Ce quatrième volume publié sur le thème de la surface en littérature et dans les arts visuels, suite à La surface (2005), Jeux de surface (2006) et La surface : accidents et altérations (2010), est consacré à la surface instable. Il a pour objet d'étudier la surface dans son instabilité, de s'engager dans un parcours toujours horizontal mais indécis, de considérer les espaces mouvants, trompeurs, les paysages fluctuants. Les domaines de spécialité des contributeurs étant variés, les quinze articles publiés offrent un large panorama des différents champs artistiques: littérature, poésie, théâtre, peinture, photographie, sculpture, architecture, vidéo, cinéma. Les surfaces instables examinées sont donc multiples. Il est cependant possible de distinguer deux grandes catégories en fonction de l'origine de l'instabilité: les surfaces dont l'instabilité est inhérente à la matière dont elles sont faites et les surfaces inventées pour créer une instabilité chez le lecteur ou le spectateur. Le premier volet de cet ouvrage présente des surfaces formées d'éléments naturels dont la consistance est intrinsèquement mouvante comme les eaux qui ondoient ou la neige qui s'étale inégalement, ou bien encore de matières malléables comme le sable, la boue ou l'asphalte, et aussi des dispositifs dont la surface n'est jamais définitivement établie comme certains plateaux de théâtre. Le deuxième volet de ce recueil concerne des surfaces observées d'un point de vue singulier et déstabilisant ou qui elles-mêmes déstabilisent la perception et/ou la compréhension du spectateur ou du lecteur. Nous constatons à nouveau, à travers les études recueillies, que la surface se révèle comme un lieu privilégié de l'expression artistique et nous voyons, dans ce dernier volume, que si l'artiste peut être déconcerté par l'instabilité des surfaces, qu'il s'agisse de celles du monde qui l'entoure ou de celles que son art privilégie, il tire toutefois parti de ce trouble pour enrichir sa perception et sa représentation du monde et des êtres qui y vivent, et il le fait au point, parfois, de provoquer lui-même l'instabilité de sa surface de prédilection soit en inventant de nouvelles formes soit en altérant la perception du lecteur ou du spectateur.
Maryline Maigron et Anne-Lise Perotto - Avant-propos
Anne-Lise Perotto - « Farewell to Old Ireland » : la traversée des eaux grises de Star of the Sea de Joseph O'Connor ;
Emmanuelle Meunier - À la surface instable des mers felliniennes ;
Sarah Bisson - La surface instable à l'origine du paysage national écossais : un paradoxe étudié dans trois romans « Jacobites » de Sir Walter Scott ;
Gérald Préher - L'instabilité de la surface : neige et glissements narratifs dans les premières oeuvres d'Ann Beattie ;
Elise Van Haesebroeck - Entre rythme et chaos, la scène du Théâtre du Radeau comme un chaosmos ;
Anaël Marion - Robert Smithson et la plasticité des surfaces dévastées ;
Sébastien Galland - Le sable, l'eau et la surface. Vertiges, flux et formes (Breton, Masson, Viola) ;
Mathilde La Cassagnère - Flush (Virginia Woolf) : de l'humain à l'animal sur les surfaces instables de l'Angleterre victorienne et de l'Italie du milieu XIXe ;
Sylvie Viglino - Le vertige du vivant ou les prodiges du verbe dans La divina foresta de Giuseppe Bonaviri ;
Sylvain Belluc - De l'aiguillage sémantique au vertige des sens : Dubliners de James Joyce ;
Lucie Lavergne - La page, surface mouvante, dans le recueil Teoria (1973) de Leopoldo Maria Panero ;
Marion Lopez-Burette - Tristram Shandy : instabilité de surface et construction identitaire ;
Anne Faure - La surface instable comme projet d'espace : Dan Graham et Rem Koolhaas ;
Ronald Shusterman - Les Surfaces Instables du Light Art?: Turrell, Eliasson, Kapoor ;
Sophie Limare - Mise en abîme de la surface instable dans les anamorphoses de Georges Rousse.