"Il y eut d'abord un goût commun. Une élite raffinée et fière. Les petits-fils de la reine Victoria occupaient le trône d'Angleterre et d'Allemagne, un même derrière avait posé ses fesses sur deux chaises." Alternant ironie, portraits intimes, scènes épiques ou émouvantes, La Bataille d'Occident nous offre un récit très personnel de la Grande Guerre. Le livre débute sur un portrait de Schlieffen, le stratège allemand, passant des heures au coin du feu à lire et relire à sa fille de larges passages d'Histoire militaire, obsédé par son formidable plan d'agression contre la France, le retoquant jusqu'à sa mort. Puis c'est l'assassinat de François-Ferdinand à Sarajevo, celui de Jaurès, le front qui s'enlise sur le Chemin des Dames ; une autre guerre commence... La science s'en mêle, chlore et gaz moutarde, pilonnage en masse de la bataille de la Somme, les prisonniers français échouent dans les camps des Ardennes. Le gâchis est irrémédiable, la chair à canon n'aura servi que les intérêts financiers et politiques de décideurs sans scrupule : l'Occident est bel et bien entré dans la modernité.
Cet "Art de la guerre" revisite à sa manière historique, politique et polémique le premier conflit mondial, et met en parallèle les stratégies militaires et leurs dramatiques conséquences sur le terrain, à travers quelques journées décisives. Une vision à la fois péremptoire et brillante du sort des peuples comme simples jouets entre les mains de meneurs avides de pouvoir, de postérité ou de richesse ; et d'un présupposé ancestral qui devient ici une mécanique hallucinante...