déroule sous nos yeux une vie minuscule. Et pourtant, que l'on regarde Les Temps modernes, The Kid ou Le dictateur, c'est bien lui qui remet en question tous les partages sociaux entre le grand et le petit, le centre et la périphérie, le dedans et le dehors, le normal et le pathologique : faut-il vraiment vivre en travaillant ? Qu'est-ce qu'être amoureux ? Etre père ? Sommes-nous tenus d'être des citoyens patriotes ?
L'hypothèse Charlot, c'est cela : contester les normes du monde commun pour le rendre justement encore plus commun, plus partageable, pour inventer et réinventer la démocratie. N'est-ce pas la force ultime de Chaplin et de son personnage de nous éloigner du nihilisme qui semble à nouveau guetter notre époque ?
Le sourire n'a jamais été vraiment pris au sérieux comme objet de réflexion par les philosophes. Marie-Françoise Salès se demande pourquoi. Elle choisit donc d'explorer ce que notre sourire peut signifier et découvre un quelque chose échappant aux déterminismes sociaux et aux règles institutionnelles. Elle souligne la force souvent insoupçonnée du sourire : lui qui est soumis à des règles sociales strictes peut toujours être perçu comme étant la manifestation parfois inquiétante, dérangeante, mais aussi fascinante, d'un autre plan que ceux du physique et des contraintes sociales. Cette hypothèse peut bouleverser la façon dont nous considérons non seulement le sourire, mais encore l'être humain. En effet, le sourire apparaît alors comme une fenêtre ouverte sur notre humanité, dans toutes ses dimensions : naturelle et culturelle, psychologique et sociale, sensible et intellectuelle, matérielle et spirituelle. Pour Marie-Françoise Salès, la contemplation d'un sourire est peut-être l'occasion d'une mise en abîme de la pensée par elle-même. Parce qu'il révélerait l'existence d'une dimension spirituelle à l'oeuvre dans le quotidien le plus banal de nos vies humaines, voir un sourire peut signifier percevoir la pensée et son mouvement de liberté. Une formidable réflexion philosophique, profondément originale.
Dans cet entretien qu'il a accordé à un journaliste allemand, Alain Badiou revient sur son parcours, sur l'influence du contexte politique sur sa pensée, sur ses relations avec Sartre, Derrida ou Lacan, sur sa philosophie du sujet notamment, dans laquelle ce n'est pas l'infini mais la finitude qui pose problème.
C'est par l'échange autour de sa lecture de Marx qu'il en vient à discuter de l'idée du communisme, et de son actualité possible. Toute la question du rapport entre théorie et pratique se pose alors. Les années de dictature invalident-elles de fait cette idée ?
Dans un langage très accessible, Alain Badiou revient ainsi sur l'un des plus grands malentendus intellectuels du XXème siècle et sur la force de cette idée, qui porte en elle la conviction qu'un autre type d'organisation de la société est possible.
Pour Alain Cugno, la philosophie est à la fois une science de la vie et un art de la pensée. Dans ce témoignage d'une vie de philosophe et d'enseignant, l'auteur partage aussi bien les souvenirs d'enfance que le cheminement intellectuel d'un chercheur. Sur cet itinéraire, on croise évidemment Platon, Kant et saint Augustin mais aussi Proust ou Rantanplan. Les anecdotes vécues avec les étudiants ou encore les leçons reçues de la littérature donnent à Alain Cugno l'occasion d'un récit enthousiaste et joyeux sur ce que la philosophie peut susciter dans l'existence.
Combien de fois des parents ou des profs excédés lancent : « Mais tu vas obéir, à la fin ? » Obéir n'est pas spontané, le plus souvent on ne sait pas pourquoi il le faut. Et peut-être ne le faut-il pas toujours. Peut-être que la question « vas-tu obéir ? », on peut l'entendre aussi comme : vas-tu faire ce qu'on t'ordonne sans savoir pourquoi ? N'y a-t-il pas des ordres injustes ? Pourquoi peut-on parler de « désobéissance civile » ?
Désirer, qu'est-ce que c'est ? Quelle différence entre désirer, vouloir ou avoir besoin ? Jean-Luc Nancy, auteur fidèle de la collection, s'attache à percevoir comment le désir travaille en nous, et comment nous vivons avec cette force toujours à l'oeuvre, quels que soient nos âges et nos situations.
Dans ce livre clair, destiné au grand public, André Guigot montre que la révolte a des visages multiples et que c'est l'esprit qui élève la révolte en lui donnant un sens.
À l'opposé de la société du spectacle, les résistances silencieuses et nourries de la puissance de la foi (en l'homme, en la révélation ou dans la nature...) transforment lentement l'ordre des choses.
L'auteur énumère douze bonnes raisons de se révolter et pour chacune d'elle propose une réflexion pertinente, éclairante, en convoquant des révoltés célèbres pour nous servir de guides : Camus, Thoreau, Gandhi, Martin Luther King...
Pour l'auteur, il est urgent de redonner à la révolte un sens spirituel et positif, pour que les refus du racisme, de l'antisémitisme, du sexisme, de l'exploitation humaine sous toutes ses formes ne soient plus mises en avant par la violence mais par un appel renouvelé à la dignité de l'humanité.
Cet ouvrage en présente les enjeux et quelques visages, à la manière d'un hommage engagé.
L'année 2011 aura été marquée par le printemps arabe et dans son sillage, le mouvement des indignés dans de nombreux pays européens. Cette expression d'un désir de démocratie est venue comme un démenti des discours si souvent entendus de l'apathie politique dans laquelle nous aurait tous plongé la société de consommation et du spectacle.
Comment comprendre ces mouvements de contestation ? Qu'est-ce qui les distingue de la dissidence et de la participation ? Quelle démocratie désironsnous ? Quels gouvernants voulons-nous ? Autant de questions que Fabienne Brugère tente ici d'éclairer, comme un préambule à l'élection présidentielle à venir.
Plusieurs épreuves peuvent être engagées avec l'image, depuis les « devinettes » du Sphinx auxquelles répond brillamment OEdipe jusqu'à la panique télévisuelle que déclenche l'entrée en eau d'Éric Moussambani aux jeux Olympiques de Sydney. Chacune des épreuves prises en compte dans cet ouvrage implique la mise en relation de l'image et du corps. Cet ouvrage se propose de mener une enquête pour tenter de comprendre comment, pour faire-image, un corps doit s'insérer dans une nouvelle configuration du sensible, à partir d'un choix d'objets issus du théâtre, de la littérature, de la philosophie, du cinéma et de la télévision. Depuis OEdipe jusqu'aux Monty Pythons, de La Bruyère à Hrundi V. Bakshi - le héros du film The Party, de Blake Edwards -, avec les traités de Balzac, de Barbey d'Aurevilly ou de Marcel Mauss, une « épreuve de l'image » se précise dans une nouvelle transaction des corps et de l'espace, où se déploient également de nouvelles puissances des corps.
Voici la nouvelle édition de l'ouvrage que Jean-Luc Nancy a consacré à Noli me tangere, Ne me touche pas, une scène de l'évangile de Jean, où Jésus adresse à Marie-Madeleine cette parole qui annonce la résurrection et un tabou majeur de toutes les cultures, celui du toucher.
Dans une nouvelle préface, l'auteur revient sur le thème de la résurrection et sur les critiques qui lui furent formulées au nom de l'athéisme. Pourquoi en effet n'avoir pas nié toute simplement la résurrection ? Pourquoi tenter de la faire entendre d'une manière nouvelle ? La réponse de Jean-Luc Nancy éclaire ce qui anime ses écrits sur le christianisme : saisir ce qui reste encore d'impensé dans la révolution qui a inauguré l'Occident, montrer comment la vie est ainsi pensée sous le mode du sens, toujours en fuite et jamais déposé dans une signification close, comment la résurrection n'est pas affaire de retour mais d'errance.
Sans doute cette nouvelle édition de Noli me tangere sera-t-elle reçue comme une contribution majeure à la pensée du christianisme.
Dans ce livre d'entretiens, Jean-Marc Ferry, qui est aujourd'hui l'un des rares philosophes francophones à consacrer une part importante de sa réflexion à la religion et à relever le défi d'une véritable philosophie de la religion, offre une réflexion ambitieuse sur la modernité et l'avenir de nos espaces démocratiques, en lien avec la question religieuse. Il repense de manière inédite la place des religions dans le débat démocratique. Évitant les pièges du laïcisme comme ceux de la réaction religieuse, Jean-Marc Ferry s'efforce de recueillir le meilleur de la modernité et des traditions portées par les religions. Instruite et audacieuse, sa pensée sait aussi se faire concrète pour imaginer les nouvelles manières d'insérer la religion dans l'espace publique, en respectant le pluralisme. Le philosophe invite croyants et non croyants à un dialogue exigeant, qui seul peut permettre d'affronter les difficiles questions éthiques que pose la modernité tardive.
Au cours de ces entretiens, Jean-Marc Ferry invite à considérer les « Lumières de la religion », une expression malicieuse par laquelle il entend signifier que les religions ne sont pas en opposition avec la modernité et qu'elles ne sont vouées ni à disparaître ni à se radicaliser, mais qu'elles peuvent, en devenant réflexives et critiques, ouvrir une nouvelle page de leur histoire, au bénéfice de tous.