C'est par ce troisième livre, rédigé plus tardivement, que Michel de Montaigne affirme le mieux le projet de son oeuvre : se livrer tout entier à l'étude, dans la spontanéité de ses humeurs et les limites de son expérience. Une réalité mouvante au plus près de l'homme en train de se faire, et qu'il dévoile au lecteur avec une honnêteté sans fard.
Sommet d'érudition et de réflexions personnelles, ce dernier volume vient clore l'entreprise d'une vie. L'édition critique, présentée et commentée par Maurice Rat, nous rappelle l'histoire et la modernité d'un chef-d'oeuvre, considéré aujourd'hui encore comme un des fondements de notre culture occidentale.
Il y a près de deux cent quarante ans paraissait, sous le titre La Raison par alphabet, la dernière des éditions séparées du Dictionnaire philosophique qui se sont succédé depuis le lancement du "portatif" en 1764. On trouvera dans la présente édition le texte des 118 articles tel qu'il figure dans l'édition de 1769, accompagné d'un choix de variantes. Il s'agit surtout de la première édition dont l'annotation exploite les recherches menées à bien, sous la direction de Christiane Mervaud, par la dizaine de chercheurs qui ont effectué l'édition critique de ce texte publiée en 1994 dans les tomes 35 et 36 des oeuvres complètes de Voltaire (Oxford, Voltaire Foundation).
La Religion dans les limites de la simple raison (1793) appartient au programme philosophique que Kant trace dès la Critique de la raison pure (1781). La nouvelle traduction ici proposée fait paraître sa pleine inscription dans ce programme, sans rien atténuer de son évidente actualité.
Lorsqu'il établit son édition savante des OEuvres philosophiques de Descartes entre 1963 et 1973, Ferdinand Alquié entend élargir la compréhension d'une oeuvre majeure de la philosophie française. Le soin apporté à l'appareil critique, aux notes explicatives, ainsi qu'à la traduction française systématique des textes écrits en latin, apporte sur la philosophie cartésienne un regard neuf et demeure aujourd'hui encore une référence incontournable pour tout lecteur de Descartes. Ce second volume comprend Les Méditations en latin et leur traduction française, les Objections et les réponses, la seconde édition des Méditations, les Septièmes Objections et réponses, la Recherche de la vérité par la lumière naturelle, ainsi que les lettres écrites entre 1640 et 1642.
Ferdinand Alquié fut professeur à la Sorbonne et membre de l'Institut. Illustre cartésien, il contribua tout au long de sa vie à la connaissance de la pensée de Descartes par le biais d'essais, dont La Découverte métaphysique de l'homme chez Descartes (Paris, 1950), et d'une édition critique des OEuvres philosophiques (Paris, 1973). Son oeuvre monumentale fait désormais référence dans le champ philosophique français.
Denis Moreau est professeur à l'université de Nantes et membre de l'Institut. Spécialiste de la philosophie du xviie siècle et de la philosophie de la religion, il a voué plusieurs études à l'oeuvre de Descartes. Il a également dirigé le Dictionnaire des monothéismes (Paris, 2013), ainsi que de nombreuses éditions critiques de Descartes, de Malebranche et de saint Thomas d'Aquin.
L'ouvrage rassemble des partenaires de différents champs disciplinaires, philosophe, historiens de l'art, neurobiologistes, artistes, parfumeurs, qui s'interrogent sur les conditions d'émergence d'un art olfactif et sur les pratiques artistiques contemporaines fondées sur les odeurs et les parfums.
Plaidant pour la dépénalisation de l'homosexualité, H. L. A. Hart préconise, dans Le Droit, la liberté et la morale, de limiter l'action du droit pénal à la répression des actes qui nuisent à autrui. La Moralité du droit pénal dénonce la médicalisation progressive du traitement de la délinquance.
" Cette comédie fera une anecdote de théâtre dont on se souviendra toujours ; c'est la satire la plus amère, la plus sanglante, et la plus cruelle qui ait jamais pu être autorisée ", écrit Collé à la suite de la première représentation, le 2 mai 1760, de la comédie des Philosophes.
Si ce texte fait date, c'est parce que son auteur, Charles Palissot de Montenoy, porte sur le théâtre de la Comédie-Française, avec l'accord - sinon la bienveillance - des autorités de la librairie et du gouvernement, les attaques conduites contre les philosophes depuis le lancement de l'entreprise encyclopédique. Le succès de la pièce est attesté par l'ampleur de la polémique qu'elle suscite, qui se traduit par la publication, en quelques mois, d'une vingtaine de textes.
La comédie de Palissot a fait l'objet de plusieurs rééditions, mais c'est la première fois que l'on réunit l'intégralité des écrits relatifs à la querelle. L'ensemble ainsi constitué apporte un éclairage (parfois biaisé) sur la réception de la pièce, sur le débat relatif à la fonction du théâtre, mais aussi sur la diversité des formes que prend le combat idéologique, dans une période d'âpres luttes entre les philosophes et leurs adversaires.
Toute humanité est particularisée par le monde (la culture) auquel elle appartient. L'appartenance à un monde particulier - à une humanité particulière - exclurait-elle alors les signes sensibles d'une appartenance au monde de tous les hommes et à une humanité universelle?
Dans les débats classiques des XVIe et XVIIe siècles, la représentation est considérée avant tout comme une question rhétorique et psychologique, mais à la fin du xviie siècle, elle devient une question épistémologique. Cet ouvrage explore le contexte de cette transformation et ses sources.
L'affirmation de l'existence du meilleur des mondes possibles est l'une des thèses leibniziennes les plus connues et sans doute l'une des plus mal comprises. Cet ouvrage en explique le sens, montre sur quels fondements théoriques elle repose et envisage ses implications sur les plans métaphysique et moral.
Cet essai étudie deux formes extrêmes de la bêtise : celle de l'idiot et celle de l'esprit de sérieux. L'idiot est celui qui manque de sérieux. L'esprit de sérieux est pesant. La bêtise est ici étudiée en tant que phénomène : elle est décrite dans ses manières de se dévoiler. Loin de vouloir ériger une théorie de la bêtise, cet essai analyse les variantes de ce phénomène, en l'intégrant à des problématiques concrètes inspirées par des penseurs et des écrivains qui se sont risqués à son examen (Jean-Paul Sartre, Gustave Flaubert, Marcel Proust, Gilles Deleuze, etc.).
Cet ouvrage propose un aperçu des recherches cartésiennes au Japon depuis l'époque d'Edo jusqu'à aujourd'hui. Il examine en outre la manière d'articuler la philosophie de Descartes, selon la modalité d'un in-sein philosophique, avec une pensée radicalement différente.
Au premier abord, les visées et les méthodes philosophiques de Spinoza et de Sartre semblent radicalement différentes. Or, ces différences radicales se trouvent dépassées dès qu'on se penche sur une problématique commune à ces deux philosophes : la production et le maintien de la communauté libre.
L'ouvrage questionne la pensée des témoins victimes de la désappartenance génocidaire et démontre, en des considérations intranquilles sur le droit, l'histoire, la philosophie, la littérature, que leur témoignage révèle la coupure anthropologique fondamentale advenue dans l'histoire de l'humanité.
Etude de la stratégie identitaire de l'Israël antique pour construire un Etat, expliquer sa disparition quelques siècles plus tard, puis assurer, malgré la perte de son territoire historique et sa dispersion, la pérennité du Judaïsme naissant. L'étude de cette stratégie permet de mettre en évidence un processus d'ethnicisation largement original.
L'exception à la loi comme attribut de la souveraineté : ainsi s'inventerait la modernité politique, qui fait s'évanouir les règles du bon gouvernement. Son examen, jusqu'à la raison d'État, peut en effet révéler la formation de la gouvernementalité moderne.
Ce livre trace la genèse de l'État social depuis Hobbes jusqu'aux penseurs solidaristes. En passant par Locke, les physiocrates et Rousseau, l'ouvrage s'efforce de montrer comment l'État social se présente comme une alternative possible à l'atomisation d'une société façonnée par la propriété privée.
La Renaissance est un moment de reconstruction des langages savants, techniques et artistiques par le remodelage réciproque de leurs notions fondamentales. L'étude propose de montrer la contribution paradoxale des savoirs « ordinaires » à la gestation conceptuelle des sciences modernes.
Cette étude se positionne dans la lignée d'une enquête sur le bonheur chez Jean-Jacques Rousseau, qui va de Robert Mauzi à Michel Delon. Elle sonde la cohérence de ce thème récurrent, en confronte les multiples facettes disséminées dans l'oeuvre et met en lumière le surgissement chez Jean-Jacques Rousseau d'une théorie moderne de la «fiction», comprise comme matrice du bonheur. Cet ouvrage met aussi en évidence la logique spatiale inhérente à la pensée de la félicité.
Ce livre jette une lumière nouvelle sur l'empirisme d'Épicure et des épicuriens par le jeu d'une comparaison entre les méthodologies scientifiques épicurienne et médicale. C'est à partir d'une conception commune du savoir comme technè (art ou technique) que ces deux ensembles doctrinaux comprennent la nature et la source de la connaissance. L'épistémologie épicurienne apparaît comme une conception originale de la forme du discours scientifique et de l'explication causale.
Ce travail s'attache à montrer qu'il existe, chez Spinoza, une critique de l'atomisme dont les enjeux sont aussi bien théoriques que pratiques, et qui joue un rôle décisif dans la redéfinition du rapport entre les choses singulières comme un «concours» entre les «parties de la nature».
Le Fédéraliste est un classique outre-Atlantique. Rédigé durant le débat particulièrement vif pour la ratification de la Constitution fédérale des États-Unis, en 1787, il est devenu un texte de référence pour interpréter le sens de cette constitution. La Révolution américaine, initiée symboliquement en 1776 par la Déclaration d'indépendance s'y interroge sur son propre devenir. Sous le pseudonyme de Publius, Hamilton, Madison et Jay, affrontent, en politiques et en philosophes, les questions cruciales de cette période éminente.
L'interprétation spinoziste des cinquante dernières années a presque systématiquement assimilé les notions d'« aptus » et de « potentia ». Un retour philologique sur les deux notions confirme leur distinction fondamentale et produit dans le texte du xviie siècle de nombreux effets conceptuels.
Günther Anders (1902-1992) a voulu penser la situation de l'humanité après Auschwitz et Hiroshima et la possibilité de sa destruction totale. Ce volume rassemble des études sur son anthropologie, son rapport au judaïsme, ses conceptions de la morale, des catastrophes, de la guerre nucléaire.