« De quoi s'agit-il dans les Fondements de la métaphysique des moeurs et dans la Critique de la raison pratique? Du fondement du discours moral, d'un discours cohérent, absolument valable pour tous les êtres doués de raison, obligeant tout ce qui est fini et raisonnable. Il ne s'agit pas d'une morale au sens traditionnel du terme, d'un système de règles de conduite pour des situations concrètes, de prescriptions précises, d'interdictions à observer. Ce que cherche Kant, c'est exactement ce qu'indique le titre du premier de ces écrits : un fondement de la métaphysique des moeurs, non celle-ci. Des morales, l'histoire et le présent en sont remplis, sans qu'aucun des systèmes prônés puisse prétendre à une validité universelle : la morale reste à fonder ».
E. Weil, Problèmes kantiens, p. 149.
Les études réunies dans cet ouvrage datent des années 1945-50, à l'exception de la dernière.
Depuis quarante ans l'auteur n'a pas ignoré les découvertes et les révolutions conceptuelles dans les sciences biologiques. une nouvelle connaissance de la vie a été esquissée en 1966 dans les etudes d'histoire et de philosophie des sciences, aussi bien que dans le normal et le pathologique (2e partie : nouvelles réflexions . ).
Elle a été poursuivie, en 1977, par idéologie et rationalité dans l'histoire des sciences de la vie.
L'auteur n'a donc pas répugné à reconnaître l'archaïsme de certaines de ses premières positions et propositions. mais il maintient que "nouvelle connaissance" n'entraîne pas, pour le philosophe, l'abandon du projet inspirateur de la connaissance de la vie : s'interroger sur l'étonnant opportunisme de la relation des vivants avec leur milieux, sur l'originalité de cette présence au monde qu'on nomme la vie, alors même que, selon un grand biologiste français, "on n'interroge plus la vie aujourd'hui dans les laboratoires".
" la nostalgie d'une philosophie vivante a conduit de nos jours à bien des renaissances.
Nous demandons : la seule renaissance vraiment féconde ne consisterait-elle pas à ressusciter les méditations cartésiennes, non certes pour les adopter de toutes pièces, mais pour dévoiler tout d'abord la signification profonde d'un retour radical à l'ego cogito pur, et faire revivre ensuite les valeurs éternelles qui en jaillissent ? c'est du moins le chemin qui a conduit à la phénoménologie transcendantale.
Ce chemin, nous l'allons parcourir ensemble. en philosophes qui cherchent un premier point de départ et n'en possèdent pas encore, nous allons essayer de méditer à la manière cartésienne ".
Le 27 mai 1978, Michel Foucault prononce devant la Société française de Philosophie une conférence où il inscrit sa démarche dans la perspective ouverte par l'article de Kant Qu'est-ce que les Lumières? (1784), et définit la critique, de manière frappante, comme une attitude éthico-politique consistant dans l'art de n'être pas tellement gouverné. Ce volume en présente pour la première fois l'édition critique.
Il présente également la traduction d'une conférence inédite intitulée La culture de soi, prononcée à l'Université de Californie à Berkeley le 12 avril 1983. C'est le seul moment où, en définissant son travail comme une ontologie historique de nous-mêmes, Foucault établit un lien significatif entre ses réflexions sur l'Aufklärung et ses analyses de l'Antiquité gréco-romaine. Au cours du même séjour en Californie, Foucault participe aussi à trois débats publics où il est amené à revenir sur plusieurs aspects de son parcours philosophique, et dont on trouvera les textes à la suite de la conférence.
Pourquoi les êtres humains ont-ils besoin des vertus ? Telle est la question essentielle à laquelle répond Peter Geach dans cet ouvrage incisif, qui a marqué la philosophie morale depuis la seconde moitié du XXe siècle. L'éthique trouve son fondement dans la métaphysique, à travers l'examen des trois vertus théologales (foi, espérance et charité) et des quatre vertus cardinales (prudence, justice, tempérance et courage). Rejetant certains des courants dominants de la philosophie morale contemporaine, mais attentif à Aristote, Thomas d'Aquin et Schopenhauer, Geach retrouve l'éthique chrétienne des vertus, fondée sur la nature humaine et la loi naturelle. Pour les créatures que nous sommes, la meilleure vie morale et le salut de notre âme sont étroitement liés, même s'ils ne sont pas la même chose. Ce qui vaut aussi pour les relations entre la philosophie morale et la théologie philosophique : si elles sont distinctes, elles sont cependant intrinsèquement liées.
Oeuvre capitale d'Aristote, la Métaphysique rentre dans la classe des écrits destinés au public philosophique. La métaphysique ou Philosophie première, occupe le sommet de la hiérarchie des sciences théorétiques, en raison de l'absolue réalité de son objet, qui est la forme pure, immobile, éternelle et séparée.
Quelle place doit tenir une mouche dans la tête d'un philosophe?
Derrière cette étrange question se profile une virulente polémique qui opposa les philosophes du XVIIIe siècle : l'animal n'est-il qu'un automate perfectionné, ou bien serait-il un être sensible capable d'un certain type d'intelligence? Dans son Traité des animaux (1755), Condillac apporte certes de nouveaux éléments à la discussion traditionnelle sur l'âme des bêtes et s'explique sur ce qui l'oppose à Descartes ou à Buffon, mais l'animal lui sert avant tout de prétexte pour traiter de l'homme et de Dieu.
Cette édition modernisée et annotée, en format poche, propose aux étudiants et aux amateurs une redécouverte de la pensée novatrice de Condillac. Une introduction présente les données historiques, le plan du texte et quelques thèmes directeurs propres à faciliter la lecture; elle est suivie d'un dossier composé d'extraits de Buffon et des auteurs évoqués.
" si cette recherche sur la nature de l'entendement permet de découvrir ses pouvoirs (leur portée, ce à quoi ils sont plus ou moins adaptés, les cas oú ils font défaut), je crois que cette recherche peut être utile : elle permettra de maîtriser l'esprit agité de l'homme, d'être plus prudent quand il traite de choses qui excèdent sa saisie, de s'arrêter quand il est arrivé en bout de laisse et de se satisfaire d'une tranquille ignorance concernant les choses que l'examen révèle hors d'atteinte pour ses capacités.
alors, peut-être, serons-nous moins pressés, sous prétexte de connaissance universelle, de soulever des problèmes et de nous inquiéter (nous-mêmes et autrui) de débats sur des objets auxquels notre entendement n'est pas adapté, des objets dont nous ne pouvons élaborer dans notre esprit aucune perception claire ou distincte, ou dont nous n'avons absolument aucune notion (ce qui sans doute est arrivé trop souvent).
si nous pouvons découvrir jusqu'oú l'entendement peut porter son regard, jusqu'oú ses facultés lui procurent de la certitude, et dans quels cas il ne peut que juger et conjecturer, alors nous pourrons apprendre à nous contenter de ce qui nous est accessible dans l'état oú nous sommes ". john locke.
" nous voyons que toute cité est une sorte de communauté, et que toute communauté est constituée en vue d'un certain bien (car c'est en vue d'obtenir ce qui leur apparaît comme un bien que tous les hommes accomplissent toujours leurs actes) : il en résulte clairement que si toutes les communautés visent un bien déterminé, celle qui est la plus haute de toutes et englobe toutes les autres vise aussi, plus que les autres, un bien qui est le plus haut de tous.
Cette communauté est celle qui est appelée cité, c'est la communauté politique. " (aristote, la politique, 1252 a 1-7 - trad. j. tricot)
Oeuvre capitale d'Aristote, la Métaphysique rentre dans la classe des écrits destinés au public philosophique. La métaphysique ou Philosophie première, occupe le sommet de la hiérarchie des sciences théorétiques, en raison de l'absolue réalité de son objet, qui est la forme pure, immobile, éternelle et séparée.
Tandis que la tendance générale de la pensée antique et médiévale était de glorifier la guerre ou, à tout le moins, de défendre ce qu'il était alors convenu d'appeler "la juste guerre", l'idée de paix, depuis le xviie siècle, a préoccupé les esprits au point de devenir un philosophème puissant.
[... ] C'est seulement avec le XVIIe siècle que l'homme, dont le bon sens et la raison sont alors déclarés "la chose du monde la mieux partagée", comprend enfin le prix de la paix. cela ne signifie pas la disparition des guerres. Mais tandis que les ouvrages de droit ne parlent plus seulement du jus belli, mais du "droit de la guerre et de la paix", se succèdent et se multiplient les "projets de paix", d'une paix que l'on considère même généralement comme pouvant être "perpétuelle".
(S. Goyard-Fabre, Les difficultés invincibles des "projets de paix perpétuelle" in L'Année 1796, sur la paix perpétuelle, Vrin, 1998).
Best-seller en son temps, la Recherche sur le sublime et le beau d'Edmund Burke marqua le XVIIIe siècle. Il s'agissait en effet du premier texte d'esthétique, en un siècle où la discipline n'était pas encore constituée; mais il s'agissait aussi du premier texte d'un tout jeune auteur de 19 ans, où les thèses sur l'art croisent celles de notre rapport au monde et à autrui.
Témoin des goûts esthétiques de son temps, Burke définit la beauté comme ce qui est petit, lisse, délicat, de couleurs claires et brillantes, à l'image des portraits poudrés de l'époque : il livre ici un essai précieux et spirituel sur notre rapport à la beauté et à l'art. (Existe en grand format, 35 €)
Les études réunies ici témoignent de la découverte de la philosophie analytique par les philosophes français de l'après-guerre : dans les années 1950, Pierre Hadot fut en effet l'un des premiers à s'intéresser aux rapports entre logique et langage dans la pensée de Wittgenstein. Ces études pionnières sont suivies d'une lettre d'Elisabeth Anscombe à Pierre Hadot, et de la traduction d'un texte de Gottfried Gabriel sur la signification de la forme littéraire chez Wittgenstein.
La Physique d'Aristote institue le cadre, qui restera celui de la tradition scientifique européenne en dépit de toutes les évolutions et ruptures, selon lequel les transformations des corps naturels sont explicables par des régularités universellement valides, produites par des causes inhérentes à leur constitution même, sans qu'il soit nécessaire de les justifier par un ordre de réalité supérieur. Aristote y met en évidence les conditions de possibilité de tout changement, et se demande quel type d'existence il faut accorder aux choses qui semblent nécessaires pour en rendre compte, comme le temps, le lieu, l'infini, le continu et le vide. Cette pièce maîtresse de son oeuvre fait ainsi le lien entre l'ontologie générale et les sciences plus régionales telles que la cosmologie ou la biologie.
La présente traduction, profondément revisée par rapport aux éditions précédentes, cherche à serrer au plus près le texte grec tout en offrant la plus grande clarté possible à l'expression française. Elle est accompagnée de notes destinées avant tout à rendre la lecture plus accessible, mais aussi à fournir aux spécialistes une discussion approfondie des choix de traductions et d'interprétations.
Dans ces Dialogues, Hume met en scène le débat de Cléanthe, partisan du théisme expérimental, de Déméa, représentant du dogmatisme, et du sceptique Philon, sur la religion naturelle confrontée aux limites de la raison.
La présente édition présente le texte anglais en regard de la traduction et offre ainsi au lecteur un outil essentiel à la lecture du philosophe anglais.
La question du principe a-t-elle encore une actualité aujourd'hui ? Face à la profusion des principes au pluriel - principe de précaution, principe d'indétermination, principe de relativité, etc. -, le présent ouvrage retrace l' histoire thématique de la notion de principe de l'Antiquité à nos jours, en distinguantentre différents sens (cause, fondement, source..., mais aussi axiome, loi, prémisse..., ou encore maxime, norme, règle...) et en interrogeant notamment le rapport entre raison et principe. Il apparaît alors quela recherche du premier principe est une question métaphysique, pour ne pas dire la seule question métaphysique, mais aussi que le principe du tout laisse en effet de plus en plus la place au principede tout, au point qu'on peut même se demander avec Breton si la crise de notre monde n'est pas aussi une crise du principe.
L'acte de la philosophie japonaise est celui d'un évidement de soi : acte d'accueil des traditions philosophiques du monde, acte en résonance, créateur d'une terminologie, d'une logique, d'une conceptualité originales, s'alimentant aux sources d'une pensée mythique jamais tarie. Les textes présentés ici en feront sentir l'inclassable nouveauté : cette philosophie n'est ni purement shintoïste, bouddhique, chrétienne, néoconfucianiste; elle n'est ni « orientale » ni « occidentale », mais proprement japonaise.
Avec des textes de Dôgen, Izutsu Toshihiko, Motoori Norinaga, Nakae Chômin, Nishi Amane, Nishida Kitarô, Ogyû Sorai, Ômori Shôzô, Tanabe Hajime, Tosaka Jun.
Quoi de plus commun au XVIIIe siècle que des considérations sur le goût? Publié en 1741, l'essai La délicatesse du goût et de la passion présente au lecteur une sorte de miroir flatteur où il peut observer comment les pouvoirs de l'esprit opèrent dans le bon goût et dans la bonne compagnie. En comparant deux qualités proches, la délicatesse de la passion et la délicatesse du goût, Hume rappel d'une part la fonction sociale du goût, mais aussi son lien étroit avec le jugement. Car, c'est pour Hume, la tâche de la philosophie de mesurer la portée des jugements dans la vie pratique et d'en étudier les modalités.
Si la Dissertation de 1770 occupe une place particulière dans l'histoire de la pensée kantienne, ce n'est pas qu'elle anticipe sur la doctrine critique, comme on le dit souvent, mais c'est qu'elle est traversée par une tension de laquelle émergera le problème critique. Kant tente en effet d'y saisir ensemble différentes lignes de pensée constituées pendant la décennie 1760 : le problème d'un usage réel de l'entendement préservé de la contagion des connaissances sensibles; le désaccord des facultés; la conception d'un espace ni relatif ni absolu; la distinction des phénomènes et des noumènes.
Cette nouvelle traduction s'appuie sur une nouvelle édition du texte latin et est accompagnée d'une introduction et de notes qui s'attachent à retracer la genèse des problèmes et des concepts dans les Reflexionen de la décennie 1760, en particulier au regard des lectures kantiennes de Wolff, Baumgarten, Euler, Leibniz et Clarke.
Nouvelle édition établie et traduite par A. Pelletier, agrégé de philosophie et pensionnaire de la Fondation Thiers (Institut de France).
Loin du mythe et des promesses divines, l'utopie répond au désir de changement à travers la construction littéraire d'une société idéale. Dans l'utopie, aucune sorte de compétition n'existe entre les citoyens ;
De Platon à Saint-Simon, de More à Fourier, l'utopie a été la traduction de volontés réformatrices qui y ont trouvé la vision rassurante d'un avenir fondée sur un rêve, une fiction humaine, un ailleurs imaginé.
Et si la ville a toujours été au coeur de l'imaginaire utopique, il s'avère qu'au regard des défis actuels, politiques, écologiques et économiques, elle continue et continuera à être le support d'utopies dont l'enjeu n'est plus seulement de relativiser l'ordre social existant mais de redéfinir la place de l'homme et de la nature dans un environnement de plus en plus artefactuel.
Avec des commentaires de textes de Charles Fourier : Traité de l'association domestique et agricole et Jean-Jacques Wunenburger, L'utopie ou la crise de l'imaginaire.
Dans les Principia philosophiae, publiés pour la première fois en latin en 1644, Descartes expose sous une forme synthétique ce que les analyses des Méditations et du Discours avaient mis à jour, à savoir l'articulation entre les principes généraux de la connaissance humaine, les principes des sciences et ses découvertes sur la structure du monde physique. C'est dans la Lettre-préface à son traducteur français, l'abbé Picot, qu'apparaît aussi la célèbre conception de la philosophie comme une arborescence, à partir des racines métaphysiques, en un tronc de la physique puis trois branches principales que constituent la médecine, la mécanique et la morale. Filant la métaphore, Descartes vise le « dernier degré de la sagesse » comme le fruit ultime de cette croissance organique du savoir : « Or comme ce n'est pas des racines, ni du tronc des arbres, qu'on cueille les fruits, mais seulement des extrémités de leurs branches, ainsi la principale utilité de la philosophie dépend de celles de ses parties qu'on ne peut apprendre que les dernières ».
Comment le totalitarisme se distingue-t-il d'autres régimes marqués par la violence politique, tels les régimes despotiques, tyranniques ou autoritaires ? Existe-t-il une logique propre, ou des fondements propres, au totalitarisme ? Le totalitarisme est un événement inscrit dans l'histoire, par conséquent, son analyse relève le plus souvent d'études historiques ou politologiques, négligeant toutefois les principes qui l'animent. Tel n'est pas le cas de Florent Bussy qui propose - au moyen de la philosophie politique - une définition rigoureuse du phénomène totalitaire, permettant de montrer à la fois sa spécificité et son ancrage dans la modernité. Plus encore, si le totalitarisme est une pathologie de la démocratie, comme le conclut l'auteur, son analyse est aussi une interrogation à rebours sur les principes démocratiques.
Avec des textes de Hannah Arendt et de George Orwell.
Le raisonnement désigne l'objet de la logique aussi bien qu'une manière de réfléchir. Par-delà les classifications des formes syllogistiques, ce livre approche l'acte de raisonner et ses conditions logiques en les distinguant de l'association d'idées, de l'inférence et de l'application d'une règle. Après avoir examiné les manières déductive, inductive et abductive de raisonner, il définit le raisonnement comme une méthode de fixation des croyances fondée sur l'autocorrection.
Deux extraits complètent cette étude. L'analyse du raisonnement en termes de diagrammes par Charles Peirce vient préciser la nature de la déduction. Enfin, un texte de John Broome est consacré au raisonnement pratique.