De la peur en Amérique : l'écriture au défi du frisson

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À propos

L'émotion semble avoir retrouvé droit de cité dans le discours critique.
La peur, qu'elle soit terreur sacrée, frisson érotique, esthétique, ou angoisse du vide, traverse la littérature américaine, façonne et défait le texte et la lettre, des récits Puritains au roman contemporain. Paradoxale, la peur figure l'écriture tout en mettant en péril le processus de figuration. Défi lancé à la lettre même, qui ne peut en faire son objet sans s'en défaire, ni la défaire, la peur resurgit pourtant dans les turbulences du texte, narratives, poétiques ou figurales, au moment où l'écriture tremblait de la perdre vraiment.
Cette peur de " perdre " la peur habite la littérature de Nouvelle-Angleterre, à laquelle est consacrée la première partie: de Mary Rowlandson à Henry James. L'écriture peut-elle circonscrire la peur, la fixer dans un objet sans lequel la peur même s'abolit et menace en retour d'abolir l'écriture qui voulait la figurer ? Les textes s'interrogent, et d'arabesques gothiques en spéculations spectrales, offrent ce dilemme en partage à la jouissance des lecteurs.
Enjeu et limite de l'écriture, la peur en devient la trame inquiète, et l'infinie relance. Les articles de la deuxième partie s'attachent à débusquer l'omniprésence de la peur dans des romans et nouvelles des XXe et XXIe siècles. Que ces textes déploient les signes de la peur à la surface d'une quotidienneté familière à en devenir inquiétante, ou au contraire, qu'ils fassent remonter des profondeurs les peurs individuelles et collectives, ils procèdent tous à une interrogation ontologique, s'attachant à la question des origines et à celle non moins effrayante de la fin.
Le sens est mis à mal, tantôt par une absence totale de perspective, tantôt par une prolifération qui le déstabilise autant qu'il perturbe le lecteur. Le résultat est alors la solitude absolue du sujet face à la peur et dans un monde qui lui échappe.


Sommaire

Première partie : Pèlerins tremblants en Nouvelle-Angleterre : de la «Terreur sacrée» aux frissons fin-de-siècleCécile Roudeau - Introduction ;
Cécile Roudeau - Frissons de l'impur : La peur à la rescousse de la communauté dans la Nouvelle-Angleterre de Mary White Rowlandson ;
Thomas Constantinesco - La communauté de la peur dans les essais d'Emerson ;
Adeline Chevrier-Bosseau - « By a Mouth that cannot Speak » : l'écriture paradoxale de la peur dans les poèmes d'Emily Dickinson ;
Marc Midan - « Somewhere those things must exist » : Moby-Dick ou la terreur à l'oeuvre ;
Bruno Montfort - Théorie du frisson : désastres et figures de la peur dans quelques poèmes de Herman Melville ;
Agnès Derail-Imbert - Spéculations spectrales dans « The Jolly Corner » et The American Scene de Henry James.Deuxième partie : «Frayer avec l'effrayant » : Dire et ne pas dire la peur dans la littérature américaine contemporaineSylvie Bauer - Introduction ;
Marie Le Grix de la Salle - Entre menace obscure et peur du vide : « l'inquiétante étrangeté » des nouvelles de Raymond Carver ;
Anne Ullmo - Peur et défaillance du sens dans les oeuvres de Brian Evenson ;
Marie-Agnès Gay - Les signes de la peur dans la « trilogie Bascombe » de Richard Ford ;
Elisabeth Bouzonviller - « [U]n monde où les bouchers chantent comme des anges : spectres et silences pleins dans The Master Butchers Singing Club de Louise Erdrich ;
Anne-Laure Tissut - Jouer la peur, dans VAS : an Opera in Flatland de Steve Tomasula ;
Nathalie Cochoy - The Things They Carried de Tim O'Brien : la danse de la peur.

Rayons : Littérature > Littérature argumentative > Essai littéraire


  • Auteur(s)

    Sylvie Bauer, Cécile Roudeau, Marie-odile Salati

  • Éditeur

    Universite De Savoie

  • Distributeur

    Cid - Fmsh

  • Date de parution

    24/01/2011

  • EAN

    9782915797763

  • Disponibilité

    Disponible

  • Nombre de pages

    234 Pages

  • Longueur

    23 cm

  • Largeur

    15 cm

  • Épaisseur

    1.3 cm

  • Poids

    356 g

  • Support principal

    Grand format

Infos supplémentaires : Broché  

Cécile Roudeau

Roudeau est professeure à l'université de Paris (littérature étatsunienne au XIXe siècle).

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